jeudi 17 décembre 2015

La prochaine guerre du réchauffement climatique : nucléaire vs énergies renouvelables?

Décidemment je n'arrive pas à décrocher, peu de temps après avoir dit que j'étais "fatigué" du thème du réchauffement climatique, voilà que je tombe sur un article intéressant sur HotWhopper et que cela m'incite à publier un article!

Le sujet n'est pas de savoir si oui ou non il y a un réchauffement climatique et si celui-ci est oui ou non provoqué par l'homme et si cela sera oui ou non néfaste si on ne fait rien pour le contrer, non le sujet porte sur les moyens de palier les énergies tirées du carbone (pétrole, gaz, charbon)

Certains, comme James Hansen, pensent que l'on devra utiliser le nucléaire, et cela le plus rapidement possible et à grande échelle, si l'on veut limiter le réchauffement de la planète afin d'éviter la catastrophe prévue.

D'autres, comme Naomi Oreskes, pensent qu'au contraire les énergies renouvelables, du moins aux USA, peuvent parfaitement prendre le relais des énergies fossiles.

Il semblerait qu'à partir d'aujourd'hui la discussion, et la "guerre" entre partisans d'une solution ou d'une autre, porterait donc sur les moyens de se débarrasser des énergies fossiles, et non plus sur la réalité du réchauffement climatique.

C'est à mon avis aller un peu vite en besogne, et je pense que si effectivement ce sujet deviendra de plus en plus d'actualité, il ne faut toutefois pas se faire trop d'illusions sur l'abandon des thèmes préférés des négateurs du réchauffement climatique qui continueront pour la plupart à prêcher pour une continuation de nos émissions de CO2.

La clique des négateurs, encore appelée les "climatosceptiques", va donc à mon avis s'enrichir et se diversifier, sachant en plus que lesdits climatosceptiques sont également en majorité des défenseurs de l'énergie nucléaire!

Et il va être intéressant de voir des personnes comme James Hansen se trouver en fait sur le même terrain d'entente que les climatosceptiques...





 

Ma pause dans le réchauffement climatique

La COP21 s'est terminée sur une note optimiste en demi-teinte.

Bien sûr ce fut un énorme succès si on la compare aux 20 précédentes COP qui n'ont abouti à rien de bien tangible.

A Paris il y a eu un accord signé par tous les pays de la planète, et ce n'est pas rien, même si cet accord laisse un goût d'inachevé.

Rien de bien contraignant, en effet, et on peut craindre que les Républicains américains auront à cœur de détricoter les promesses de leur pays quand ils en auront l'occasion.

Cependant, ils devront quand même faire attention, la société civile a montré qu'elle pouvait montrer les dents, et par ailleurs la hausse des températures ne va pas s'arrêter de sitôt, tout porte à penser qu'au contraire elle continuera sur sa lancée, avec des conséquences plus ou moins imprévisibles qu'il sera de plus en plus difficile de nier.

Cela dit mon intérêt sur la question du réchauffement climatique s'est passablement émoussé, non pas que je ne crois plus en lui, bien au contraire, mais je suis quelque peu fatigué du sujet; ce qui ne veut pas dire que je vais m'en désintéresser totalement à partir d'aujourd'hui et que je ne posterai plus aucun article, mais je vais essayer de penser "à autre chose".

Bien entendu je continuerai à m'informer sur le sujet, tant du côté scientifique que du côté pseudo-scientifique, et je ne manquerai pas d'alimenter mon bêtisier chaque  fois que je le jugerai nécessaire, afin de garder une trace des âneries proférées sur le net et pouvoir éventuellement les restituer un jour prochain où cela pourra être utile; car il est  toujours utile de confronter un âne à ses âneries quand il a oublié qu'il les avait brait.

En attendant j'ai plusieurs idées de sujets sur lesquels je pourrais papoter avec moi-même (ce blog n'est pas destiné à une audience interplanétaire)





 

lundi 7 décembre 2015

Jacques Duran, le penseur unique

Quand j'ai commencé à m'intéresser au climat, il y a quelques années maintenant de cela, le site pensée unique fut l'un des tout premiers sur lequel je sois tombé.

J'ai été très impressionné, à l'époque, par le statut du propriétaire du site, ainsi que par l'avalanche de données, liens, graphiques qu'il mettait à disposition de ses lecteurs.

Aujourd'hui j'en suis arrivé à la conclusion que Jacques Duran est, au mieux quelqu'un de déçu de ne pas avoir réussi sa carrière comme il l'aurait souhaité (pas de prix Nobel), au pire un charlatan qui passe le plus clair de ses jours de retraité à dénigrer les scientifiques dont les travaux portent sur le climat.

Je ne suis pas moi-même scientifique mais j'ai quand même un cerveau que je tente de laisser allumé quand je suis confronté à quelque chose qui dépasse mes compétences.

En la matière je ne puis réfuter scientifiquement les affirmations de Jacques Duran, tout ce que je peux faire est de lire ce que d'autres bien plus doués que moi sur ce plan ont déjà écrit, par exemple :
  • sur Info-résistance on peut lire plusieurs exemples de manipulations.
  • sur energie-crise on conseille gentiment à Jacques Duran de "retourner à son bac à sable" (en voir plus loin la signification...) 
  • sur astrosurf, un site dédié à l'astronomie amateur, on peut voir un fil de discussions sur le forum dans lequel on massacre allègrement quelques unes des affirmations ainsi que des  "références" (et il n'y en a déjà pas beaucoup) dont se prévaut Jacques Duran; il ne coûte rien d'y jeter un coup d'œil si vous pensez qu'un astronome "amateur" n'a pas beaucoup de connaissances en physique-chimie...Un seul exemple :
    • ROY SPENCERSur Pensée Unique il est décrit comme : "Roy Spencer est, sans aucun doute, une figure de proue de la climatologie américaine."On peut douter de son statut de figure de proue dans la mesure où il est créationniste et qu'il a signé une déclaration stipulant que le réchauffement climatique d'origine anthropique est négligeable car la nature est auto-régulée par dieu.
      "Earth and its ecosystems – created by God's intelligent design and infinite power and sustained by His faithful providence – are robust, resilient, self-regulating, and self-correcting". He believes that most climate change is natural in origin, the result of long-term changes in the Earth's albedo and that anthropogenic greenhouse gas emissions have caused some warming, but that its warming influence is small compared to natural, internal, chaotic fluctuations in global average cloud cover"
      Il s'avoue par ailleurs convaincu que la théroie de l'évolution est fausse, chose peu commune chez les scientifiques crédibles.
      "I finally became convinced that the theory of creation actually had a much better scientific basis than the theory of evolution, for the creation model was actually better able to explain the physical and biological complexity in the world. [...] Science has startled us with its many discoveries and advances, but it has hit a brick wall in its attempt to rid itself of the need for a creator and designer."
      http://en.wikipedia.org/wiki/Roy_Spencer_%28scientist%29

Je laisse à chacun le soin d'aller plus loin en consultant ces sites (il n'y en a que 3, j'aurais pu en mentionner bien plus) et je vais maintenant exposer ma démarche de non-scientifique afin de montrer pourquoi j'en suis venu à la conclusion que Jacques Duran ne mérite pas le peu d'attention dont il jouit (en dehors bien sûr de la communauté climatosceptique)

Il y a en toutes choses des indices qui peuvent éventuellement "parler" aux non-initiés, je vais en mentionner trois :
  • 1er indice : qui est vraiment Jacques Duran, et comment le comparer à d'autres scientifiques?
  • 2ème indice : l'enrôlement post mortem d'un prix Nobel afin de consolider son statut.
  • 3ème indice : le sérieux et la fiabilité des sources auxquelles Jacques Duran se réfère.
Il ne faut pas être sorti de Polytechnique pour se renseigner un minimum et faire preuve d'esprit critique en examinant chacun de ces trois indices.

1er indice : Qui est Jacques Duran?

On peut évidemment se fier à son propre portrait, mais si l'on est vraiment curieux le moins qu'on puisse faire est d'aller voir par exemple sur Google Scholar ce qu'il a publié  et le "poids" de ses publications.

Je vais choisir trois entrées significatives en première page (il y a en plus un homonyme qui publie en médecine...) et je ferai de même pour les autres chercheur que je désire comparer à Jacques Duran.
  1. Sands,powders and grains : 2012 – 709 citations
  2. Pattern formation in a vibrated two-dimensionalgranular layer : 1996, 74 citations
  3. Mixing of a Granular Material in a Bidimensional Rotating Drum : 1995, 125 citations
Première constatation : on serait bien en peine de trouver le moindre papier concernant de prés ou de loin le climat.
Deuxième constatation : les citations sont anémiques, seul son ouvrage Sands, powders and grains s'en sort relativement bien avec 709 citations.

Maintenant faisons le même exercice mais cette fois avec des spécialistes du climat (ma liste est certes cherry picked, j'invite donc le lecteur à faire ses recherches lui-même avec les noms qu'il aura choisis)

Références de Jean Jouzel :
  1. Climateand atmospheric history of the past 420,000 years from the Vostok ice core,Antarctica : 1999, 4911 citations (extrait : Present-day atmospheric burdens of these two important greenhouse gases seem to have been unprecedented during the past 420,000 years)
  2. High-resolution carbon dioxide concentration record650,000–800,000 years before present : 2008, 940 citations
  3. Orbital and Millennial Antarctic ClimateVariability over the Past 800,000 Years : 2007, 940 citations
Première constatation : tous les papiers de Jean Jouzel concernent le climat.
Deuxième constatation : les citations sont toutes au-dessus en nombre de celles de Jacques Duran.

 Références Michael Mann :
  1. Global-scale temperature patternsand climate forcing over the past six centuries : 1998, 1832 citations (extrait : Northern Hemisphere mean annual temperatures for three of the past eight years are warmer than any other year since (at least) ad 1400)
  2. Observed and simulated multidecadal variability inthe Northern Hemisphere : 2000, 795 citations (extrait :The analyses demonstrate a substantial agreement between the simulated and observed patterns of multidecadal variability in sea surface temperature (SST) over the North Atlantic.)
  3. Global surface temperatures over the past twomillennia : 2003; 691 citations (extrait : These reconstructions indicate that late 20th century warmth is unprecedented for at least roughly the past two millennia for the Northern Hemisphere)
Si l'on doit résumer ce premier indice portant sur Jacques Duran lui-même en tant que chercheur, on ne peut que constater que non seulement il n'est en rien compétent pour réfuter ce que les scientifiques ont bâti depuis maintenant prés de deux siècles, mais qu'en plus concernant sa propre spécialité il s'avère être un chercheur de second plan (il en faut des chercheurs de second plan, mais alors qu'ils restent à leur place...)


2ème indice : l'enrôlement malgré lui (et pour cause) de Pierre-Gilles de Gennes.

Dans la partie de son site consacrée à Paroles de grands chercheurs sur le réchauffement climatique Jacques Duran évoque Pierre-Gilles de Gennes et lui fait dire :
  • "Les problèmes d'environnement sont souvent gérés par des spécialistes des "simulations", c'est à dire des gens dont la compétence est davantage dans l'ordinateur que dans les données scientifiques. A partir d'un gros ordinateur, on produit des prédictions qui paraissent respectables, même si les données sont insuffisantes. Voilà l'une des grandes plaies de notre époque. Le malheur, c'est que beaucoup de gens croient encore que l'ordinateur dit vrai et prédit l'inévitable (le même type de croyance a existé au XIXème siècle à l'égard du texte imprimé). Le simulateur informaticien est crédible puisque sa machine possède une puissance et une rapidité de calcul dont aucun cerveau humain ne serait capable. Le pouvoir ronflant des chiffres plus le pouvoir de l'image : de quoi entretenir dans l'opinion une mentalité magique pré-rationnelle."
En rajoutant juste après "Ce texte se passe de commentaire..."

Au contraire, ce texte exige un commentaire, celui de préciser qu'il est extrait du livre "Les objets fragiles" paru chez Plon en 1994, oui en 1994, soit il il a plus de vingt ans!
Malheureusement Pierre-Gilles de Gennes est décédé quelques temps après, en 2007, non sans avoir un an auparavant déclaré dans une tribune coécrite avec George Charpak dans Le Figaro :
  • La concentration des gaz à effet de serre dans l'atmosphère de notre planète atteint aujourd'hui un niveau supérieur à tout ce qu'elle a connu depuis plus d'un demi-million d'années. Démarrée au début de l'ère industrielle, vers les années 1880, cette hausse est essentiellement due à l'accumulation des émissions croissantes de gaz carbonique et de méthane résultant de l'acti­vité humaine. Si nous ne faisons rien, cette hausse va se poursuivre.En très grande majorité les experts qui observent et étudient ces phénomènes sont formels : sauf à réduire les émissions, notamment celles de gaz carbonique, d'un facteur au moins égal à 2, notre globe verra sa température moyenne augmenter de plusieurs degrés au cours du présent siècle. Une telle augmentation de température, comparable en ordre de grandeur à celles qui ont suivi les périodes glaciaires, mais qui se produira de façon beaucoup plus rapide, aura des conséquences majeures sur le climat. Les conséquences qui en résulteraient sur notre santé, la végétation et les productions agricoles, le niveau des mers, les espèces vivantes, etc. sont évidemment plus difficiles à cerner, mais nul ne peut exclure que des évolutions irréversibles catastrophiques, allant jusqu'à mettre en cause les conditions de vie de l'espèce humaine, puissent se produire. Qu'attendons-nous pour agir face au réchauffement climatique qui nous menace ? Il nous faut limiter les émissions de gaz à effet de serre par tous les moyens à notre disposition.
    Si des économies d'énergie importantes sont possibles et souhaitables dans les pays développés, il est impossible d'exiger des efforts similaires de la part des pays en voie de développement. Sauf récession économique catastrophique, la consommation énergétique mondiale va continuer à croître. Il est donc capital de mettre en œuvre, chaque fois que cela est possible, des techniques de production d'énergie ne faisant pas appel aux combustibles fossiles. De telles techniques existent dans le domaine de la production d'électricité pour les réseaux centralisés : énergie nucléaire, hydroélectricité, éolien. Le solaire photovoltaïque est particulièrement bien adapté aux sites isolés et aux pays dont le réseau de distribution électrique est peu développé. Le solaire thermique, la géothermie, la biomasse bien gérée, les pompes à chaleur doivent prendre davantage de place pour le chauffage des locaux et la production d'eau chaude. Les transports demeureront encore longtemps les plus tributaires des combustibles fossiles ; il n'en est que plus important de rechercher d'autres solutions : développement des transports en commun, véhicules électriques, utilisation de l'hydrogène produit par électrolyse ou décomposition thermochimique de l'eau.
    Face aux grands pays en émergence qui vont, par nécessité et comme nous l'avons fait au cours des deux siècles passés, fonder leur développement sur le charbon, le gaz et le pétrole, et donc (sauf aboutissement suffisamment rapide des études en cours sur la séquestration du gaz carbonique) voir croître leurs rejets de gaz carbonique, les pays développés doivent démontrer que la limitation des émissions de gaz à effet de serre grâce aux technologies modernes est possible, sans handicap économique majeur et sans diminution de qualité de vie. La France (qui, grâce au nucléaire, a déjà une position enviée, avec des émissions de 6 tonnes de gaz carbonique par tête et par an, contre 10 en Allemagne et 20 aux États-Unis) doit continuer à montrer l'exemple.
    Il est temps que les Français se convainquent que l'objet du débat énergétique n'est pas de savoir s'il faut ou non « sortir du nucléaire » (un nucléaire qui, maîtrisé comme il l'est dans nos pays, ne présente que des risques minimes comparés à ceux des gaz à effet de serre), mais plutôt de savoir comment « limiter le plus possible ces combustibles fossiles qui menacent notre climat » (et non pas « sortir des combustibles fossiles », car ce serait totalement irréaliste). Nous appelons nos concitoyens et nos dirigeants à engager une politique volontariste et décidée, à la fois d'économies d'énergie et de développement de l'énergie nucléaire et des énergies renouvelables. Une telle politique est la seule qui puisse raisonnablement garantir à notre génération et aux générations futures le maintien de conditions climatiques acceptables et prévisibles.
Pierre-Gilles de Gennes était donc non pas, comme Jacques Duran essaie de nous le faire croire, un climatosceptique comme lui, mais aujourd'hui il se rangerait sans aucun doute du côté de la science que l'on appelle mainstream et désavouerait son ancien collaborateur.

Pour enfoncer le clou si besoin était, Pierre-Gilles de Gennes était signataire du Manifeste Sauvons le climat, avec entre autres Georges Charpak ou Jean-Marc Jancovici.

Quant au fumeux Appel de Heidelberg que Pierre-Gilles de Gennes aurait signé, voici un article de StéphaneFoucart du Monde expliquant ce qu'il faut en penser.

On peut raisonnablement penser que si Jacques Duran a enrôlé Pierre-Gilles de Gennes malgré lui, il l'a probablement fait avec d'autres personnes; et une des caractéristiques des climatosceptiques est de choisir dans les écrits d'un chercheur ce qui peut éventuellement aller dans le sens du climatoscepticisme, tout en passant sous silence tout le reste; nous en avons une parfaite démonstration ici.

 
3ème indice : les sources de Jacques Duran.

Sur son site Jacques Duran mentionne ses sources.

Il admet "je ne prétends pas du tout à l’impartialité", on ne saurait mieux dire...

Et il enchaine "A mon avis, un blog digne de ce nom ne peut et ne doit prétendre à une totale objectivité des sources d’informations."

Ah bon? Donc Jacques Duran reconnaît lui-même qu'il n'est pas objectif, intéressant ça...

Mais il y a mieux quand il écrit "Evidemment, comme vous vous en doutez, je sélectionnerai tout particulièrement ceux qui démentent la Pensée Unique, pour rester dans l’esprit de ce site"!

Pour Jacques Duran ce qu'il appelle la pensée unique n'est rien d'autre que la science mainstream, c'est-à-dire la science admise par plus de 97% des scientifiques sur la planèteDonc Jacques Duran avoue clairement qu'il ne s'informera qu'auprès des 3% de scientifiques qui ne sont pas d'accord avec la science mainstream!

Ses "sources" en fait ne nous apprennent pas grand chose (hormis, comme Jacques Duran le dit, "On trouve beaucoup de choses sur le WEB : le pire et le meilleur", quelle lucidité!), plus intéressante est la page consacrée aux liens.

Jacques Duran nous informe "Voici donc une liste non exhaustive des quelques URL, pour la plupart anglophones, que je pratique couramment."

Suit une liste d'une soixantaine de sites Web dont certains valent leur pesant de cacahouètes...

Comme il n'est pas possible ici de tous les citer (60 sites que Jacques Duran "pratique couramment"...) je ne donnerai que quelques exemples significatifs :
  • Watts Up With That (alias WUWT): le site d'Anthony Watts. Ce site est très riche et très bien documenté. Il bénéficie de la collaboration active de plusieurs participants. Forum riche et intéressant. Ce site a reçu le premier prix des sites scientifiques anglophones en 2008.
    • ainsi Jacques Duran apporte du crédit à un site de pseudoscience qui passe son temps à dénigrer la moindre étude publiée sur le climat; par ailleurs, et cela en dit long sur le sérieux de l'individu, il attache de l'importance à un concours de beauté organisé dans la blogosphère dans lequel ont principalement voté les lecteurs de WUWT, c'est un peu comme si on considérait la miss camping Palavas les Flots, élue par les campeurs parmi les campeuses, comme la plus belle fille du monde...
  • The Marshall Institute (Science for better public policy) Un site soutenu par des scientifiques de renom qui traque, lui aussi, la Pensée Unique.
    • Marshall Institute, Cato Institute, Heartland Institute, tous ces organismes d'obédience néolibérale et républicaine ont été décrits dans Les marchands de doutes de Naomi Oreskes et Erik Conway.
    • Les "scientifiques de renom" auxquels Jacques Duran fait allusion sont payés pour diffuser le doute sur le réchauffement climatique, le plus connu étant Fred Singer qui se distingua pendant plusieurs décennies en niant notamment les liens entre UV-B et mélanome, entre CFC et couche d'ozone, entre tabagisme passif et cancers, et pour finir entre émissions humaines de CO2 et réchauffement de la planète...
  • The Oregon petition : Célèbre entre tous, ce site explique en détail les points scientifiques qui contredisent la thèse du réchauffement climatique provoqué par l'homme. La pétition a été signée par un très grand nombre de scientifiques (près de 20000 aujourd'hui).
    • Là c'est le bouquet, soit Jacques Duran prend ses lecteurs pour des crétins, soit...
    • Cette pétition est une véritable fumisterie, parmi les quelques 31000 signataires (Jacques Duran n'est même pas capable de tenir ses comptes à jour) seuls 39 ont une spécialisation en climatologie; le total de ceux spécialisés dans les sciences de l'atmosphère, de l'environnement et de la terre, s'élève à seulement 3805, soit 12% du total, le reste étant composé de médecins, d'ingénieurs ou d'informaticiens...
    • Pour plus d'informations sur cette fumisterie voir huffingtonpost  ou rabett ou greenfyre entre bien d'autres... 
  • Skyfall : Un blog forum . Excellent blog, bien documenté. Débat de bon niveau. Après une interruption de quelques semaines en 2010, il est de retour, à la satisfactions générale (des climato-sceptiques, j'entends. Des autres, j'en suis moins sûr).
    • "Débat de bon niveau"...Il en faut vraiment peu à Jacques Duran...
  • Le blog de Laurent Cabrol : qui vient de publier un livre "Et si la terre s'en sortait seule ?"
    • Jacques Duran qui prend ses sources auprès d'un ex-présentateur météo, cela fait-il vraiment sérieux?
  • Sur le forum zététique : Un résumé facile à lire.
    • Extrait "Le problème est que, comme lors de l'affaire de l'ozone, tout ceci ne repose sur rien de concret. . Les impératifs politiques imposent une conclusion pré-établie à la recherche scientifique, dont le prestige en sortira fatalement amoindri, et les intérêts en jeu sont tellement énormes que personne n'a vraiment envie de mettre fin à l'opération. Pourtant, il faudra bien que cela arrive un jour ou l'autre ; il suffira de quelques hivers rigoureux et quelques étés un peu frais dans l'hémisphère nord, par exemple, ou bien d'un ras-le-bol de l'industrie face à des quotas de réductions d'"émissions" irréalistes... En attendant, une décennie pourrait bien s'écouler, alors pourquoi ne pas faire comme tout le monde et en profiter bien hypocritement ?"
    • Ainsi le trou dans la couche d'ozone, pour ce site, est une "affaire" qui ne repose sur rien de concret...On peut suggérer à ce site qui se prétend zététique (bien mal nommé) de voir la littérature sur le sujet.
    • En attendant "quelques hivers rigoureux et quelques étés frais dans l'hémisphère nord", on peut constater que depuis quelque temps nous n'avons pas trop à nous plaindre...
Jacques Duran nous gratifie ensuite d'une longue liste de pétitions, dont le fumeux appel de Heidelberg déjà évoqué plus haut. Pour lui, la science avance à coup de pétitions, si possible signées par des non-spécialistes du sujet...

*****

Il ne me faut pas plus de trois indices pour en déduire qu'il y a de très fortes probabilités pour que le site de Jacques Duran soit une perte de temps pour quiconque cherche à s'informer sur le climat.

On pourrait évidemment enfoncer le clou avec la liste des livres recommandés par Jacques Duran, on y trouve notamment
  • L'idéologie du réchauffement, de Rémy Prud'homme, un professeur d'économie...
  • Climat ; J'accuse, de Christian Gérondeau qui se prend pour Zola...
  • Climat investigation de Philippe Verdier, ex-présentateur météo...
  • L'innocence du Carbone, de François Gervais, qui nie l'effet de serre...
*****

Pour terminer, parlons un peu de la "pensée unique" que Jacques Duran a cru bon d'utiliser pour nommer son site.

Encore une fois, comme pour Pierres-Gilles de Gennes qui avait été enrôlé de force dans ses troupes, Jacques Duran fait une OPA sur le concept de pensée unique sans se rendre compte en fait qu'il est lui-même un partisan de cette pensée unique!

Voyons la définition qu'en donne le site La Toupie :
  • L'expression "pensée unique" est employée avec une connotation fortement péjorative pour dénoncer le conformisme d'idées considérées comme majoritaires et incontestables, auxquelles les gouvernants et les grands médias ne confronteraient plus d'idées opposées et sur lesquelles il faut nécessairement s'aligner.
    Elle sert à dénoncer une forme de domination idéologique qui met en avant des choix économiques, des choix de société ou des choix de vie affichés comme étant des certitudes et les seuls légitimes, évitant ainsi de concevoir des alternatives. Ces certitudes sont souvent affirmées avec des arguments d'autorité, où l'on s'en remet à des experts et aux élites du pays, devant lesquels la liberté de choix et le volontarisme doivent s'incliner.
  • critiques faites à l'utilisation de l'expression "pensée unique" Devenue slogan, outil de polémique et arme rhétorique, l'expression "pensée unique" permet de renverser la charge de la preuve, évitant d'avoir à développer une argumentation cohérente et à convaincre du caractère réaliste de ce que l'on propose. Lorsque chaque camp s'accusent mutuellement de pratiquer la "pensée unique", ce qui est fréquent, on a alors affaire à une pensée de groupe pour laquelle "la pensée unique, c'est les autres".
Le plus intéressant dans cette définition est la partie dans laquelle on voit bien qu'il s'agit d'une domination idéologique mettant en avant des choix économiques...

La domination de l'idéologie capitaliste néolibérale actuellement prédominante qui freine tout changement.

Jacques Duran, et les climatosceptiques en général, font de cette pensée unique, ou pensée mainstream, un outil de polémique cherchant à éviter d'avoir à argumenter de manière cohérente.

Il s'agit d'affirmer des "vérités" à coup d'arguments d'autorité, en citant des sources "non officielles" pourvu qu'elles soient discordantes par rapport à la science mainstream.

Il s'agit de noyer le lecteur peu curieux sous un flot d'informations, de graphiques, de références, afin de lui faire croire ce que l'on veut.

Nous sommes loin, très loin, de sites dont la vocation est de diffuser la science sans la déformer ni la dénigrer, par exemple:
Comme on le voit, si l'on veut s'informer sur la science en général et le climat en particulier, il existe de très nombreuses sources bien plus objectives que des sites comme celui de Jacques Duran.

Maintenant quand il s'agit d'idéologie, il n'est pas certain que la raison l'emporte et que l'on soit prêt à reconnaître que ce que l'on prend pour la pensée unique n'est rien d'autre que la réalité.


jeudi 3 décembre 2015

L'express taille un costard aux climato-(ir)réalistes!

Dans le dernier numéro de l'Express (n° 3361) on peut lire pages 84 et 86 un article d'Eric Mettout intitulé Les climatosceptiques chauffent le Web.

C'est drôle mais j'ai comme l'impression qu'il m'a lu et a repris quelques uns de mes articles...

En fait ce n'est qu'une impression, la vérité c'est qu'Eric Mettout et moi-même avons quasiment le même regard sur les climatosceptiques, il est donc naturel que nous arrivions aux mêmes conclusions; avec la différence qu'Eric Mettout est journaliste et écrit bien mieux que moi!

Quelques extraits de son article (avec mes commentaires éventuels en italiques)

  • Philippe Verdier [...] l'ex-M. Météo de France 2 conteste le bien fondé du réchauffement climatique [...] Sa légitimité? Un master en développement durable et des années de petit écran.
J'ai déjà écrit sur Philippe Verdier ici, ici et ici. Effectivement sa légitimité est proche du néant, comme celle de nombreux climatosceptiques qui se prennent pour des coqs alors qu'ils ne sont que des poulettes capables seulement de caqueter sur le web.
  • La martyrologie, une "science" inspirée du conspirationnisme, que les climatosceptiques maîtrisent mieux que la climatologie, qu'aucun d'eux, ou presque, ne peut se prévaloir de bien connaître.
Voir mon article sur les experts, les charlatans et les idiots utiles...
  • En France [...] Claude Allègre, [...] Vincent Courtillot [...] Rémy Prud'homme [...] Christian Gerondeau [...]
Il aurait pu ajouter Jacques Duran auquel je consacrerai bientôt un article pour lui tout seul.
  • [...] Quant à Benoit Rittaud, nouvelle tête de file et dernière caution scientifique en date des "climatoréalistes" ou climato-optimistes", comme ils aiment désormais à s'appeler, il est enseignant-chercheur en mathématiques.
J'ai beaucoup écrit sur Benoit Rittaud, que je considère comme un malfaisant, notamment ici, ainsi que sur le fumeux Collectif des climatoréalistes, cette clique de bras cassés qui pense changer le cours des choses et saborder la COP21!
  • On parle plus dans les gazettes du climatosceptique Philippe Verdier que du climatologue Philippe Ciais, dont le site Carbon Brief révèle qu'il est pourtant, sur le sujet, le chercheur le plus prolifique et le plus cité par ses pairs.
Bon là je ne sais pas où Eric Mettout a vu que Carbon Brief faisait référence à Philippe Ciais, il ne donne aucune source, cependant tant le site que le chercheur mentionnés sont sérieux et aucune comparaison n'est possible avec Philippe Verdier...
  • La pétition en ligne exigeant la réintégration de Philippe Verdier a été signée par plus de 20000 personnes, dont nombre d'Américains-outre-Atlantique [...]
J'ai déjà écrit sur cette pétition, qui n'a en fait à ce jour obtenu que 19951 soutiens et non "plus de 20000" comme l'écrit Eric Mettout, mais il a évidemment raison de mentionner que "nombre d'Américains" sont venus en renfort, en provenance essentiellement du site de pseudo-science WUWT. A comparer avec la pétition de Michel de Lorgeril sur les statines qui a recueilli, elle, plus de 350000 signatures sur un véritable sujet de santé publique...
  • C'est aux Etats-Unis qu'à la fin des années 1980 apparaissent les premiers "marchands de doute" [...] En France, l'institut Turgot nait en 1990. [...] Son actuelle déléguée générale, Marie-France Suivre [...] est membre du comité d'organisation du Collectif des climatoréalistes, lancé il y a quelques semaines sur son blog par Jean-Pierre Bardinet.
Chaque fois que je le peux je fais la promotion du livre de Naomi Oreskes et Erik Conway, qui est à ma connaissance le plus clair et le plus complet guide sur le système de désinformation qui s'est mis en place après la seconde guerre mondiale et continue aujourd'hui encore à embrumer les esprits faibles (ou les faibles d'esprit); par ailleurs, ce n'est pas Jean-Pierre Bardinet qui a lancé le Collectif des climatoréalistes, il n'est en effet qu'un second couteau juste capable de faire le perroquet en copiant/collant à tout va tout ce qu'il a pu collecter comme désinformation sur le climat afin d'aller poser ses petites crottes un peu partout sur le web là où le climat est le sujet; non, le véritable initiateur est à mon avis Benoit Rittaud qui en fit l'annonce le 1er septembre sur Skyfall; Jean-Pierre Bardinet a suivi avec un temps de retard le 4 septembre sur sa propre feuille de chou.
  • Un mouvement qui se réclame du néolibéralisme.
C'est effectivement ce que je n'arrête pas de dire, malgré les dénégations d'un Benoit Rittaud qui prétend n'être mû par aucune idéologie.

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Bref nous voyons que les médias, avec quelques rares exceptions, ne se laissent pas piéger par les climatosceptiques "qu'il faudrait écouter pour ce qu'ils ont à dire parce que la science n'a pas encore statué, etc"; contrairement à ce que Raphaël Enthoven pense, la science ne se discute pas autour d'une table lors d'une émission de télé ou de radio, et encore moins dans les pages de blogs ou de livres d'opinions; la science se discute autour d'une table "virtuelle" qu'on appelle l'évaluation par les pairs comme l'explique si bien Jean-Marc Jancovici dans cet article du blog Les crises (lequel blog, par ailleurs, peut être évité pour tout ce qui touche à la géopolitique...)

Evidemment l'Express fait partie de ce que les climatosceptiques appellent les "merdias", car il est mainstream, c'est-à-dire qu'il relate, avec le plus d'honnêteté possible, ce qui lui semble être la vérité en prenant ses sources, en ce qui concerne notamment la science, auprès de la communauté scientifique elle-même mainstream, et non auprès d'individus poursuivant des buts idéologiques quand ils ne sont pas carrément politiques ou religieux.

Pour les climatosceptiques l'Express fait partie de la coalition mondiale des pastèques, verts dehors et rouges dedans, coalition dont le chef de file n'est rien d'autre que Greenpeace, qu'ils surnomment évidemment Greenpisse...

Et pour eux, Nicolas Hulot est Nhulot, et François Hollande est Normal 1er; c'est dire le niveau auquel un mathématicien maitre de conférences, qui se dit enseignant chercheur féru d'épistémologie, en est arrivé.

Mais c'est vrai que Benoit Rittaud est un habitué du site Contrepoints, dont la devise hilarante est "Le nivellement par le haut"!

Et à force de niveler on finit par creuser un grand trou si on n'y prend garde...








 

dimanche 29 novembre 2015

3 scénarios scientifiques sur le climat

Imaginons un Brad français et appelons-le Benoit pour faire simple.

Ce Benoit serait l'archétype du climatosceptique confronté à la science "officielle" (par officielle j'entends celle qui est prévalente à un moment donné, c'est-à-dire qui fait consensus parmi la quasi-totalité des scientifiques de la planète)

Maintenant imaginons 3 scénarios, qui feraient l'unanimité dans la communauté scientifique, et qui seraient les suivants:
  1. le CO2 n'a aucun effet sur les températures, lesquelles restent stables et ne posent aucun problème que ce soit à court, moyen ou long-terme.
  2. le CO2 a réellement un effet à la hausse sur les températures, mais il vient contrecarrer la variabilité naturelle du climat orientée à la baisse, entrainant de ce fait leur stabilité.
  3. le CO2, sans être contrecarré par la variabilité naturelle du climat, a réellement un effet problématique à la hausse sur les températures sur le long-terme.
Maintenant analysons la réaction de Benoit face à ces trois scénarios.

Scénario 1 - Il est prouvé, et tous les scientifiques sont d'accord là-dessus, que le CO2 d'origine humaine n'a strictement aucun effet sur les températures; seule la variabilité naturelle du climat agit, à la baisse ou à la hausse, selon des périodicités diverses totalement indépendantes de toute activité humaine.

Dans ce cas, Benoit se fiche complètement du climat et se concentre sur les sujets qui le concernent comme par exemple, au hasard, les mathématiques ou la pêche à la mouche.

Si on lui demande son avis sur les scientifiques spécialisés en climatologie, il dira qu'il a confiance en leurs travaux et leurs conclusions.

Scénario 2 - Il est prouvé, et tous les scientifiques sont d'accord là-dessus, que le CO2 d'origine humaine a réellement un effet à la hausse sur les températures, mais que sans cette hausse la terre se refroidirait à cause par exemple d'une irradiance moindre du soleil, confirmée par des chercheurs renommés comme Vincent Courtillot. Le CO2 que l'homme ajoute donc dans l'atmosphère en grandes quantités est par conséquent une bénédiction puisqu'il permet de maintenir une température agréable; l'humanité est donc vivement encouragée à produire autant de CO2 qu'elle le peut afin d'annuler l'effet à la baisse des températures causé par dame Nature.

Dans ce cas, Benoit est rassuré, il peut continuer sans états d'âmes à consommer tant qu'il veut et utiliser son 4X4 diesel là où et quand bon lui semble, personne ne viendra lui chercher des noises.

Si on lui demande son avis sur les scientifiques spécialisés en climatologie, il dira qu'il a confiance en leurs travaux et leurs conclusions.

Scénario 3 - Il est prouvé, et tous les scientifiques sont d'accord là-dessus, que le CO2 d'origine humaine a réellement un effet à la hausse sur les températures et que cette hausse n'est pas contrebalancée par aucune variation naturelle hormis occasionnellement lors d'éruptions volcaniques ou d'événements El Niño ou La Niña exceptionnels.

Les scientifiques avertissent donc les politiques (ou les politiques sont interpelés par les découvertes des scientifiques) et des solutions sont envisagées, dont la plus importante est bien entendu la diminution de la production humaine de CO2, ce qui implique des changements drastiques dans nos habitudes de consommation, comme par exemple limiter nos déplacements ou chercher des solutions alternatives moins productrices de CO2 afin de remplacer nos actuelles centrales électriques fonctionnant essentiellement au charbon.

Dans ce cas, Benoit est scandalisé, car il va devoir modifier ses comportements et arrêter d'utiliser son 4X4 diesel afin de le remplacer par une voiturette électrique; par ailleurs son idéologie libérale le rend allergique à toute intervention étatique et il rejette d'emblée la notion de toute régulation et a fortiori de toute taxation ou baisse de son niveau de vie consécutive à un renchérissement de ses approvisionnements auxquels il s'était accoutumé (il est en fait devenu carbonaddict)

Si on lui demande son avis sur les scientifiques spécialisés en climatologie, il dira qu'ils n'y connaissent rien et que de toute façon tout ça c'est un complot des pastèques (verts au dehors, rouges en dedans) qui n'ont comme objectif que de contrôler l'humanité sur un modèle écolo-communiste digne descendant des bolchéviques etc.

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Et maintenant la question rouge à mille euros : lequel de ces trois scénarios est celui actuellement en cours?

Vous avez une minute pour trouver la solution.

Tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic!

Votre réponse?

Quelques dessins pour vous aider dans votre réflexion, avec une traduction en bon français.


L'invention de l'idéologie
 


-Hum...pourquoi toi rester sous pluie?
-Pas pluie.
-Oui pluie.
-Non pas pluie.

-Pardon? eau tombe du ciel...cette pluie.
-Ça ton opinion.

-Pas opinion, réalité. Tu vois? gouttes pluie.
-Moi pas besoin regarder. Moi déjà savoir pas pluie.

-Si pas pluie, alors pourquoi toi mouillé et moi sec?


-Toi définir "mouillé"...
-Ohh...cerveau faire mal.









 

jeudi 19 novembre 2015

Télérama fait feu de tout bois à l'approche de la COP21

A l'approche de la COP21 on assiste à un véritable festival de "papiers" sur le climat, et ce n'est pas pour me déplaire.

Evidemment il y a les papiers qu'on peut jeter directement à la poubelle, parce qu'ils sont dans le déni et n'apportent rien au débat, et puis il y a tous ceux qu'on peut trouver par exemple dans le dernier Télérama (n°3436) que je vous conseille d'acheter même si vous n'avez pas la télé (on n'achète pas Télérama pour la télé, c'est bien connu)

Evidemment dans les "papiers" en question je compte les programmes de télévision qui parleront de climat la semaine prochaine, mais il n'y a pas que cela.

En effet le premier article est consacré, sur 4 pages, à une interview conjointe avec Thom Yorke et George Monbiot.

Je dois avouer humblement que je ne connaissais que Monbiot, n'étant pas un aficionado du groupe de rock anglais Radiohead, mais je vais peut-être m'y mettre maintenant que le chanteur du quintette m'est apparu plus que sympathique!

Il s'avère que Monbiot et Yorke se connaissent depuis maintenant une quinzaine d'années et qu'ils se sont rencontrés grâce à leur intérêt et leur point de vue communs sur des choses comme l'écologie ou l'économie, ou le climat...

Monbiot a pris conscience de l'importance du changement climatique suite à un discours en 1988 de James Hansen, de la Nasa, alors que depuis un an il réalisait déjà des enquêtes environnementales pour la BBC. Il explique que [...] Soudain, c'est devenu un sujet légitime dans les médias. Ça n'a pas été sans déclencher une campagne de déni financée par Exxon, Big Coal ou Koch Brothers. On remarquera que 1988 est l'année de création du GIEC, et c'est effectivement à partir de là que le climatoscepticisme s'est véritablement déchainé, car de colossaux intérêts financiers se voyaient tout d'un coup menacés (auparavant pas grand monde prêtait vraiment de l'attention au réchauffement climatique, sauf bien sûr dans la communauté scientifique)


Plus loin dans l'interview Monbiot ajoute qu'il est impossible de convertir quelqu'un en ne s'appuyant que sur des données chiffrées ou factuelles. Il faut éveiller son imagination grâce à la musique, [...] On doit également insinuer de manière quasi subliminale l'idée que la société a évolué et que si les gens ne suivent pas le mouvement ils passeront pour des ringards.

J'ouvre ici une parenthèse pour faire référence au documentaire diffusé mardi dernier sur France4 dans lequel, à 50 minutes, le commentateur dit "On a oublié qu'il était possible de faire autrement" et "mais pourquoi nos neurones sont si fainéants quand on essaye de changer?" en introduction aux explications d'Etienne Koechlin sur la difficulté qu'ont certains cerveaux (Monbiot dirait certains ringards...) à s'adapter au changement. Apparemment des gens comme Benoit Rittaud ont un système cognitif hyper développé, ce qui les empêche de seulement imaginer que les choses puissent changer...


Cela parait contre-intuitif, mais le système cognitif a des ressources limitées et fonctionne à l'économie (pour ne pas se fatiguer j'imagine) ce qui entraine des habitudes et par voie de conséquence des résistances:


Pour casser ces résistances il faut souvent qu'un individu soit confronté à un désastre et à ses conséquences afin que via son expérience émotionnelle il prenne des décisions adéquates:
Heureusement bien sûr qu'il y a des gens qui peuvent anticiper les désastres et ne pas attendre qu'ils se produisent, mais de toute évidence c'est au dessus des forces des climatosceptiques.

"Mais peut-être que changer, ça s'apprend", comme le dit le même commentateur (à 57 minutes) en introduction aux explications de François Taddéï sur l'éducation:

Mais ne nous faisons pas d'illusion, ceux qui auraient le plus besoin d'apprendre ne se donneront même pas la peine d'essayer de comprendre:
2.  Claude C | 17/11/2015 @ 8:07 Répondre à ce commentaire
C’est à gerber…peux pas regarder jusqu’au bout….! :x
 

Je ferme la parenthèse et reviens sur l'article/interview de Télérama.

 Thom Yorke est désabusé par [C]ette société [qui] est dirigée par des prophètes égarés qui, pour maintenir le statu quo économique, sont prêts à sacrifier le peuple sur l'autel de la croissance.

Quant à George Monbiot [i]l faut déjà se préparer à l'échec annoncé de la COP21.

Pessimisme ou réalisme? on devrait inventer le mot pessiréalisme...

Plus loin il déclare que [d]ans l'histoire, le changement vient rarement du centre de décision politique.[...] les nations anglo-saxonnes se distinguent par leur très haut degré de déni. Selon [Monbiot], la cause est à chercher dans la tradition néolibérale dominante.[...] Nous sommes de bonnes personnes contraintes de faire de mauvais choix à cause de nos modes de vie. Ce n'est donc pas la nature humaine qui doit changer, mais notre cadre institutionnel.

Je suis évidemment d'accord à 150% avec lui, et encore plus après avoir lu Tout peut changer de Naomi Klein!

En plus de cet article on trouve dans ce même numéro de Télérama de nombreuses références au climat, à titre d'échauffement (!) avant la COP21:

  • pages 24 à 30 un article sur Strasbourg qui "n'a pas attendu les conférences sur le climat pour se mettre au vert"!
  • pages 32 à 36 un article sur l'ONG Urgenda qui a fait "condamner l'état néerlandais pour non-respect de ses engagements climatiques"
  • pages 38 à 40 un article sur les parlementaires européens qui "subissent une pression énorme de la part des lobbies".
  • pages 53 à 55 un article sur le philosophe Bruno Latour; extraits (mes commentaires en italique):
    • les politiques n'agissent en dernier ressort que lorsqu'ils sont acculés (ça promet...)
    • Naomi Klein dramatise la situation par une scénographie classique de gauche, qui fait du capitalisme un monstre global (et si elle avait raison?)
    • on aurait dû agir dans les années 1980 et [...] on découvre trop tard les effets sur le système (enfin, le "on" ne s'applique évidemment pas à tout le monde...)
    • Il va falloir [...] dire [à nos enfants] : les alarmes ont sonné, on a vu, on a su, on a foncé. (à condition que ce soient les climatosceptiques qui gagnent, auquel cas on aura bonne mine auprès de notre descendance)
  • pages 78 à 80 des suggestions de lecture dont voici quelques exemples:
    • Face à Gaïa de Bruno Latour
    • Décroissance (collectif)
    • Climat: la guerre de l'ombre de Yannick Jadot et Léo Quievreux
    • Révolutions invisibles de Floran Augagneur et Dominique Rousset
    • Dictionnaire de la pensée écologique sous la direction de Dominique Bourg et d'Alain Papaux
    • Le mythe climatique de Benoit Rittaud (non je rigole, Télérama est un journal sérieux)
  • pages 89 à 91 un article sur "Le bête humain"; extraits (mes commentaires en italique):
    • "Nous ne sommes hélas tout simplement pas équipés pour réagir au réchauffement climatique. Nous ne réagissons qu'à ce que nous ressentons sur l'instant, or nos sens ne nous permettent nullement de déceler le dioxyde de carbone dans l'atmosphère!" selon le philosophe Dominique Bourg. (voir plus haut ce que dit Etienne Koechlin sur le système cognitif...)
    • Le problème, assure l'écologue Erle Ellis, "c'est que nous ne sommes pas du tout disposés à renoncer à notre mode de vie" [...] parce que nous adorons "voyager et réaliser toutes ces choses que permettent les énergies fossiles[...]" (eh oui, voyager, consommer, etc. peut être considéré comme une drogue avec ses addictions, et certains ont besoin de leur piquouse quotidienne...)
Et pour les programmes eux-mêmes qui sont consacrés au climat de près ou de loin:
  • page 100 sur Arte samedi 21: A +- 5 mètres de la surface des océans
  • page 118 sur Planète+ lundi 23: L'ère de l'homme
  • page 124 sur France 2 mardi 24: Les sentinelles du climat
  • page 125 sur Arte mardi 24; Climat, pour quelques degrés de moins, suivi de Nos chers paradis
  • page 148 sur France 3 vendredi 27: Thalassa-Le climat, les hommes et la mer
  • page 149 sur Arte vendredi 27: Réchauffement climatique: les trois chiffres clés, un documentaire qui devrait intéresser Benoit Rittaud puisqu'il est question de mathématiques!

Je ne suis pas sûr d'avoir tout recensé sur le climat dans ce Télérama, mais je pense que l'essentiel est là, à vous de jouer si vous vous sentez concernés.