dimanche 29 novembre 2015

3 scénarios scientifiques sur le climat

Imaginons un Brad français et appelons-le Benoit pour faire simple.

Ce Benoit serait l'archétype du climatosceptique confronté à la science "officielle" (par officielle j'entends celle qui est prévalente à un moment donné, c'est-à-dire qui fait consensus parmi la quasi-totalité des scientifiques de la planète)

Maintenant imaginons 3 scénarios, qui feraient l'unanimité dans la communauté scientifique, et qui seraient les suivants:
  1. le CO2 n'a aucun effet sur les températures, lesquelles restent stables et ne posent aucun problème que ce soit à court, moyen ou long-terme.
  2. le CO2 a réellement un effet à la hausse sur les températures, mais il vient contrecarrer la variabilité naturelle du climat orientée à la baisse, entrainant de ce fait leur stabilité.
  3. le CO2, sans être contrecarré par la variabilité naturelle du climat, a réellement un effet problématique à la hausse sur les températures sur le long-terme.
Maintenant analysons la réaction de Benoit face à ces trois scénarios.

Scénario 1 - Il est prouvé, et tous les scientifiques sont d'accord là-dessus, que le CO2 d'origine humaine n'a strictement aucun effet sur les températures; seule la variabilité naturelle du climat agit, à la baisse ou à la hausse, selon des périodicités diverses totalement indépendantes de toute activité humaine.

Dans ce cas, Benoit se fiche complètement du climat et se concentre sur les sujets qui le concernent comme par exemple, au hasard, les mathématiques ou la pêche à la mouche.

Si on lui demande son avis sur les scientifiques spécialisés en climatologie, il dira qu'il a confiance en leurs travaux et leurs conclusions.

Scénario 2 - Il est prouvé, et tous les scientifiques sont d'accord là-dessus, que le CO2 d'origine humaine a réellement un effet à la hausse sur les températures, mais que sans cette hausse la terre se refroidirait à cause par exemple d'une irradiance moindre du soleil, confirmée par des chercheurs renommés comme Vincent Courtillot. Le CO2 que l'homme ajoute donc dans l'atmosphère en grandes quantités est par conséquent une bénédiction puisqu'il permet de maintenir une température agréable; l'humanité est donc vivement encouragée à produire autant de CO2 qu'elle le peut afin d'annuler l'effet à la baisse des températures causé par dame Nature.

Dans ce cas, Benoit est rassuré, il peut continuer sans états d'âmes à consommer tant qu'il veut et utiliser son 4X4 diesel là où et quand bon lui semble, personne ne viendra lui chercher des noises.

Si on lui demande son avis sur les scientifiques spécialisés en climatologie, il dira qu'il a confiance en leurs travaux et leurs conclusions.

Scénario 3 - Il est prouvé, et tous les scientifiques sont d'accord là-dessus, que le CO2 d'origine humaine a réellement un effet à la hausse sur les températures et que cette hausse n'est pas contrebalancée par aucune variation naturelle hormis occasionnellement lors d'éruptions volcaniques ou d'événements El Niño ou La Niña exceptionnels.

Les scientifiques avertissent donc les politiques (ou les politiques sont interpelés par les découvertes des scientifiques) et des solutions sont envisagées, dont la plus importante est bien entendu la diminution de la production humaine de CO2, ce qui implique des changements drastiques dans nos habitudes de consommation, comme par exemple limiter nos déplacements ou chercher des solutions alternatives moins productrices de CO2 afin de remplacer nos actuelles centrales électriques fonctionnant essentiellement au charbon.

Dans ce cas, Benoit est scandalisé, car il va devoir modifier ses comportements et arrêter d'utiliser son 4X4 diesel afin de le remplacer par une voiturette électrique; par ailleurs son idéologie libérale le rend allergique à toute intervention étatique et il rejette d'emblée la notion de toute régulation et a fortiori de toute taxation ou baisse de son niveau de vie consécutive à un renchérissement de ses approvisionnements auxquels il s'était accoutumé (il est en fait devenu carbonaddict)

Si on lui demande son avis sur les scientifiques spécialisés en climatologie, il dira qu'ils n'y connaissent rien et que de toute façon tout ça c'est un complot des pastèques (verts au dehors, rouges en dedans) qui n'ont comme objectif que de contrôler l'humanité sur un modèle écolo-communiste digne descendant des bolchéviques etc.

*****

Et maintenant la question rouge à mille euros : lequel de ces trois scénarios est celui actuellement en cours?

Vous avez une minute pour trouver la solution.

Tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic, tic!

Votre réponse?

Quelques dessins pour vous aider dans votre réflexion, avec une traduction en bon français.


L'invention de l'idéologie
 


-Hum...pourquoi toi rester sous pluie?
-Pas pluie.
-Oui pluie.
-Non pas pluie.

-Pardon? eau tombe du ciel...cette pluie.
-Ça ton opinion.

-Pas opinion, réalité. Tu vois? gouttes pluie.
-Moi pas besoin regarder. Moi déjà savoir pas pluie.

-Si pas pluie, alors pourquoi toi mouillé et moi sec?


-Toi définir "mouillé"...
-Ohh...cerveau faire mal.









 

jeudi 19 novembre 2015

Télérama fait feu de tout bois à l'approche de la COP21

A l'approche de la COP21 on assiste à un véritable festival de "papiers" sur le climat, et ce n'est pas pour me déplaire.

Evidemment il y a les papiers qu'on peut jeter directement à la poubelle, parce qu'ils sont dans le déni et n'apportent rien au débat, et puis il y a tous ceux qu'on peut trouver par exemple dans le dernier Télérama (n°3436) que je vous conseille d'acheter même si vous n'avez pas la télé (on n'achète pas Télérama pour la télé, c'est bien connu)

Evidemment dans les "papiers" en question je compte les programmes de télévision qui parleront de climat la semaine prochaine, mais il n'y a pas que cela.

En effet le premier article est consacré, sur 4 pages, à une interview conjointe avec Thom Yorke et George Monbiot.

Je dois avouer humblement que je ne connaissais que Monbiot, n'étant pas un aficionado du groupe de rock anglais Radiohead, mais je vais peut-être m'y mettre maintenant que le chanteur du quintette m'est apparu plus que sympathique!

Il s'avère que Monbiot et Yorke se connaissent depuis maintenant une quinzaine d'années et qu'ils se sont rencontrés grâce à leur intérêt et leur point de vue communs sur des choses comme l'écologie ou l'économie, ou le climat...

Monbiot a pris conscience de l'importance du changement climatique suite à un discours en 1988 de James Hansen, de la Nasa, alors que depuis un an il réalisait déjà des enquêtes environnementales pour la BBC. Il explique que [...] Soudain, c'est devenu un sujet légitime dans les médias. Ça n'a pas été sans déclencher une campagne de déni financée par Exxon, Big Coal ou Koch Brothers. On remarquera que 1988 est l'année de création du GIEC, et c'est effectivement à partir de là que le climatoscepticisme s'est véritablement déchainé, car de colossaux intérêts financiers se voyaient tout d'un coup menacés (auparavant pas grand monde prêtait vraiment de l'attention au réchauffement climatique, sauf bien sûr dans la communauté scientifique)


Plus loin dans l'interview Monbiot ajoute qu'il est impossible de convertir quelqu'un en ne s'appuyant que sur des données chiffrées ou factuelles. Il faut éveiller son imagination grâce à la musique, [...] On doit également insinuer de manière quasi subliminale l'idée que la société a évolué et que si les gens ne suivent pas le mouvement ils passeront pour des ringards.

J'ouvre ici une parenthèse pour faire référence au documentaire diffusé mardi dernier sur France4 dans lequel, à 50 minutes, le commentateur dit "On a oublié qu'il était possible de faire autrement" et "mais pourquoi nos neurones sont si fainéants quand on essaye de changer?" en introduction aux explications d'Etienne Koechlin sur la difficulté qu'ont certains cerveaux (Monbiot dirait certains ringards...) à s'adapter au changement. Apparemment des gens comme Benoit Rittaud ont un système cognitif hyper développé, ce qui les empêche de seulement imaginer que les choses puissent changer...


Cela parait contre-intuitif, mais le système cognitif a des ressources limitées et fonctionne à l'économie (pour ne pas se fatiguer j'imagine) ce qui entraine des habitudes et par voie de conséquence des résistances:


Pour casser ces résistances il faut souvent qu'un individu soit confronté à un désastre et à ses conséquences afin que via son expérience émotionnelle il prenne des décisions adéquates:
Heureusement bien sûr qu'il y a des gens qui peuvent anticiper les désastres et ne pas attendre qu'ils se produisent, mais de toute évidence c'est au dessus des forces des climatosceptiques.

"Mais peut-être que changer, ça s'apprend", comme le dit le même commentateur (à 57 minutes) en introduction aux explications de François Taddéï sur l'éducation:

Mais ne nous faisons pas d'illusion, ceux qui auraient le plus besoin d'apprendre ne se donneront même pas la peine d'essayer de comprendre:
2.  Claude C | 17/11/2015 @ 8:07 Répondre à ce commentaire
C’est à gerber…peux pas regarder jusqu’au bout….! :x
 

Je ferme la parenthèse et reviens sur l'article/interview de Télérama.

 Thom Yorke est désabusé par [C]ette société [qui] est dirigée par des prophètes égarés qui, pour maintenir le statu quo économique, sont prêts à sacrifier le peuple sur l'autel de la croissance.

Quant à George Monbiot [i]l faut déjà se préparer à l'échec annoncé de la COP21.

Pessimisme ou réalisme? on devrait inventer le mot pessiréalisme...

Plus loin il déclare que [d]ans l'histoire, le changement vient rarement du centre de décision politique.[...] les nations anglo-saxonnes se distinguent par leur très haut degré de déni. Selon [Monbiot], la cause est à chercher dans la tradition néolibérale dominante.[...] Nous sommes de bonnes personnes contraintes de faire de mauvais choix à cause de nos modes de vie. Ce n'est donc pas la nature humaine qui doit changer, mais notre cadre institutionnel.

Je suis évidemment d'accord à 150% avec lui, et encore plus après avoir lu Tout peut changer de Naomi Klein!

En plus de cet article on trouve dans ce même numéro de Télérama de nombreuses références au climat, à titre d'échauffement (!) avant la COP21:

  • pages 24 à 30 un article sur Strasbourg qui "n'a pas attendu les conférences sur le climat pour se mettre au vert"!
  • pages 32 à 36 un article sur l'ONG Urgenda qui a fait "condamner l'état néerlandais pour non-respect de ses engagements climatiques"
  • pages 38 à 40 un article sur les parlementaires européens qui "subissent une pression énorme de la part des lobbies".
  • pages 53 à 55 un article sur le philosophe Bruno Latour; extraits (mes commentaires en italique):
    • les politiques n'agissent en dernier ressort que lorsqu'ils sont acculés (ça promet...)
    • Naomi Klein dramatise la situation par une scénographie classique de gauche, qui fait du capitalisme un monstre global (et si elle avait raison?)
    • on aurait dû agir dans les années 1980 et [...] on découvre trop tard les effets sur le système (enfin, le "on" ne s'applique évidemment pas à tout le monde...)
    • Il va falloir [...] dire [à nos enfants] : les alarmes ont sonné, on a vu, on a su, on a foncé. (à condition que ce soient les climatosceptiques qui gagnent, auquel cas on aura bonne mine auprès de notre descendance)
  • pages 78 à 80 des suggestions de lecture dont voici quelques exemples:
    • Face à Gaïa de Bruno Latour
    • Décroissance (collectif)
    • Climat: la guerre de l'ombre de Yannick Jadot et Léo Quievreux
    • Révolutions invisibles de Floran Augagneur et Dominique Rousset
    • Dictionnaire de la pensée écologique sous la direction de Dominique Bourg et d'Alain Papaux
    • Le mythe climatique de Benoit Rittaud (non je rigole, Télérama est un journal sérieux)
  • pages 89 à 91 un article sur "Le bête humain"; extraits (mes commentaires en italique):
    • "Nous ne sommes hélas tout simplement pas équipés pour réagir au réchauffement climatique. Nous ne réagissons qu'à ce que nous ressentons sur l'instant, or nos sens ne nous permettent nullement de déceler le dioxyde de carbone dans l'atmosphère!" selon le philosophe Dominique Bourg. (voir plus haut ce que dit Etienne Koechlin sur le système cognitif...)
    • Le problème, assure l'écologue Erle Ellis, "c'est que nous ne sommes pas du tout disposés à renoncer à notre mode de vie" [...] parce que nous adorons "voyager et réaliser toutes ces choses que permettent les énergies fossiles[...]" (eh oui, voyager, consommer, etc. peut être considéré comme une drogue avec ses addictions, et certains ont besoin de leur piquouse quotidienne...)
Et pour les programmes eux-mêmes qui sont consacrés au climat de près ou de loin:
  • page 100 sur Arte samedi 21: A +- 5 mètres de la surface des océans
  • page 118 sur Planète+ lundi 23: L'ère de l'homme
  • page 124 sur France 2 mardi 24: Les sentinelles du climat
  • page 125 sur Arte mardi 24; Climat, pour quelques degrés de moins, suivi de Nos chers paradis
  • page 148 sur France 3 vendredi 27: Thalassa-Le climat, les hommes et la mer
  • page 149 sur Arte vendredi 27: Réchauffement climatique: les trois chiffres clés, un documentaire qui devrait intéresser Benoit Rittaud puisqu'il est question de mathématiques!

Je ne suis pas sûr d'avoir tout recensé sur le climat dans ce Télérama, mais je pense que l'essentiel est là, à vous de jouer si vous vous sentez concernés.










 

jeudi 12 novembre 2015

L'Académie des sciences retournerait-elle sa veste...?

Un avis de l'Académie des sciences est paru en date du 3 novembre, intitulé

Avis de l’Académie des sciences sur :
« Changement climatique et
transformation du système énergétique »
 
 
J'en tombe quasiment de ma chaise en apprenant sa teneur...
 
En effet le réchauffement climatique d'origine anthropique est confirmé, l'Académie considérant que "les conclusions de son rapport  de 2010 restent valables"!
 
Le plus comique dans tout cela c'est que le colloque du 16 décembre 2014, auquel Vincent Courtillot avait participé, est même cité en référence! En fait c'est l'exposé de Christophe Cassou qui est référencé dans l'avis, mais Vincent Courtillot figure bien en fin d'avis, dans la référence n°2, avec Anny Cazenave, Sandrine Bony et Jean-Pierre Gattuso.
 
Je pense que nos académiciens, en rédigeant cet avis, ont souhaité ménager la susceptibilité d'un de leurs confrères, climatosceptique notoire n'ayant apporté à la science du climat rien d'autre que de stériles controverses.
 
 
Mais d'où vient donc cette idée dans ma tête qu'il y avait un "débat" à l'Académie des sciences concernant la réalité du réchauffement climatique d'origine anthropique?
 
 
Peut-être ai-je rêvé?
 
En tout cas, certains sont apparemment dans un rêve permanent éveillé, comme Benoit Rittaud qui a sa vision très personnelle du dernier débat de décembre 2014:
  • Et puis est venu le tour de Vincent Courtillot. Dix minutes. Dix petites minutes lui avaient été allouées pour renverser la tendance et bousculer les certitudes.
  • [...] quelle densité ! Quelle force ! [...]
  • Son exposé a brillé sur deux points fondamentaux : d’une part, il parlait vraiment de ce qu’il connaissait bien pour l’avoir travaillé lui-même à fond avec son équipe (notamment les longues séries de données de qualité variable), d’autre part il s’est, conformément à l’intitulé de la conférence-débat (et contrairement à plusieurs autres intervenants), centré sur les observations.
Ainsi, les "plusieurs autres intervenants", pour Benoit Rittaud, ne savent pas de quoi ils parlent.
 
Je rappelle que les "plusieurs autres intervenants" sont Christophe Cassou , Anny Cazenave, Sandrine Bony et Jean-Pierre Gattuso, et qu'ils sont reconnus par la communauté scientifique mondiale en matière de climatologie.
 
Vincent Courtillot et Benoit Rittaud, quant à eux, comment dire...
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Pierre Barthélémy, bravo!

Cet après-midi j'apprenais dans l'émission La tête au carré que le blog Passeur de sciences, "tenu" de main de maitre par Pierre Barthélémy, venait d'être élu le meilleur blog français toutes catégories.

C'est le site Golden Blog Awards qui décerne chaque année ce prix à plusieurs blogueurs dans des catégories différentes; cette année, Passeur de sciences a non seulement été élu meilleur blog de science, mais aussi, cerise sur le gâteau (et il ne s'agit pas ici de cherry-picking, les initiés comprendront...), meilleur blog français tout court!

Félicitations à Pierre Barthélémy, à qui on ne peut que souhaiter: keep up the good work!

 

mercredi 11 novembre 2015

Le climat sur Amazon

Je n'arrête pas de recevoir régulièrement des messages d'Amazon qui me propose des livres pouvant m'intéresser.

Comme j'ai déjà commandé une bonne dizaine de livres sur le climat (de France et des US) je reçois donc des propositions de livres en relation avec le climat.

Cela m'a donné l'idée de faire une liste des livres disponibles sur Amazon en mentionnant, outre leur titre et le nom de leur auteur, l'année de parution ainsi que le prix et le nombre de page, ces deux dernières données me permettant de calculer un prix par page qui peut parfois en dire long sur les motivations des auteurs (la palme à Benoit Rittaud et ses 73 centimes par page en broché, à comparer avec le livre de Stéphane Foucart et ses 2 centimes par page...)

La liste que je présente ici est classée par ordre de parution afin de constater que cette année 2015, année de la COP21, a vu une véritable floraison de livres sur le sujet.

Evidemment il n'y a aucun caractère scientifique à mon exercice et je ne prétends pas tirer de conclusion définitive et péremptoire, seulement donner de la matière à réflexion (les anglophones disent food for thought) à tout lecteur potentiel intéressé par le sujet.

A noter toutefois que les climatosceptiques se trouvent majoritairement dans les premières places en matière de prix par page, alors que Stéphane Foucart (journaliste scientifique au Monde) et Emmanuel Le Roy Ladurie sont en queue de peloton avec 2-3 centimes par page.

Je laisse chacun décider quel usage faire de son argent, en ce qui me concerne je privilégie le meilleur rapport qualité/prix et je sais donc quels livres je n'achèterai pas.



 

lundi 9 novembre 2015

Les effets positifs du réchauffement climatique

Non, non, tout n'est pas négatif quand les températures s'emballent à la hausse!

Regardez-moi par exemple, je suis plutôt satisfait qu'il fasse de plus en plus chaud de plus en plus longtemps, je n'y trouve personnellement que des avantages.

Samedi dernier j'en ai bien profité: 26° à mille mètres d'altitude pour un 7 novembre, si ça pouvait durer encore quelques semaines de plus, jusqu'au, disons, 25 décembre, ça serait cool non?

En attendant admirez la belle vue sur le château de Roquefixade dont j'ai pu profiter sous toutes les coutures (ici c'est au retour de la balade, en revenant vers le village)


Et en prime je vous offre cette magnifique vue sur le pog cathare de Montségur:

Avouez que ça donne envie et que l'on ne désire pas que ça s'arrête!

Dans l'Expansion (le même numéro qui donnait la parole à Xavier Denamur) on trouve un article vantant les mérites du réchauffement climatique: certaines personnes, comme moi, se frottent les mains de plaisir!

Il y a les agences de tourisme spécialisées dans les circuits polaires:
  • Malgré des prix relativement élevés, le tourisme polaire est en train de prendre son essor, avec son lot d'accidents et de mauvaises pratiques, constate la scientifique Anne Choquet.
  • L'an dernier, l'Antarctique a accueilli plus de 27000 touristes, contre moins de 20000 il y a cinq ans.
Les africains qui crèveront de chaud pourront donc aller se rafraichir aux pôles, de quoi se plaignent-ils?

Il y a les scandinaves qui pourront faire pousser du maïs et nous le vendre, alors que nous aurons remplacé cette espèce par du sorgho, moins demandeur en eau.

On vous le disait bien que le CO2 c'est de la nourriture pour les plantes!

Il y a les pharmaciens qui vendront davantage de médicaments pour lutter contre toutes sortes de maladies comme la dengue, qui auparavant avaient le mauvais gout de ne concerner que les pays tropicaux.

Vivre sous les tropiques, le rêve de tout un chacun, plus besoin de prendre l'avion pour se dépayser!

Il y a les assureurs qui vont engranger des primes supplémentaires liées aux aléas climatiques, ou bien proposer aux entreprises de se couvrir contre des manques à gagner:
  • Chez l'énergéticien Engie, par exemple, un hiver plus doux que la normale se traduit par un manque à gagner de 400 millions d'euros!
  • [...] Meteo Protect leur propose des contrats inspirés du monde de la finance. Exemple: si la température tombe au-dessous de la normale, l'entreprise meurtrie reçoit une prime mensuelle qui varie en fonction de l'ampleur de la chute. [...] Ce type de contrat aurait actuellement le vent en poupe chez les grands acteurs européens de l'énergie.
Il faut se battre pour que les énergéticiens puissent continuer à assurer les mêmes dividendes à leurs actionnaires et de gros salaires à leurs dirigeants!

Il y a les fabricants de neige...
  • les stations de ski ne peuvent plus s'en passer. "Sur les vingt dernières années, elles ont investi 20 à 30% de leur chiffre d'affaires dans la production de neige de culture"[...] Et ce n'est qu'un début. [...]
Le seul problème c'est que quand la température est positive les canons à neige marchent très mal...

Il y a des viticulteurs qui se frottent les mains:
  • Le réchauffement climatique bouscule aussi le monde du vin. Dans le sud de l'Angleterre, en Suède ou même en Tasmanie, on trouve désormais des terroirs à mousseux [...] Ce n'était pas le cas il y a dix ans.
Il faudra apprendre à prononcer chardonnay avec l'accent anglais ou scandinave!

Il y a la Russie et le Canada qui se réjouissent:
  • Depuis 2010 la Russie exploite au nord de ses terres une nouvelle route maritime [...] Jadis prisonnier des glaces, ce passage est aujourd'hui praticable une bonne partie de l'année.[...] Mais la Russie entend multiplier par 30 le nombre de passages d'ici 2020. Elle anticipe une route entièrement dégagée des glaces d'ici à 2050.
  • [...] de l'autre côté du Groenland, le Canada se prépare  lui aussi à exploiter un nouveau passage permettant aux navires d'éviter le canal de Panama.
Cela va favoriser la confraternité entre les peuples russes et américains, sans aucun doute...

Il y a bien sûr les pétroliers...
  • 10% des réserves mondiales de pétrole, 20% des réserves de gaz naturel, et des métaux en pagaille...La fonte des glaces au Groenland fait miroiter d'énormes ressources aux compagnies pétrolières et minières.
Quand ils auront bien salopé des états entiers avec la fracturation hydraulique, ils iront saloper le Grand Nord avec leurs bateaux qui coulent...

Et il y a bien entendu le monde merveilleux de la finance pour qui les aléas climatiques sont simplement une nouvelle bonne raison de s'en mettre plein les poches:
  • "Les prochaines vagues de profits pour le secteur de la finance pourraient bien venir des marchés environnementaux", explique la journaliste Sandrine Feydel, dans son livre Prédation.
  • Marc Robert, un ancien de Morgan Stanley, anticipe sans doute la baisse des réserves d'eau potable dans le monde.
  • En Australie c'est sur la raréfaction des terres agricoles que surfe Land Commodities. Cette société repère les terres situées dans l'arrière-pays -et donc loin de la montée des eaux- qui pourraient prendre de la valeur dans le futur.
  • [L]'objectif [des banques et des fonds d'investissement] est de faire des profits, pas de protéger la nature [constate Sandrine Feydel]
On peut faire confiance aux financiers pour tirer parti, et profit, de la moindre occasion qui se présente à leur portée!

Mais bien sûr tout cela n'est que du vent puisqu'il n'y a pas de réchauffement climatique, donc pas de fonte des glaces, donc pas de montée du niveau des eaux, donc...

Donc tous ces profiteurs en seront pour leurs frais.

Et puis c'est bien connu, les banques, les assurances, les pétroliers, les agriculteurs, tous ne sont que des imbéciles qui ne savent pas où se situent leurs intérêts.

En attendant mes intérêts à moi sont bien préservés, en regardant les prévisions météo de la semaine qui vient je vois que j'ai encore de belles balades à faire au chaud soleil de novembre.

Pourvou qué ça doure comme aurait dit madame Bonaparte mère.


 

Pourquoi il faut fermer la porte aux climatosceptiques - reprise de l'ombudsman de Radio Canada

Parfois la lecture d'un site climatosceptique comme Skyfall peut avoir du bien, on peut y trouver de véritables pépites, du genre tirage de balle dans le pied!

Ainsi au fil des commentaires d'un article sur l'affaire Verdier, on peut lire un commentaire qui donne un très intéressant lien vers le site de l'ombudsman de Radio Canada.

Un ombudsman est un médiateur qui "est une personne indépendante et objective qui enquête sur les plaintes des gens contre les organismes gouvernementaux et autres organisations, tant du secteur public que privé. Après un examen approfondi et impartial, il détermine si la plainte est fondée et formule des recommandations à l'intention de l'organisation afin de régler le problème" (selon la définition de wikipedia)

Dans le cas présent l'ombudsman est intervenu pour régler un différend entre un auditeur mécontent, qui s'avère être en fait un climatosceptique bon teint, et Radio Canada Première, qui a décidé de ne plus inviter de climatosceptique sur ses ondes.

L'argumentation de l'ombudsman est détaillée et documentée, réfutant certaines affirmations du plaignant, lequel serait ingénieur géophysicien.

Le climatosceptique estime que la décision de Radio Canada Première de ne plus inviter ses congénères enfreindrait les normes et pratiques journalistiques (NPJ)  en vigueur sur la chaine.

Quelques extraits de la plainte:
  • « Dans une émission cet été, j'ai entendu l'animateur Yanick Villedieu affirmer que les climatoseptiques n'étaient plus invités à l'émission Les années lumière parce que leurs arguments n'étaient pas scientifiques. [...]
  • [...]J'invite plutôt le lecteur à lire le récent livre Climate Change:The Facts [...]
  • [...] Je veux surtout souligner que le débat sur les changements climatiques a deux volets : un politique et un scientifique.
  • Quand M. Villedieu ne veut pas écouter les arguments scientifiques qui sont contre l'option qu'il préconise, il ne fait pas de la science, mais de la politique. [...]
On voit ici que cette radio canadienne fait preuve de bon sens bien plus que certaines de ses consœurs; par ailleurs, de la part d'un ingénieur géophysicien, citer le livre Climate Change:The Facts n'est pas vraiment la preuve qu'il maitrise son sujet et qu'il sache se documenter aux bonnes sources scientifiques; enfin, quand il accuse le journaliste de faire non pas de la science mais de la politique, il succombe au syndrome de projection psychologique qui lui fait attribuer à autrui ses propres défauts.

D'ailleurs, la direction de Radio Canada Première lui répond:
  • [...] contrairement à ce que peuvent laisser croire certains détracteurs, la communauté scientifique internationale s’entend pour reconnaître l’existence du réchauffement de la planète[...]
  • [...] À l’écoute des propos de Yanick Villedieu, nous comprenons clairement que l’émission de culture scientifique Les années lumière se base sur des faits établis par la science.
  • Les spécialistes invités n’y remettent donc pas en cause les données scientifiques sur le réchauffement climatique dont certaines remontent à plus d’un siècle et demi.
  • Par contre, les journalistes peuvent se questionner sur l’étendue du phénomène, sur les modèles de prévision ou les niveaux supposés d’élévation de la mer causée par cette hausse de la température de la planète.
  • Ultimement, le choix des sujets d’émission et de leur angle de traitement est une prérogative éditoriale. »
Réponse mesurée et sensée qu'on peut reformuler et interpréter comme suit: il y a consensus de la communauté scientifique sur le réchauffement de la planète; la radio ne fait état que de ce qui est clairement établi par la science, avec les incertitudes qu'il est normal de rencontrer, même pour une science "vieille" maintenant de plus d'un siècle ( en fait les prémices remontent à 2 siècles avec Joseph Fourier); donc il n'est pas question d'inviter des gens qui remettent la science en question sur ses points fondamentaux, on ne peut discuter que de détails (qui peuvent certes être importants) qui ne remettent pas en cause les bases scientifiques.

Mais cela ne suffit pas à convaincre notre plaignant (qui ne demande pas en fait d'être convaincu, il l'est déjà...) puisqu'il en rajoute une couche en révisant sa plainte.

Je ne vais pas ici lui faire davantage de publicité, chacun est libre d'aller consulter l'intégralité du traitement de la plainte, avec donc sa révision par le plaignant ainsi que la réponse de l'ombudsman dont certains passages auraient pu être écrits par moi-même tellement ils sont en phase avec ce que je pense de la question, par exemple (avec mes commentaires en italiques) :
  • L’animateur des Années lumière expliquait [...] que son émission était un magazine scientifique et qu’en tant que telle s’intéressait aux faits établis par la science et ne les remettait pas constamment en question. (comme les journalistes français tels que Sylvestre Huet et Stéphane Foucart, entre autres, qui irritent au plus au point nos climatosceptiques franchouillards qui les traitent d'incompétents ou de vendus à la cause des écolos parce qu'ils ont le tort de relater ce que dit la science)
  • Pour M. Villedieu, les doutes émis par les « climatosceptiques » sur le réchauffement climatique lui-même et sa nature anthropique ne sont pas scientifiquement vérifiés ni vérifiables. (on ne peut pas mieux dire en si peu de mots)
  • Toutes les études et rapport de synthèse que j’ai (c'est l'ombudsman qui parle) consultés sur la question ‒ à commencer par les rapports scientifiques successifs (j’insiste sur le terme scientifique) du GIEC, eux-mêmes le fruit de consensus de chercheurs internationaux ‒ montrent que plus de 97 % de tous les chercheurs en science du climat et de toutes les publications scientifiques sur la question soutiennent la thèse du réchauffement anthropique. Un point de vue partagé sans équivoque par les « académies » des sciences de près d’une quarantaine de pays et qui n’est contesté depuis une dizaine d’années par aucun organisme scientifique d’importance. (à part, malheureusement, notre Académie des sciences qui se retrouve bien seule sur la scène internationale...)
  • Il ressort aussi que les deux ou trois pour cent de chercheurs et de scientifiques qui n’appuient pas la thèse du réchauffement climatique provoqué par l’activité humaine sont nettement moins réputés et marquants dans leur domaine que ceux qui la soutiennent. (et en plus, ce que l'ombudsman omet de préciser, c'est que ces 2 à 3% de chercheurs ne s'entendent même pas entre eux, chacun y allant de son "opinion"...)
  • Je ne peux donc pas être d’accord avec le plaignant lorsqu’il écrit que « le débat scientifique (…) comporte beaucoup plus d’incertitudes que Mme Dahlander (la directrice de Radio Canada Première) le laisse entendre ». Je dirais plutôt que la preuve est faite qu’il contient beaucoup plus de certitudes que M. Vallée (le plaignant) ne le soutient. (En fait les climatosceptiques ne sont jamais capables de citer la moindre étude publiée dans une revue à comité de lecture réfutant le rôle du CO2 d'origine anthropique dans le réchauffement climatique)
  • Le plaignant évoque « l’opinion » du GIEC comme s’il s’agissait de l’opinion d’un individu. (c'est effectivement l'un des travers des climatosceptiques, ils prennent le GIEC pour une personne qui mènerait des recherches...)
  • En fait, la plupart des climatosceptiques ne sont pas des scientifiques. C’est d’ailleurs le cas de M. Alan Moran, l’éditeur de Climate Change: The Facts dont M. Vallée recommande la lecture en soulignant qu’il a été publié par l’« Institute of Public Affairs ». (en "représailles", les climatosceptiques accusent les journalistes qui relatent la science de ne pas être eux-mêmes des scientifiques!)
  • Tout ça rend très peu crédible, au plan scientifique, le livre référé par le plaignant. Car on ne peut certainement pas l’opposer à des études validées de chercheurs connus et reconnus. Il s’agit, en fait, d’un ouvrage qui défend le point de vue essentiellement idéologique, ou politique, d’un organisme apparenté à un groupe de pression et qui ne peut absolument pas prétendre à l’impartialité. (les climatosceptiques opposent effectivement des bouquins d'opinion aux recherches des véritables scientifiques, et ensuite ils accusent ces derniers de "faire de la politique"...)
  • En fait, cet ouvrage est l’illustration parfaite « que le débat sur les changements climatiques a deux volets : un politique et un scientifique », comme le souligne M. Vallée. (là l'ombudsman se fout un peu de la gueule du plaignant!) Mais, en toute logique, je ne vois pas comment on peut reprocher à l’animateur des Années lumière de faire « de la politique » parce qu’il écarte des ouvrages qui défendent une position politique. C’est tout le contraire. (comme je le disais plus haut: projection psychologique de la part des climatosceptiques en général et du plaignant en particulier)
Ensuite l'ombudsman démonte les 3 exemples de travaux scientifiques cités par le plaignant, le premier (de Willie Soon) ayant été réfuté, les deux autres (dont un de Judith Curry) ne remettant même pas en cause le réchauffement climatique et pouvant éventuellement se ranger dans les travaux qui traitent de points de détails sans remettre en cause les bases scientifiques)
  • [...] en s’appuyant sur les constats du GIEC, résultats d’un vaste et quasi unanime consensus scientifique international, l’émission Les années lumière se fonde effectivement « sur des faits et sur l’expertise ». Si, au contraire, elle se fondait sur le « point de vue particulier » des climatosceptiques, elle n’informerait pas et ne contribuerait pas à la compréhension d’un enjeu public. Bref, elle désinformerait.
Elle désinformerait!

Et c'est bien ce que l'on reproche aux climatosceptiques.

 

vendredi 6 novembre 2015

Oui, le réchauffement climatique peut provoquer des conflits: exemple de la Syrie

Ce n'est un mystère pour personne que des conflits sont générés par des problèmes liés à l'eau, comme l'explique une note du CNRS: L'eau, une source de conflits entre nations. Extraits:
  • Les perspectives en matière d’eau douce ne sont pas réjouissantes puisque, de l’avis général, sa raréfaction semble inéluctable.
  • Selon une étude des Nations Unies, l'eau pourrait même devenir, d'ici à 50 ans, un bien plus précieux que le pétrole.
  • Avoir accès à l’eau est donc devenu un enjeu économique puissant à l’échelle planétaire qui pourrait devenir, dans le siècle à venir, l'une des premières causes de tensions internationales.
  • Aujourd'hui encore, les contentieux à propos de l'eau sont nombreux à travers le monde, notamment au Nord et au Sud de l'Afrique, au Proche-Orient, en Amérique centrale, au Canada et dans l'Ouest des Etats-Unis.
  • Avec l’essor démographique et l’accroissement des besoins, ces tensions pourraient se multiplier à l’avenir.
Il n'est pas question dans cette note de réchauffement climatique, ainsi que dans celle-ci intitulée Y a-t-il un risque de pénurie? dont voici quelques extraits:
  • La population mondiale devrait passer de 6 milliards d'individus en l'an 2000, à 8 milliards en l’an 2025. La quantité moyenne d'eau douce disponible par habitant et par an devrait donc chuter de 6 600 à 4 800 mètres cubes, une réduction de presque un tiers.
  • Si parallèlement la tendance actuelle à l'augmentation des prélèvements en eau se poursuit, entre la moitié et les deux tiers de l'humanité devraient être en situation dite de stress hydrique en 2025, seuil d'alerte retenu par l'Organisation des nations unies (ONU) et correspondant à moins de 1700 mètres cubes d'eau douce disponible par habitant et par an. Le risque d’une pénurie d’eau douce existe donc bel et bien.
  • L’un des problèmes majeurs en matière d'eau douce et d'alimentation humaine est posé par l’irrigation, car pour nourrir toute la population de notre planète, la productivité agricole devra fortement augmenter.
  • Un autre enjeu de taille pour les années à venir est celui de la satisfaction de l’ensemble des besoins en eau potable de l’humanité. Aujourd’hui, déjà un habitant sur cinq n’y a pas accès.
Cependant il existe une étude publiée dans les PNAS (Proceedings of the National Academy of Science of the United States of America, revue américaine à comité de lecture) dont voici quelques extraits (mes commentaires en italiques):
 

Significance

There is evidence that the 2007−2010 drought contributed to the conflict in Syria. It was the worst drought in the instrumental record, causing widespread crop failure and a mass migration of farming families to urban centers. Century-long observed trends in precipitation, temperature, and sea-level pressure, supported by climate model results, strongly suggest that anthropogenic forcing has increased the probability of severe and persistent droughts in this region, and made the occurrence of a 3-year drought as severe as that of 2007−2010 2 to 3 times more likely than by natural variability alone. We conclude that human influences on the climate system are implicated in the current Syrian conflict.

Ainsi la Syrie a connu une sévère sécheresse durant plusieurs années, que la variabilité naturelle du climat ne peut pas expliquer à elle seule.

A l'appui de ces assertions plusieurs graphiques sont montrés:


Fig. 1.
(A) Six-month winter (November−April mean) Syria area mean precipitation, using CRU3.1 gridded data. (B) CRU annual near-surface temperature (red shading indicates recent persistence above the long-term normal). (C) Annual self-calibrating Palmer Drought Severity Index. (D) Syrian total midyear population. Based on the area mean of the FC as defined by the domain 30.5°N–41.5°N, 32.5°E–50.5°E (as shown in Fig. 2). Linear least-squares fits from 1931 to 2008 are shown in red, time means are shown as dashed lines, gray shading denotes low station density, and brown shading indicates multiyear (≥3) droughts.

On voit nettement que:
  • A- Les précipitations hivernales sont en continuelle régression
  • B- Les températures de surface (à ne pas confondre avec la basse troposphère...) sont en nette augmentation
  • C- L'indice PDSI est en très forte baisse, avec deux creux récents à quasiment -3 ce qui correspond à une sécheresse sévère
  • D- La forte augmentation de la population syrienne, bien que n'étant pas provoquée par le réchauffement climatique, est bien entendu un facteur de stress supplémentaire susceptible de provoquer des tensions liées à la gestion de l'eau

Abstract

Before the Syrian uprising that began in 2011, the greater Fertile Crescent experienced the most severe drought in the instrumental record. For Syria, a country marked by poor governance and unsustainable agricultural and environmental policies, the drought had a catalytic effect, contributing to political unrest. We show that the recent decrease in Syrian precipitation is a combination of natural variability and a long-term drying trend, and the unusual severity of the observed drought is here shown to be highly unlikely without this trend. Precipitation changes in Syria are linked to rising mean sea-level pressure in the Eastern Mediterranean, which also shows a long-term trend. There has been also a long-term warming trend in the Eastern Mediterranean, adding to the drawdown of soil moisture. No natural cause is apparent for these trends, whereas the observed drying and warming are consistent with model studies of the response to increases in greenhouse gases. Furthermore, model studies show an increasingly drier and hotter future mean climate for the Eastern Mediterranean. Analyses of observations and model simulations indicate that a drought of the severity and duration of the recent Syrian drought, which is implicated in the current conflict, has become more than twice as likely as a consequence of human interference in the climate system.

Donc:
  • Avant la révolte syrienne de 2011, le Croissant Fertile vécut la pire sécheresse depuis la mise en place des mesures instrumentales; un climatosceptique objectera immédiatement qu'avant les mesures instrumentales des sécheresses encore pire ont pu avoir lieu, ce qui est fort possible, cependant la population à ce moment n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui, donc les conséquences ne peuvent pas être comparées; par ailleurs il est fort probable que si de telles calamités ont bien eu lieu, elles n'aient pas entrainé de conflits mais simplement de nombreuses morts dues à la famine.
  • Evidemment la responsabilité première repose sur Bachar el-Assad, il est difficile de le nier; cependant ce sont bien les sécheresses sévères qui ont été les déclencheurs des révoltes en provoquant de massives migrations des campagnes vers les villes.

Ainsi dans le futur nous pouvons raisonnablement (!) nous attendre en Europe à une amplification des problèmes dus à des migrations massives de populations originaires du Moyen Orient ou d'Afrique, en raison des problèmes politiques, religieux et/ou sociaux grevant de nombreux pays, mais exacerbés par des conditions climatiques devenant de plus en plus pénalisantes pour leurs populations.

Et ces conditions climatiques n'auront pas grand chose à voir avec la variabilité naturelle du climat.

Et Philippe Verdier, pour qui "La France, pays parmi les moins touchés par le changement climatique, bénéficie des avantages du réchauffement", est bien naïf de croire qu'il sera, lui ou ses descendants, épargné par les conséquences du réchauffement climatique global; quand de pauvres hères à la peau sombre viendront frapper à sa porte, leur dira-t-il d'aller se faire voir ailleurs?






 

Les élus républicains agissent contre la volonté de leurs électeurs

Selon motherjones, un site américain indépendant non lié à aucun parti ou idéologie (mais qui tape surtout sur les républicains, parce qu'ils le méritent peut-être davantage que les démocrates...), les élus républicains de 26 états attaquant en justice l'EPA (l'agence américaine de protection de l'environnement) se voient désavoués par une majorité de leurs électeurs.

Ce graphique parle de lui-même:


Le titre signifie: Support du public (i.e. pourcentage des personnes sondées dans chacun de ces états par l'institut Yale) pour fixer des limites strictes sur les usines de production d'électricité fonctionnant au charbon dans les 26 états attaquant l'EPA afin de mettre un terme au programme (i.e. programme de Barack Obama visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre en provenance du charbon)

Extraits:
  • The new regulations will require many states to reduce their use of coal, the dirtiest form of energy, in an effort to slash greenhouse gas emissions from the power sector by about a third by 2030
  • Almost immediately, the plan came under a barrage of legal attacks from two dozen coal-dependent states, almost all led by Republican governors and attorneys general. Meanwhile, Republican members of Congress introduced legislation to overturn the plan.
  • Except that, [...] according to new polling by Yale University's Project on Climate Change Communication, which found that 61 percent of residents in the states suing the Obama administration support tight limits on emissions from coal-fired power plants.
  • Makes you wonder whose interests all these governors, attorneys general, and legislators are really representing.
Le dernier extrait pose une question (quels sont les intérêts que tous ces gouverneurs, ministres de la justice et législateurs représentent réellement?)  qui trouve sa réponse dans la question elle-même.

Pour être précis à l'attention de ceux qui auraient du mal à comprendre, ces élus représentent essentiellement les intérêts de ceux qui les paient ou ont payé pour les amener au pouvoir, et non ceux des électeurs qui ont voté pour eux.

Ce n'est donc pas étonnant que les élus républicains soient en majorité climatosceptiques, leurs principaux donateurs étant les industries qui polluent le plus.

En France, où les règles de financement des partis politiques (et des candidats aux élections en général) sont strictement encadrées, on ne voit pas ce genre de dérive, et le climatoscepticisme n'est de mise dans aucun parti (sauf au FN...), donc ceux qui s'expriment de manière négative (j'allais dire négationniste) le font par conviction idéologique plutôt que par intérêt financier (bien que certains aient en fait un intérêt financier à vendre un maximum de leurs bouquins...)

Les climatosceptiques français sont donc pour l'essentiel des idiots utiles:
  • idiots, car ils ne comprennent pas (ou ne veulent pas comprendre) les faits scientifiques qui ne datent pourtant pas d'hier, et/ou se laissent guider par leur idéologie (principalement néolibérale) qui leur fait croire à une grande conspiration des écologistes menés par Greenpeace et Al Gore (je résume pour faire court) et ayant conduit à la création du GIEC qui serait un organisme, selon eux, gouverné par les politiques dictant aux scientifiques ce qu'ils doivent écrire dans leurs rapports...
  • utiles, car ils apportent bénévolement de l'eau au moulin de ceux qui ont réellement le pouvoir de freiner autant que possible toute régulation permettant de diminuer les émissions de gaz à effet de serre ou de mener une transition énergétique efficace.

Les charlatans français ne sont pas si nombreux, pour les reconnaître il suffit de se demander quel profit ils peuvent tirer de leur engagement dans le climatoscepticisme (un indice: il s'agit d'auteurs d'ouvrages tournant autour du "mythe climatique")




 

jeudi 5 novembre 2015

Xavier Denamur, un chef qui s'engage

Le dernier numéro de l'Expansion consacre son "grand entretien" au restaurateur Xavier Denamur, que je n'avais jusqu'à présent pas l'honneur de connaître.

 N'étant pas particulièrement attiré par la "bouffe", qu'elle soit grande, bonne ou autre (ma devise serait plutôt du style "il faut manger pour vivre et non vivre pour manger") je ne suis pas en principe séduit par les articles consacrés à la nourriture, sauf s'il s'agit de diététique, et encore...

Mais dans le cas présent j'ai été agréablement surpris par ce que j'ai pu lire dans cet entretien, dont voici quelques extraits (mes commentaires en italique) :

  • Xavier Denamur [...] à quelques semaines de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques, [...] dénonce les pratiques peu ragoutantes du milieu de la restauration, les ravages de l'agriculture conventionnelle qui pollue la planète, mais aussi l'hypocrisie de la grande distribution et le double discours des hommes politiques à l'égard du monde agricole. [...]
  • "Arrêtons de vouloir concurrencer l'Allemagne, la Chine ou le Brésil. On n'y arrivera pas" [...]
Voilà le problème posé en quelques mots bien sentis et sans langue de bois (et je rappelle que nous sommes dans l'Expansion, journal écolo-communiste comme tout le monde sait...) 

Petite parenthèse pour compléter le côté "pratiques peu ragoutantes" : le livre Vous êtes fous d'avaler ça! que je vous recommande chaudement.

  • S'il le décide, un agriculteur peut choisir de passer au bio, et créer un écosystème en fédérant autour de lui d'autres agriculteurs qui vont, à leur tour, basculer dans autre chose que l'agriculture conventionnelle, chimique et forcément nocive. [...]
  • [...] Mais il faut pour cela que les agriculteurs réussissent à briser le lien de dépendance noué avec les coopératives qui poussent à consommer des produits phytosanitaires et les chambres d'agriculture inféodées à la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). [...]
En quelques mots tout est dit; et cela peut parfaitement s'appliquer à d'autres domaines, comme l'industrie pharmaceutique ou les industries "fossiles" (pétrole, charbon, gaz), où les intérêts en jeu sont tellement importants que quelques puissantes corporations parviennent à asservir la quasi totalité de l'humanité en la dopant à la consommation de masse: la bagnole et le pétrole, l'électricité à volonté et le charbon, les maladies imaginaires (le "mauvais cholestérol" par exemple) et les pharmaciens, la malbouffe et l'agriculture conventionnelle couplée à la grande distribution avec la complicité des chimistes, etc.

A noter le terme "produits phytosanitaires" qu'emploie Xavier Denamur, parce qu'il est poli et évite de parler de pesticides, mot politiquement incorrect mais pourtant tellement plus juste et parlant.

  • On nous a embarqués dans un système de production intensif, écrit dans les années 60, où tout était axé sur la spécialisation et l'export. Résultat, on a abouti à une agriculture qui pollue, des élevages hors-sol, des cultures sous-serres...[...]
  • Il faut que la COP21 soit l'occasion de revoir entièrement notre façon de travailler.
D'autres, comme Naomi Klein dans son livre Tout peut changer, pensent qu'il faudra se défaire du système capitaliste néo-libéral actuel si l'on veut que les choses évoluent dans le bon sens; il faut malheureusement avouer que cela serait effectivement nécessaire, pour ne pas dire indispensable. Cependant on est en droit de douter que la COP21 parvienne à un tel résultat...

Là aussi le "système de production intensif" ne s'applique pas qu'au domaine agricole, tout le monde l'aura bien compris (sauf les habituels naïfs qui pensent par exemple que le progrès technique règlera tous nos problèmes)

  • Les coûts directs de production de l'agriculture biologique sont plus élevés, c'est certain. Mais si on prenait en compte tous les coûts sociaux et environnementaux de l'agriculture conventionnelle, la balance pencherait certainement de l'autre côté.
Remplacez "agriculture biologique" par "énergies renouvelables" et "agriculture conventionnelle" par "énergies fossiles" et vous obtenez ceci: "Les coûts directs de production des énergies renouvelables sont plus élevés, c'est certain. Mais si on prenait en compte tous les coûts sociaux et environnementaux des énergies fossiles, la balance pencherait certainement de l'autre côté." Ce qui garde tout son sens.

  • [...] ce sont surtout les industriels comme Xavier Beulin (PDG de Sofiprotéol et président de la FNSEA) qui vont bénéficier [du CICE], alors que mon producteur de volailles en liberté va toucher des clopinettes.
Là encore, le parallèle avec les énergies fossiles qui engrangent 4 à 5 fois plus de subventions que les renouvelables est criant...

  • Les gouvernements successifs n'ont pas empêché la majorité des agriculteurs de s'enfoncer dans la misère et le surendettement.
On peut par conséquent douter de la volonté des politiques de faire bouger les choses également en matière climatique; ce qui est comique c'est que les climatosceptiques n'arrêtent pas de nous seriner que ce sont les politiques qui sont aux manettes des régulations en matière climatique, alors que tout montre qu'ils sont lamentablement incompétents et incapables (jusqu'à présent du moins, nous verrons bien après la COP21...) de réduire nos émissions de CO2.
  • Les effets sur la santé [des pesticides] s'observent sur deux ou trois générations. On aura une idée de l'effet cocktail des pesticides, des additifs et des métaux lourds, dans vingt, trente, quarante ans. Faut-il attendre pour réagir?
Quelle magnifique conclusion à cet entretien!

On ne manquera pas de rapprocher "les effets qui s'observent sur plusieurs générations" avec ce qui nous attend en matière de changement climatique; les climatosceptiques affirment qu'il ne faut pas s'inquiéter car nous ne subissons pas actuellement de véritable "catastrophe climatique", si l'on excepte les quelques événements (sècheresse, incendies, inondations...) qu'il est encore difficile d'attribuer clairement au changement climatique.

Faudra-t-il donc attendre deux ou trois générations que les effets néfastes se fassent vraiment sentir, et nous impactent de manière tellement négative que nul ne pourra les nier, afin de commencer à réagir?

En sachant que l'inertie du climat est telle qu'à partir du moment où nous commencerons à réagir les températures continueront de monter pendant encore très, très longtemps...

 

Charles Koch espère un retour sur investissement!

Si vous êtes un climatosceptique français et avez des doutes (après tout pourquoi pas puisque vous êtes sceptique) sur ce qui motive certaines personnes à nier des faits scientifiques, comme par exemple, au hasard, le réchauffement climatique provoqué par l'homme, alors la dernière déclaration publique de Charles Koch devrait éclairer votre lanterne!

Et si vous ne croyez pas le New York Times, peut-être que de l'entendre de la bouche même de Koch arrivera à vous convaincre?

Si vous n'êtes toujours pas convaincu que le climato-scepticisme est alimenté par ce genre d'individus, alors c'est que vous êtes irrémédiablement irrécupérable.

*****

Extraits de l'article du NYT :
  • Charles G. Koch, the billionaire conservative businessman and philanthropist, defended the flow of giant donations into political campaigns, saying in an interview on Tuesday that he hoped that money from wealthy contributors would help persuade candidates to end corporate welfare.
Comme s'il n'y avait que la sécurité sociale qui était concernée...
  • [...] Mr. Koch [...] is helping raise hundreds of millions of dollars this year for conservative political and philanthropic causes, some of which will come out of his own pocket. In return, Mr. Koch said, he hoped to see government officials adopt policies that would limit interference in the free market.
Ah la main invisible du libre marché qu'il ne faut surtout pas perturber par la moindre régulation ou interférence!
  • “I expect something in return,” Mr. Koch said. “I would love to have the government stop this corporate welfare. That’s what I want. I want the government to, to let companies, or require that companies only profit by helping make other people’s lives better. That’s what I want and that’s what I’m working for.”
Et évidemment, on peut (on doit) faire confiance aux entreprises privées, et surtout à leurs dirigeants et actionnaires, pour faire ce qui est bien pour l'humanité!

Et assez étonnant :
  • Mr. Koch spoke at length about his political philosophy, noting that he and his brother had both voted for Democrats in the past and criticized the presidency of George W. Bush.
    Mr. Bush, Mr. Koch said, had been “one of the biggest spenders of all-time, created more destructive regulations,” and pulled the United States into “counterproductive wars that made no sense to me at the time.”
Et en plus ils prennent les gens pour des imbéciles en faisant croire qu'ils ont voté démocrate...
 
*****

Pour aller plus loin avec Charles Koch, cet article du Guardian découpe en petits morceaux ses assertions au sujet du changement climatique qui sont réfutées point par point.

Et sur un plan plus général, Drexel University, daté de décembre 2013, sur le financement du climato-scepticisme, avec cet intéressant passage:
  • The data also indicates that Koch Industries and ExxonMobil, two of the largest supporters of climate science denial, have recently pulled back from publicly funding countermovement organizations. Coinciding with the decline in traceable funding, the amount of funding given to countermovement organizations through third party pass-through foundations like Donors Trust and Donors Capital, whose funders cannot be traced, has risen dramatically.
Ainsi les Koch se sont "retirés" officiellement du financement en nom propre, mais dans le même temps les dons anonymes ont explosé!


 

mardi 3 novembre 2015

Science & Vie - Dossier spécial climat - Le tour de France des régions

Le dernier numéro de Science & Vie est essentiellement consacré au changement climatique qui affectera la France dans les prochaines décennies.

Certaines conséquences du réchauffement (qui sera moindre en France que dans d'autres parties du monde) seront positives (i.e. bénéfiques) et d'autres négatives.

Voici quelques extraits (en gras) de l'introduction écrite par Vincent Nouyrigat, avec quelques commentaires de ma part :

  • Depuis maintenant plusieurs décennies les indices s'accumulent dans tous les coins de l'hexagone.
En fait on sait parfaitement, depuis les années 1940, que le CO2 est un gaz à effet de serre et qu'il participe au réchauffement climatique; voir ceci avec cet extrait :
    • Dans les années 1940, il y eu un développement de la spectroscopie infrarouge pour mesurer les radiations à grande longueur d'onde. A cet époque, on a prouvé que l'augmentation de la quantité de dioxyde de carbone a eu comme conséquence plus d'absorption des radiations infrarouges. On a aussi découvert que la vapeur d'eau absorbait des types de radiation totalement différentes que le dioxyde de carbone. Gilbert Plass résuma ces résultats en 1955. Il conclut qu'une addition de dioxyde de carbone dans l'atmosphère interceptait les rayons infrarouges qui, autrement, se perdrait dans l'espace, réchauffant ainsi la planète.
Tout ceci n'est donc pas nouveau et il est parfaitement compréhensible que des effets se soient faits sentir non seulement en France, objet de l'article de S&V, mais sur toute la planète.

  • En Lorraine, les semis de blé sont effectués un mois plus tôt qu'en 1970; dans le massif du Mont-Blanc, il faut descendre chaque année une dizaine de marches supplémentaires pour accéder à la Mer de glace; à Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse), les vendanges ont été avancées d'environ trois semaines depuis les années 1950; dans le Maine-et Loire, les pommiers fleurissent une semaine plus tôt que dans les années 1990[...]
Pour la Mer de glace voici une belle démonstration de son recul depuis l'an 1644 :
On distingue à peine le niveau actuel tellement il est bas...

  • [...] la température moyenne dans notre pays s'est élevée de 1° sous l'effet des émissions industrielles. "cela n'a peut-être l'air de rien, mais cet écart représente 20% de la différence thermique séparant une période de glaciation d'une période "normale", relève Eric Brun,[...] de l'Onerc, [...]
Voir aussi mon article sur Emmanuel Le Roy Ladurie pour prendre conscience des grandeurs températures/niveau des océans.

  • [...] "Une hausse de la température de 1°C correspond, pour des régions comparables, au déplacement du climat de 180 km vers le nord ou de 150 m plus haut en altitude", enchaine Serge Planton, directeur de recherche au Centre national de recherches météorologiques.
  • [...] L'inertie du système climatique est telle qu'il n'est plus possible d'infléchir la tendance d'ici à 2050, lance Eric Brun. [...]
  • Peut-être plus que son ampleur, c'est la vitesse du changement à venir qui interpelle: "Dans les cinquante prochaines années, nous devrions encaisser à peu prés le même échauffement que lors du siècle dernier", pointe Serge Planton.[...]
Voilà donc des ordres de grandeur et des notions à avoir en tête quand on parle du réchauffement climatique actuel, afin de contrer les arguments du genre "le climat a toujours changé"...
  • Bonne nouvelle: l'adaptation au nouveau climat est justement devenue un objet de recherche en soi.
  • [...] Inutile, pour autant, de céder au catastrophisme: les Français sont loin d'être les plus mal lotis face au changement climatique. [...]
  • Quoi qu'on en pense, le surplus de CO2 présent dans l'atmosphère stimule la croissance de nombreux végétaux! [...]
Comme quoi il n'est pas toujours question de catastrophisme comme tentent de nous le faire croire les climatosceptiques.

Cependant, les bénéfices à court terme peuvent se changer en effets négatifs à long-terme: voir par exemple cet article de skepticalscience (en français)
    • Les avantages dont bénéficient les plantes en présence d’un excès de CO2 sont contrebalancés par les effets négatifs de la sécheresse, les mauvaises herbes et les températures élevées.
    • Le réchauffement climatique réduit la productivité des plantes. Avec l'augmentation du taux de dioxyde de carbone, la végétation des latitudes nordiques augmente également. Toutefois, cela ne compense pas la baisse du couvert végétal des latitudes sud. La végétation globale diminue à travers le monde
    • En conclusion, continuer à ajouter du CO2 dans l'atmosphère est irresponsable. À partir d’un certain point, on peut s'attendre que n’importe quel impact positif théorique sur l'agriculture d’un excès de CO2 soit contrecarré par toutes les autres conséquences du changement climatique
Après l'article introductif suivent les articles concernant chaque grande région de France, avec parfois des effets positifs, et souvent des effets négatifs.

Exemples d'effets positifs, négatifs et neutres...:

Positif
  • des oiseaux exotiques vont faire leur apparition
  • les vaches vont aimer les nouveaux pâturages!
  • les avalanches moins meurtrières
  • prolifération du gros gibier (avantage pour les chasseurs!)
  • la betterave à sucre va profiter de la chaleur
  • le Nord, future région touristique
  • la Bretagne pourrait devenir une région viticole
  • la canne à sucre de la Réunion se reconvertit dans l'électricité
Négatif
  • maladies tropicales
  • rails et routes vont mal supporter la chaleur
  • les façades historiques vont souffrir
  • des pénuries d'eau à redouter
  • la chenille processionnaire remonte vers le nord
  • "fin" de la neige en montagne (pour les sports d'hiver)
  • l'ambroisie provoquera davantage d'allergies
  • les sommets alpins deviendront inaccessibles (ou du moins beaucoup plus dangereux)
  • les glaciers en voie de disparition
  • menaces sur les maisons (rétractation des sols argileux)
  • le chêne pourrait disparaître
  • inondations accrues dans le nord-est
  • les sous-sols menacés de s'effondrer (là où l'homme a creusé...)
  • la pollution va s'amplifier
  • guerre de l'eau dans le sud-est
  • intempéries plus violentes dans le sud-est
  • perte de la Camargue?
  • menaces sur les vins de bordeaux
  • le chikungunya s'installe dans le sud-ouest
  • la forêt des Landes plus inflammable (mais plus productive)
  • le marais poitevin menacé
  • les coraux de Nouvelle-Calédonie vont encore souffrir
  • les Antilles n'échappent pas à la montée des eaux
Neutres
  • les villes vont devoir repenser leurs modèles d'urbanisme
  • le Rhône ne rencontrera pas de problème d'alimentation
  • le sorgho remplace le maïs

Ce ne sont que quelques exemples que j'ai trouvés significatifs, mais libre à vous d'acheter le numéro de S&V afin d'avoir une vue plus complète des différentes conséquences du réchauffement climatique prévu en France dans le proche futur.

*****

Pour aller plus loin :
  • Echogeo : La climatologie française, la modélisation des climats et le réchauffement climatique : la climatologie en question, par Pierre Pagney, Professeur Émérite à la Sorbonne (Université Paris IV)
  • 23dd.fr : Histoire de la découverte du réchauffement climatique : l'effet de serre et le CO2 (IV)
  • France Culture : Quels seront les impacts du changement climatique sur la France ?

lundi 2 novembre 2015

Les projections d'Hansen-1988 confrontées à la réalité

Nick Stokes, selon son profil blogger, est un scientifique australien non spécialisé dans le climat mais intéressé par le débat sur le sujet.

Il intervient régulièrement sur le site de pseudo-science WUWT afin de rétablir un minimum de vérité chaque fois que la science est maltraitée (à mon avis il perd son temps, mais ça le regarde)

Il tient un blog très utile et documenté pour tous ceux qui veulent des informations objectives sur le sujet ; un de ses derniers articles portait sur les prédictions faites par James Hansen en 1988.

Il faut rappeler que James Hansen est l'un des climatologues les plus connus, il a été directeur du NASA/GISS de 1981 à 2013 (il a été remplacé par Gavin Schmidt) et a été un précurseur de l'idée que le changement climatique est d'origine humaine et a un caractère catastrophique (dans le sens que si rien n'est fait tout cela se terminera très mal pour les humains)

En 1988 donc James Hansen produisit ce graphique :


On y voit les températures réellement mesurées jusqu'en 1988 (trait noir continu) ainsi que 3 projections (et non prédictions ou prévisions) selon 3 scénarios différents :
  1. scénario A : émissions de CO2 les plus importantes (410 ppm en 2015)
  2. scénario B : émissions de CO2 médianes (406 ppm en 2015)
  3. scénario C : émissions de CO2 les plus faibles (369,5 ppm en 2015)

D'autres hypothèses comme des éruptions volcaniques entrent également en considération, et l'observation depuis 1988 jusqu'à aujourd'hui montra que la réalité se trouvait entre les scénarios B et C.

Tout d'abord regardons les 3 scénarios avec les températures UAH qui sont les plus comparables aux RSS que nous servent à l'envie les climatosceptiques afin de nous "prouver" qu'il n'y a pas de réchauffement depuis 18 ans :

Il y a des différences entre les UAH et les RSS que Roy Spencer a commentées dans cet article dans lequel on peut savourer cet extrait :
  • But, until the discrepancy is resolved to everyone’s satisfaction, those of you who REALLY REALLY need the global temperature record to show as little warming as possible might want to consider jumping ship, and switch from the UAH to RSS dataset.
Ainsi Roy Spencer, lui-même climatosceptique notoire, conseillait très explicitement à ses amis climatosceptiques d'utiliser plutôt RSS que UAH afin de "démontrer" qu'il n'y avait plus de réchauffement!

Quoiqu'il en soit, on peut tout simplement constater que les températures UAH sont parfaitement cadrées avec les projections de James Hansen, se situant entre les scénarios A et B pour le passé récent.

Mais comme les températures RSS et UAH sont calculées par des satellites et mesurent (indirectement et de manière imparfaite et sujette à caution) une partie de la basse troposphère, elles ne sont pas comparables aux mesures de la surface pratiquées à l'aide d'instruments plus ou moins conventionnels, c'est pourquoi il faut aussi, et surtout, regarder les autres mesures qui sont les suivantes :

Et là on s'aperçoit que James Hansen n'était pas si mauvais que cela dans ses projections!

La prochaine fois que vous verrez dans un site climatosceptique une phrase du type "les modèles climatiques se plantent et ne savent pas prédire le climat futur" souvenez-vous de ce graphique...











 

Subventions directes : énergies fossiles contre renouvelables

Selon le magazine Challenges, magazine hebdomadaire bien connu d'obédience marxiste-stalinienne, ascendant Corée du Nord, dans son numéro 451 du 29 octobre :
  • Les subventions directes aux énergies fossiles dépassaient les 500 milliards de dollars dans le monde en 2014, soit 4 fois les subventions aux énergies renouvelables.
Pourtant, l'Institut de recherches économiques et fiscales, membre du non moins célèbre (c'est à dire tout aussi inconnu) Collectif des climato-réalistes, nous assure sérieusement dans le résumé introductif d'un article d'avril 2014 (mes commentaires en italique) :
  • Contrairement aux mythes relayés par de nombreux responsables politiques et par une partie des médias, les énergies fossiles ne bénéficient pas de plus d’avantages que les énergies renouvelables. Bien au contraire. On va voir ce qu'on va voir!
  •  Il n’y a pas de subvention directe à l’industrie des énergies fossiles mais des déductions fiscales qui s’élèvent à (environ) 2.6 Mds d’euros (2011). C'est ignorer qu'en comptabilité internationale (normes IFRS) les déductions fiscales, comme le Crédit d'Impôt Recherche (CIR) sont considérées comme des subventions à déduire des dépenses correspondantes et non de l'impôt sur les sociétés ; notre "expert" est donc franchouillard.
  • En même temps, la fiscalité sur les énergies fossiles rapporte, en net, près de 34 Mds d’euros, 13 fois plus que les déductions d’impôts dont bénéficie l’industrie des énergies fossiles. On ne voit pas le rapport : le fait que la fiscalité rapporte à l'Etat en net n'empêche pas que les énergies fossiles ont bien bénéficié de subventions; sans celles-ci elles auraient rapporté encore plus à l'Etat!
  • Le prix de vente de l’énergie renouvelable est largement inférieur à son coût de production. Le coût de production de l’électricité photovoltaïque par exemple est au moins 5 fois plus élevé que celui de l’électricité nucléaire. Il s’agit d’une subvention déguisée. Et évidemment notre "expert" prend en compte tous les coûts cachés du nucléaire, notamment en cas de "problème", sans compter ce qu'il faudra engager pour le démantèlement...Par ailleurs si le coût des énergies renouvelables est supérieur pour le moment, il tendra forcément à diminuer avec le temps, les surcoûts actuels sont donc à considérer comme des investissements sur le futur plutôt  que comme des dépenses de fonctionnement (exemple avec le bois granulé, extrapolable à d'autres énergies renouvelables)
  • La dépense totale (subventions directes et allègements fiscaux) en faveur des énergies renouvelables s’élève à plus de 5 milliards par an.
  • Etude réalisée en collaboration avec P&J Conseil, cabinet d’analyse économique appliquée. (si c'est de ce PJ Conseil là dont il s'agit, son chiffre d'affaires pour 2014 s'est élevé à 18500 euros et son personnel s'élevait à...une seule personne...)
Dans la conclusion de l'article de l'IREF on peut notamment lire :
  • [...] il apparaît qu’une fois précisée la différence entre subventions et allègements fiscaux, les énergies fossiles ne bénéficient d’aucune dépense publique. Les montants considérés, a priori, comme subventions ne sont en réalité que des déductions fiscales et ne doivent donc pas être considérés comme des dépenses publiques en faveur des énergies fossiles. [...]
On croit rêver, mais non, on est bien éveillé : pour cet Institut (que le monde entier doit nous envier) une déduction fiscale, qui se traduit donc par un moindre impôt à payer, et donc par des recettes moindres pour l'Etat, n'est pas une subvention, n'est pas un cadeau fait à l'entreprise!

Bien sûr c'est le genre de raisonnement qui va circuler dans la presse néo-libérale et se retrouver par ricochet ou intrusion directe sur des sites comme Contrepoints ou Skyfall (dans des articles ou le long des commentaires)

Ou, pour le dire simplement, comment prendre les gens pour des cons.

Et ça marche avec certains.

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Pour aller plus loin, voir :
  • rapport de l'OCDE
  • étude du FMI
  • note du PNUE datant de 2008, dans laquelle on peut lire:
    • Dans le monde, près de 300 milliards de dollars ou 0.7 pour cent du PIB mondial sont alloués aux subventions énergétiques annuellement.
      La plus grande part du budget sert à abaisser ou réduire artificiellement le prix réel des combustibles comme le pétrole, le charbon et le gaz, ou l'électricité issue des combustibles fossiles