jeudi 30 juin 2016

Clowns à gogos

Les British ont leurs têtes d'affiche que la terre entière leur envie tellement elles sont drôles...
 




Mais n'oublions pas que les américains ont eux aussi leurs comiques troupiers, présents et passés...




Les russes, eux, ont eu le choix entre clown triste...


et clown alcoolisé (ou joyeux si vous préférez) ...



Quant aux nord-coréens ils n'ont pas vraiment choisi le type de comique qu'ils doivent endurer...



Finalement on l'aime bien notre président à nous...



Il est facile de se moquer, mais quand on regarde les autres, honnêtement...


PS - cela dit je ne pense pas que je revoterais pour lui s'il avait l'incongruité de se représenter, en fait je me demande pour qui je pourrais bien voter, finalement les chances qu'il fasse beau les jours de scrutin sont grandes et la montagne est si belle au printemps...


 

Winter is coming

La saison 6 de Game of Thrones s'est achevée en véritable apothéose.

Le plus surprenant avec cette série américaine, c'est qu'après 6 saisons de 10 épisodes chacune, soit 60 épisodes représentant environ une soixantaine d'heures pleines de rebondissements, on en soit encore à être tenus en haleine et à se demander ce qui va se passer dans les prochaines saisons !

Car prochaines (avec un s) saisons il y aura, et je ne peux pas imaginer qu'il ne reste plus que deux saisons 7 et 8 réduites à 13 épisodes en tout... même si malheureusement cela risque fort d'être le cas, les acteurs qui jouent depuis la première saison (si, si, il y en a) devant commencer à trouver le temps long pour certains.

Beaucoup de pronostics sont faits quant au devenir de quelques figures "légendaires" tels que Jon Snow et Daenerys Targaryen, que beaucoup verraient se retrouver au final et pourquoi pas se marier et occuper le trône de fer en duo, ce qui est tellement envisageable que c'en devient hautement improbable, les auteurs nous ayant habitués à nous surprendre constamment et à déjouer toutes les prévisions (du moins la majorité)

Personnellement mon petit doigt me dit que Samwell Tarly est appelé à jouer un rôle crucial dans la fin de la saga ; ce serait la revanche du lettré sur les guerriers et les fanatiques religieux, Samwell découvrant par ses lectures dans l'immense bibliothèque de la Citadelle le secret pour... pour... en fait j'en sais trop rien mais il va sûrement se passer quelque chose !

Cersei Lannister devrait durer jusqu'à la fin et mourir en beauté, comme elle a vécu tout au long de la série ; à moins qu'elle ne soit la seule survivante et que ce soit cela sa véritable punition : se retrouver toute seule dans un champ de ruines face aux marcheurs blancs...


Quant à Sansa Stark, va-t-elle enfin se décider de s'allier à Petyr Littlefinger Baelish pour conquérir le trône de fer et le ravir à Cersei et Daenerys, elle qui voulait toute petite fuir sa campagne pour aller vivre en ville avec son prince charmant, l'odieux Joffrey Baratheon ? A coup sûr ça serait assez étonnant, mais justement, parce que ça serait étonnant ça peut tout à fait être ce qui va se passer !

Et Arya Stark dans tout cela ? Sa capacité de changer son visage à volonté et de tuer sans état d'âme nous promettent encore de bons moments, mais difficile de savoir quel rôle exact elle jouera, à part tuer et tuer et toujours tuer...

Impossible ici de passer en revue tous les autres personnages (Tyrion, Brienne, Jaime, les frères Clegane, Mélisandre, Davos, Theon et Asha, Bronn, Bran, Jorah, Lady Olenna (Diana Rigg, l'inoubliable Emma Peel de Chapeau melon et bottes de cuir !), Varys, Qyburn, Gendry, et quelques autres que j'oublie et qui sont toujours en vie, mais pour combien de temps ?

Ce qu'on peut quand même assurer c'est que ça va saigner et que les baffes vont pleuvoir !


Pour se fixer les idées et faire une brève synthèse des personnages principaux, si cela est vraiment possible tant on a le tournis dans l'enchevêtrement des liens qui les unissent tous plus ou moins, voici un aide mémoire tiré du blog officiel de Game of Thrones :


Bon courage pour mémoriser cette infographie, interrogation écrite pour la prochaine fois.




 

mercredi 29 juin 2016

Statistiques sur le Brexpschitt

Il est quand même un peu ballot (et ridicule) d'avoir adhéré à reculons (c'était en 1973) à ce que l'on appelait alors la Communauté économique européenne (CEE) et qui est devenue l'Union européenne (UE) en 2003, pour finalement décider en 2016 de sortir mais sans trop savoir comme procéder ni quelles en seront réellement les conséquences.

La faute aux anglais bien sûr mais aussi à ceux qui étaient déjà dans la Communauté et qui ont permis cette mascarade.

On a fait encore mieux (ou pire si l'on veut) en élargissant généreusement l'Union a quasiment tous les pays qui en faisaient la demande, et il ne faut pas s'étonner donc que tout ce bazar qu'est devenue l'Union (ou la Désunion comme il vaudrait mieux l'appeler maintenant) prenne l'eau de toutes parts, aidée en cela par les partisans de l'Ecole de Chicago qui lui ont mis une bonne dose de néolibéralisme dans le réservoir.

Mais quand on commence un travail il est souvent plus utile de le terminer en améliorant ce qui peut l'être et pas en détruisant ce que l'on a fait en espérant que revenu à la case départ tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Ainsi l'Union a des marge d'améliorations immenses, la seule chose qui manque étant la volonté politique et des hommes et femmes ayant la stature suffisante (et le courage aussi) pour mener à bien les réformes nécessaires.

Mais quand on voit Hollande se comporter comme un libéral et oublier les fondements du socialisme (les a-t-il jamais appris?) on entrevoit l'ampleur de la tâche et la longueur du chemin qui reste à parcourir.

Tout cela pour dire que l'Union étant ce qu'elle est vouloir la quitter comme l'ont montré les anglais et les gallois par ce référendum n'est pas très malin ni très productif, les partisans du Leave s'en rendront vite compte (sauf ceux atteints de déni comme les climatosceptiques et les extrémistes de droite ou de gauche)

Il est cependant intéressant de savoir qui vraiment a voté pour quoi lors de ce référendum, et c'est là qu'un certain Lord Ashcroft nous renseigne utilement sur son site lordashcroftpolls.com.

Lord Ashcroft a sondé 12 369 personnes après qu'elles aient voté et en a tiré un nombre impressionnant d'informations que l'on pourra consulter dans son dernier billet, je ne reprendrai donc que quelques uns de ses graphiques.

Tout d'abord celui-ci en introduction :


Cela confirme ce que j'avais déjà indiqué précédemment, à savoir que ce sont essentiellement les jeunes qui veulent rester dans l''Union, à comparer avec cet autre sondage qui fournit ce tableau révélateur :

Donc les vieux ayant voté pour le Brexit seront ceux qui supporteront le moins longtemps les conséquences de leur inconséquence !

Mais il faut le rappeler, comme le sous-entend Jacques Sapir les jeunes manquent de maturité, ils apprendront en prenant de la bouteille !

Plus intéressant (ou inquiétant...) encore est le nom du Premier ministre que les votants voient succéder à David Cameron :



Imaginez un seul instant que ce soit bien Boris Johnson qui succède à David Cameron, et que dans quasiment le même temps les américains élisent Donald Trump (on peut bien cauchemarder) puis les français Nicolas Sarkozy bis (pour Marine Le Pen c'est encore un peu trop tôt, il faudra patienter un peu), nous aurions, avec Vladimir Poutine en Russie, Narendra Modi (un pur et dangereux nationaliste) en Inde, Xi Jinping (un idéologue ennemi de la démocratie) en Chine plus quelques autres que je ne vais pas citer ici (la liste serait très longue) une belle brochette d'hommes politiques qui feront passer Angela Merkel pour une humaniste méritant le prix Nobel de la paix (elle ne pourrait que l'obtenir par effet de contraste, un peu selon le principe du bad cops/good cop)

Mais l'un des graphiques les plus parlants est peut-être celui-ci :

Ici on voit bien l'angle purement nationaliste, je dirais même Lepéniste, du vote Leave, plus des trois-quarts ayant voté pour le Brexit se considérant avant tout comme anglais pure souche, à ne surtout pas mélanger avec écossais et irlandais (les gallois ça peut passer?) ces bâtards sous-développés juste bons pour émigrer en Amérique ou être exploités dans les usines anglaises (ah non, ça ce devait être au 19ème siècle) ; sans surprise les partisans du Remain se considèrent très majoritairement comme britanniques avant d'être anglais (on ne va pas leur demander quand même de se considérer comme européens, faut pas trop pousser là...)

Un autre graphique qui se passerait presque de commentaire :
Donc Leave = rejet de l'autre (#multiculturalisme et immigration) entre autres choses.

On pourrait très certainement ajouter que Leave = climatoscepticisme, tellement on voit d'analogie dans ce sens.


Il serait également instructif qu'à intervalles réguliers (disons d'une année) ce même type de sondage soit effectué afin de constater l'évolution dans le temps.

Mais même si de plus en plus de britanniques ayant voté avec les pieds changent d'avis, cela n'aura aucun effet, le coup est parti et rien ne sera plus comme avant.



 

dimanche 26 juin 2016

Le Brexit vu par Sapir

Que les britanniques aient eu raison ou tort de voter majoritairement pour une sortie de l'Union européenne est une question digne d'intérêt, en fait peu de gens ont une idée claire de ce que seront les années prochaines quant aux conséquences de ce choix ; intuitivement je pense qu'il s'agit d'une très mauvaise décision dont les effets à moyen ou long terme peuvent être dévastateurs, non seulement pour le Royaume Uni mais aussi pour l'Union européenne qui n'avait pas besoin de cela pour plus mal se porter !

Mais quand un économiste ayant pignon sur rue se permet de donner son avis avec une orientation biaisée, on est en droit de se poser quelques questions.

Ainsi quand Jacques Sapir, russophile et eurosceptique convaincu (il milite pour une sortie de l'euro, pourquoi pas), publie un billet à chaud sur le sujet il est intéressant de se pencher sur ses "arguments".

Sous le titre BREXIT (et champagne) il nous donne son point de vue dont nous allons examiner quelques éléments.

  • Le vote du jeudi 23 juin est un moment historique capital. Il est aussi un grand moment pour la démocratie.
On a du mal à voir en quoi le référendum britannique sur la sortie de l'Union européenne constitue un "grand moment pour la démocratie".

Jacques Sapir ne saurait-il pas (ou feindrait-il de l'ignorer ?)  que David Cameron avait fait la promesse de ce référendum durant sa précédente campagne afin de s'assurer le soutien du parti de droite (extrême) UKIP dont le leader, Nigel Farage, est un admirateur de notre Marine Le Pen nationale ?

Par ailleurs, quand on sait que le Brexit a été activement supporté depuis de très longues années par les tabloïds anglais (surtout The Sun et The Daily Mail) qui touchent infiniment plus de lecteurs que des titres comme The Guardian ou The Financial Times, réservés, eux, à une "élite" cultivée et cosmopolite, on se demande ce qui se passe dans la tête de Jacques Sapir quand il évoque un processus démocratique essentiellement basé sur un électorat accro à une presse people des plus rétrogrades qui soit dans le monde...

A mon avis cela s'appelle du populisme, c'est-à-dire ce qu'il y a de plus détestable dans un processus démocratique.

  • En votant à 51,9% pour une sortie de l’Union européenne les électeurs britanniques ont donné une leçon de démocratie au monde, et à votre humble serviteur, et probablement changé notre futur.
Effectivement, quand on envisage les futures élections américaine et française, avec des individus comme Donald Trump et Marine Le Pen venant jouer dans la cour des grands au risque d'être soit élus soit de simplement peser négativement dans les débats, on peut considérer avec Jacques Sapir que le référendum britannique tel qu'il s'est tenu est bien "une leçon de démocratie" à l'attention de ceux qui justement veulent saper (et pas sapir) les fondements de nos démocraties (qui, faut-il le rappeler, sont les systèmes politiques les plus mauvais à l'exception de tous les autres...)

  • Il faut ici saluer la décision du Premier-ministre britannique, M. David Cameron, de laisser les positions divergentes s’exprimer, que ce soit au sein du parti conservateur ou au sein du gouvernement.
Ben oui, quand on est un eurosceptique affirmé comme Jacques Sapir on ne peut que "saluer la décision" inepte de David Cameron qui s'est tiré une balle dans le pied en toute beauté en voulant tout bonnement se faire réélire et en croyant que la promesse de référendum ne l'engagerait pas tant que cela puisqu'il était persuadé que le Remain l'emporterait ! Et Cameron est un joueur né comme les aime apparemment Jacques Sapir, dont on pourra également se demander dans quelques années Que reste-t-il de Jacques Sapir ?
    • David Cameron, Premier ministre de sa toujours gracieuse Majesté et parieur fou  qui pour la deuxième fois en deux ans a fait « tapis » mais qui, cette fois, a tout perdu.
    • Cameron est l’archétype du mec super brillant à l’efficacité politique redoutable. Pour arriver haut et vite il utilise la seule méthode qui marche, celle des coups politiques. Il tente, risque tout et gagne encore et toujours …
    • L’homme aime prendre des risques : s’allier avec les Lib Dem de Nick Clegg en 2010 alors qu’ils étaient ses plus farouches adversaires, donner une chance aux Écossais de devenir indépendants en 2014 en organisant un référendum gagner de justesse, faire voter le mariage gay par une majorité de droite …
    • Cameron est un parieur fou ! Il le démontre encore en janvier 2013, apparaissant à la une de The Economist, grimé en joueur de poker, cigare à la bouche et grosse bague à la main, verre de whisky sur la table.

    • Le Premier ministre britannique vient tout juste de jouer son va-tout : il promet, s’il est réélu en 2015, d’organiser un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne.
Saluons donc tous ici avec Jacques Sapir le grand parieur fou David Cameron qui a donné une leçon de démocratie à la terre entière !

  • De même il convient de saluer la maturité des électeurs britanniques ...
Il faut ici se pincer pour se persuader qu'on ne rêve pas en lisant Jacques Sapir nous vanter la "maturité des électeurs britanniques" !

En fait il n'a pas tout à fait tort quand il parle de "maturité" si l'on considère ce mot comme synonyme de grand âge et de quasi-sénilité ; voyons quelques statistiques sur les votes exprimés :
  • 66% des 18-24 ans ont voté «in»
  • 58 % des 50-64 ans ont opté pour le «out», et 62% des plus de 65 ans.
  • dans les villes étudiantes comme Cambridge, Oxford, York, Liverpool, Manchester ou Bristol, le «remain» est arrivé largement en tête.
Mais il est vrai que les 18-24 ans manquent de maturité, ils auront celle-ci uniquement dans 20 ou 30 ans quand leurs ainés qui ont voté pour le Leave seront morts et n'auront plus à subir les conséquence de leur manque de lucidité ; bonne chance aux futurs ex-jeunes immatures qui auront à gérer l'inconséquence des lecteurs du Sun.

  • On a pu remarquer comment les milieux financiers faisaient une campagne hystérique pour que le Royaume-Uni reste dans l’Union européenne.
Oui bien sûr, on peut comprendre Jacques Sapir que j'approuve entièrement sur ce point là, les milieux financiers méritent ce qui leur arrive, il ne leur restera plus qu'à émigrer sur Francfort s'ils veulent continuer à nous embobiner avec leurs magouilles, ce qu'ils ne se priveront pas de faire Brexit ou pas Brexit. Et est-il vraiment certain qu'avec la sortie du Royaume Uni de l'Union européenne les "milieux financiers" tant honnis (à juste titre) par Jacques Sapir quitteront la City de Londres ? Wait and see...

  • Mais, on a pu aussi voir que les électeurs ne se laissaient pas outre mesure impressionner par l’argent ni les arguments d’autorité déversés dans les médias.
Celle-là elle est bien bonne et il faudrait l'encadrer ; les électeurs (enfin, certains électeurs, les vieux et les ruraux) ne se seraient pas laissé impressionner par les arguments déversés par The Sun ou The Daily Mail ? Vraiment ?

  • L’agitation sur les marchés financiers va durer quelques jours, puis va se calmer quand les opérateurs prendront actes du fait que ce vote n’interrompra certainement pas les flux de marchandises ni la production. La Norvège et la Suisse ne font pas partie de l’UE et ne s’en portent pas mal, si l’on en croit les statistiques économiques.
Ici Jacques Sapir se transforme en madame Irma, prédisant que la sortie de l'Union européenne n'aura finalement pas d'impact sur l'économie du Royaume Uni (d'ailleurs quel Royaume Uni, avec ou sans l'Ecosse et l'Irlande du Nord ?), ce qu'il ignore en fait complètement comme la totalité des économistes qui ne savent jamais que bien prévoir ce qui s'est déjà passé.

Et de voir encore une fois un économiste tel que Jacques Sapir citer la Norvège et la Suisse en exemple de pays qui "ne se portent pas si mal d'être en dehors de l'UE" ne peut que jeter le discrédit sur cette profession d'économiste qui ressemble de plus en plus à une discipline ésotérique où les affirmations d'autorité remplacent les théories et hypothèses que l'on rencontre dans les véritables sciences comme la physique ou la chimie.

Il suffit de comparer la population de ces deux pays avec celle d'autres pays comme la France ou le Royaume Uni pour s'apercevoir qu'on ne parle pas vraiment de la même chose ; idem avec des pays comme le Danemark ou l'Islande souvent cités en exemple dans telle ou telle circonstance ; mais c'est vrai que l'économie d'une ville comme Carcassonne est parfaitement comparable avec celle d'une métropole comme Marseille ou Lyon, et que dire du budget de Pézenas si on le compare avec celui de Paris, c'est exactement pareil ma pauvre dame !

  • Le vote britannique ne survient pas par hasard et c’est un tribut à l’ampleur du déni de réalité des élites européistes que ce vote ait pu constituer une telle surprise.
Ici je ne donnerais pas totalement tort à Jacques Sapir, nous n'avons pas les hommes et femmes politiques que nous mériterions au niveau européen, mais en vérité la faute à qui ?

Si les "élites européistes" qu'évoque Jacques Sapir sont celles que nous avons élues pour nous représenter, qui doit-on sermonner ? Idem avec Patrick Balkany qui est sans cesse réélu avec toutes les casseroles qui lui pendent au cul, qui est le véritable responsable sinon l'électeur qui met son bulletin dans l'urne et le reconduit dans ses fonctions ? De la même façon qui doit-on blâmer si nos "élites européistes" qui siègent à Strasbourg ne sont pas à la hauteur, sachant que nous n'y envoyons que des seconds couteaux ou des responsables politiques eurosceptiques avérés tels que les Le Pen père et fille ?

Quant aux fonctionnaires de Bruxelles, peut-on les qualifier d'élites européistes, eux qui ne font que leur boulot qui consiste à faire appliquer lois et règlements votés par ceux que nous avons élus ! Les critiquer me fait immanquablement penser au GIEC en matière climatique, les climatosceptiques tentant de faire croire que c'est cet organisme qui a décrété qu'il y avait un réchauffement de la planète et qu'il n'avait pour but que d'opérer une gouvernance mondiale en matière énergétique... De la même manière les eurosceptiques tentent d'accréditer la thèse que ce serait Bruxelles qui serait à l'origine de tous nos maux (même s'il y a quand même pas mal de choses à améliorer sans forcément jeter le bébé avec l'eau du bain)

  • Les réglementations européennes ont été le cheval de Troie de la dérégulation et de la financiarisation des économies nationales.
Entièrement d'accord, mais encore une fois qui a voté les "règlementations européennes" ? Va-t-on nous faire croire que ce sont les "élites européistes" de Bruxelles qui sont à l'origine de ces règlementations ? Et pour ce qui est des "élites européistes" que nous avons envoyées à Strasbourg qui est le véritable responsable ?


Pour finir je ne peux m'empêcher de citer Donald Trump qui à mon avis a une influence bien plus grande que Jacques Sapir quand il parle à son public :
  • Je pense que c’est extraordinaire, je pense que cela va être extraordinaire. C’est fantastique.

Ah non, finalement je vais finir sur ces britanniques qui ont voté Leave et le regrettent déjà, le meilleur étant quand même ceux qui ont interrogé Google avec ces questions subtiles qui en disent long sur la "leçon de démocratie" donnée à la Terre selon Jacques Sapir :
  • Qu’est-ce que l’Union européenne ?
  • Sommes-nous à l’intérieur ou en dehors de l’Union européenne ?
  • Sommes-nous européens ?
Il n'est pas interdit d'en rire.


 

vendredi 24 juin 2016

J'en ai rêvé, ils l'ont fait !

Ainsi les anglais (pas les britanniques, les anglais) ont choisi de quitter l'Union européenne.

Personnellement je pense que c'est une très mauvaise idée et qu'ils s'en rendront compte surtout dans quelques années, cependant j'estime que c'est un bien qu'ils aient pris cette décision, car elle aura au moins le mérite de clarifier les choses.

Si le remain l'avait emporté on n'en aurait pas fini de gloser et disserter si c'était une bonne ou une mauvaise décision et si et si et si (et si ma tante en avait...)

Maintenant nous voila au pied du mur avec une situation qu'il va falloir tous gérer nul ne sait vraiment comment.

Bien malin qui peut prédire ce que seront le Royaume Uni ou la Communauté européenne dans cinq ou dix ans.

Je ne peux m'empêcher de sourire (jaune?) en voyant que Marine le Pen se réjouit de ce Brexit en souhaitant pour nous un Frexit ; pas étonnant quand on sait que le leader du Brexit, Nigel Farage, est considéré à droite, très à droite, sur l'échiquier politique britannique. N'a-t-il pas déclaré au sujet de Marine Le Pen qu'elle « a quelques bonnes qualités » et « est en train d’accomplir de grandes choses » même s'il n'envisage pas (pour le moment) une alliance avec le Front national.

Mais soyons patient, on a vu que tout peut arriver, même l'imprévisible ou le peu probable, et beaucoup de choses peuvent changer en peu de temps.

Wait and see comme ils disent.

En attendant les écossais, les gallois et les irlandais (du nord) vont avoir du grain à moudre et des questions à se poser, nous n'avons pas fini de nous régaler en lisant les commentaires de tous les spécialistes en géopolitique qui ont bien sûr un avis arrêté sur la question.



 

vendredi 17 juin 2016

L'assurance du changement climatique

S'il y a bien quelque chose qui motive une société commerciale ou industrielle, c'est bien l'espoir d'un profit, ou retour sur investissement comme on appelle classiquement la juste récompense d'un effort consenti à un moment donné.

En la matière les entreprises dédiées aux énergies fossiles en font la preuve continuelle et pour contrer ceux qui voudraient réduire leurs marges et dividendes (et hauts salaires) à venir elles n'hésitent pas à nier qu'un réchauffement climatique existe ou que ce réchauffement soit néfaste pour l'humanité.

Cependant il existe une corporation, elle aussi intéressée au premier chef par l'argent (qu'elle peut engranger et redistribuer à qui de droit), mais qui ne parait pas suivre le même chemin, ou la même logique, que ceux qui prêchent pour davantage de production/extraction de combustible afin d'alimenter notre machine consumériste : il s'agit des assureurs.

Vu dans le magazine Challenges du 16 au 22 juin (n°482) un article intitulé Les assureurs craignent d'être un jour débordés, avec en sous-titre : La succession de désastres climatiques peut menacer le régime de catastrophe naturelle.

Si les assureurs commencent à s'inquiéter sérieusement de la possibilité de perdre de l'argent à cause de catastrophes naturelles allant en augmentant, ce qui au passage est en contradiction avec ce que les climatosceptiques prétendent, alors je pense qu'il faut peut-être faire attention à ce qu'ils disent, car cela va de toute façon nous impacter quand nous devrons payer notre cotisation et constaterons que la part catastrophes naturelles a subi une hausse significative.

Nous pourrons toujours contester cette hausse de cotisation et certains ne manqueront pas de le faire en arguant que les assureurs nous prennent pour des poires et se "servent" du réchauffement climatique comme d'une sorte d'alibi pour augmenter leurs tarifs ; il sera cependant assez facile de vérifier dans leurs comptes ce qu'il en est réellement et notamment si leurs profits et distributions de dividendes ont augmenté, diminué ou sont restés stables.

Selon l'article de Challenge cité plus haut :
  • Le montant des dégâts liés aux aléas naturels va doubler d'ici à 2040 par rapport à la période 1988-2013, selon l'Association française de l'assurance.
J'ai retrouvé cette étude de l'Association française de l'assurance intitulée Risques climatiques : quel impact sur l'assurance contre les aléas naturels à l'horizon 2040 ?

Après une préface de Jean Jouzel qui ne manquera pas d'attirer les sarcasmes des climatosceptiques, l'introduction nous informe que :
  • Les assureurs, forts d’un historique chiffré en matière d’indemnisation des dommages causés par les aléas naturels survenus sur le territoire français métropolitain, ont tenté de répondre à travers l’étude « Changement climatique et assurance » à la question suivante :
    Peut-on chiffrer l’impact du changement climatique sur l’assurance à l’horizon 2040 ?
Evidemment l'étude ne concerne que le territoire métropolitain français, excluant donc l'Outre-mer. Cependant, même si cette étude est limitée dans l'espace et ne concerne qu'une période d'une cinquantaine d'année (de 1988 à 2039) qui peut être considérée comme relativement courte pour juger de l'évolution d'événements extrêmes entrainant des dommages aux biens et aux personnes, on peut toutefois estimer qu'il s'agit d'un indicateur utile que l'on peut parfaitement prendre en compte.

Un bémol cependant à souligner : les indemnisations des assureurs ne représentent pas vraiment la réalité des événements extrêmes pouvant survenir sur la planète Terre ; un grand nombre d'ouragans ou autres calamités se produisent dans des zones peu ou pas peuplées, donc sans provoquer de dommages significatifs qui ne seront donc pas reportés par les statistiques des assureurs, par conséquent ces statistiques sont toujours à prendre avec des pincettes pour ce motif, par contre, concernant un territoire limité comme la France métropolitaine, qui présente très peu de zones inhabitées, il est évident qu'un événement extrême aura de manière quasi systématique une répercussion représentative sur les statistiques des assureurs.

Un premier graphique nous informe sur les indemnisations versées entre 1988 en 2014 :



 Il est bien sûr dommage de ne pas avoir des données bien plus anciennes, remontant par exemple au milieu de la décennie 1970 puisque c'est à partir de cette époque que l'on date le véritable décollage du réchauffement climatique actuel (après une "pause" ayant eu lieu dans les années 1950-1960, voir ici) ; on peut cependant noter que les indemnités versées n'ont pas vraiment tendance à décroitre...

Assez ironiquement on peut remarquer ce passage bizarre dans les projections pour les années futures "à l'horizon 2040" :
  • Aléa climatique naturel
    •  Au cours des 25 dernières années, la France a subi des événements naturels significatifs dont la période de retour est supérieure à 25 ans. À l’inverse, nous n’avons pas subi ces 25 dernières années d’événement de ce type qui pourrait très bien survenir dans les 25 prochaines années (inondation majeure de la Seine ou de la Loire par exemple)
Comme on a pu récemment le constater, cette prédiction faite fin 2015 s'est réalisée bien plus tôt que prévu ! (on peut néanmoins s'interroger sur la formulation contradictoire : au cours des 25 dernières années est-que la France a subi, ou non, des événements naturels significatifs...?)
 
Suivent plusieurs analyses "par périls" :
  • Sécheresse
    • je me sens d'autant plus concerné par ce point que mon habitation se trouve en terrain argileux vulnérable au phénomène de subsidence !
  • Inondations
    • pour les récentes inondations de mai-juin le coût avoisinerait 1 milliard d'euros (pour seulement quelques jours de pluies...) sans que l'on puisse en attribuer la totalité au seul réchauffement climatique (voir ci-dessus le point sur les aléas naturels) ; d'ailleurs l'impact "changement climatique" dans les inondations est jugé faible par les assureurs (seulement 1 milliard d'euros sur un total de 34) 
  • Submersion marine
    • dans ce cas l'impact "changement climatique" est de 25% de la hausse des indemnisations.
  • Tempête
    • je suis heureusement relativement peu concerné par ce risque ! A noter que les assureurs ne s'engagent pas sur ce point, car ils notent "une grande incertitude scientifique autour des effets du changement climatique sur ce péril" ; mais grande incertitude ne signifie aucunement qu'il n'y a pas de lien...
 La conclusion de l'étude est intéressante et nous apprend ce qui suit :
  • C'est l'enrichissement global du pays (densité et valeur moyenne des logements, des entreprises, des biens des collectivités territoriales) qui constitue la majeure partie de l'augmentation des indemnisations pour les 26 ans à venir par rapport à la période 1988-2014 : 43% à 19 milliards d'euros
  • C'est ensuite le changement climatique qui constitue le deuxième facteur d'augmentation : 30% à 13 milliards d'euros
  • Ce changement climatique serait surtout présent sur le péril sécheresse, à 8 milliards d'euros
  • La submersion marine serait le deuxième péril lié au changement climatique, à 4 milliards d'euros
 
Jacques Duran, sur son site Pensée unique, se contente de mentionner des statistiques émanant de l'assureur AON, mais le graphique qu'il montre ne couvre que la période 2004-2014 et ne dit rien sur les prédictions de cet assureur sur les risques futurs.
 
Personnellement, à choisir des informations en provenance d'un assureur Lambda, je préfère à tout prendre regarder ce que dit un réassureur, c'est à dire un assureur d'assureur, en l'occurrence l'allemand Munich RE ou le suisse Swiss RE.
 
Ainsi Munich RE nous informe qu'il n'est en rien climatosceptique, le discours est en totale opposition par rapport à ce que nous pourrions lire chez, par exemple, un pétrolier !
  • How will climate change alter the landscape of natural hazards and risks over the long term?
  • In order to develop scientific scenarios showing the long-term impacts from climate change, the potential paths for the development of greenhouse gas concentrations in the atmosphere need to be fed into the climate models. In this context, the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) – published in 2013 and 2014 – defines the Representative Concentration Pathways (RCP), which also indicate the extent to which radiated energy per area and time (radiative forcing) will have increased due to anthropogenic factors by the end of the 21st century compared to the pre-industrial period. 
 Où l'on voit clairement que chez un assureur les modèles climatiques ou les rapports du GIEC ne sont pas considérés comme des "objets" inutiles !
 
 Chez Swiss RE on est également sur la même ligne éditoriale :
  • Re/insurance plays an important role in managing climate and natural disaster risk, and that's why it's part of Swiss Re's core business.
  • According to the latest sigma study "Natural catastrophes and man-made disasters" there were 353 catastrophe events across the world in 2015, up from 339 in 2014. Of those, 198 were natural catastrophes, the highest ever recorded in one year, and up from 191 in 2014.
    • d'après Jacques Duran "il n'y [aurait] aucune tendance à l'augmentation du nombre des calamités à l'échelle du globe" (sans commentaire...)
  • This high number of occurrences can be contributed to the fact that cities are becoming larger, attracting more people and sparking infrastructure growth, and climate change. When a natural disaster strikes, the dense population and asset concentration leads to losses. These losses can severely impact not only a country's economy, but the people who live there as well.
  • Despite a harsh winter season in the US, overall 2015 was the hottest year since 1850.Exceptionally high temperatures and lack of rainfall caused drought and wildfires in many regions. In Europe, summer temperatures remained above 30°C for long stretches. Countries in Eastern Europe were particularly hard hit with drought conditions lingering through to the end of the year. The US experienced its worst year for wildfires since 1960 because of the heat and dry conditions. Heatwaves claimed a number of lives all over the world.
    • pourtant Jacques Duran nous affirme sérieusement que "le bilan des pertes humaines n'est pas en hausse mais en baisse." (sans commentaire...)
  • Et comparons le graphique issu du Sigma report de Swiss RE avec celui de Jacques Duran :
    • Swiss RE
 
    •  Jacques Duran (issu du seul rapport du groupe AON
 
 
 Comment dire...?

D'un côté nous avons un graphique émanant d'un réassureur, couvrant une période de 45 ans (de 1970 à 2015) ; de l'autre nous avons un graphique issu d'un "simple" assureur, couvrant une période de 10 ans (de 2004 à 2014)

Manifestement ces deux graphiques ne sont pas comparables, la question qui tue est celle-ci : à qui doit-on le plus faire confiance ?

Je laisse à chacun le soin de répondre à cette question en son âme et conscience.


*****

Addendum

Au temps pour moi, après relecture attentive et supplément de documentation je me suis aperçu que AON Benfield, sité par Jacques Duran, est en fait un courtier en réassurance, alors que je pensais qu'il s'agissais d'une compagnie d'assurance.

Cela ne change finalement pas grand chose car si les données fournies par ce courtier et reprises par Jacques Duran sont bien correctes, il n'en reste pas moins que quand on lit l'impact forecasting de ce même groupe on s'aperçoit qu'ils utilisent, les malheureux, des modèles afin de prévoir les évènements extrêmes futurs !
  • About Impact forecasting
    • Impact Forecasting LLC is a catastrophe model development center of excellence within Aon Benfield whose seismologists, meteorologists, hydrologists, engineers, mathematicians, GIS experts, finance, risk management and insurance professionals analyze the financial implications of natural and man-made catastrophes around the world. Impact Forecasting’s experts develop software tools and models that help clients understand underlying risks from hurricanes, tornadoes, earthquakes, floods, wildfires and terrorist attacks on property, casualty and crop insurers and reinsurers.
Par contre j'imagine qu'il faut être client d'AON Benfield pour avoir connaissance des résultats fournis par les modèles en question, ce qui arrange bien Jacques Duran car il n'a pas besoin d'en parler sur son site ; et il ne faut pas non plus compter sur lui pour évoquer l'étude de l'Association française de l'assurance mentionnée plus haut...


 

dimanche 12 juin 2016

Le Malvallon entre les Goudes et Marseilleveyre

Cette semaine fut passée entre Marseille et Cassis, dans le parc national des Calanques.

La journée du mardi 7 fut consacrée à notre balade la plus sportive que je ne saurais trop recommander pour ceux qui ne connaitraient pas les calanques et voudraient avoir un premier aperçu des lieux ; une bonne condition physique est cependant nécessaire sans qu'il soit besoin d'être un randonneur émérite.

Le départ s'effectue depuis le petit village de Callelongue situé juste après Les Goudes dans le 8e arrondissement de Marseille.


Le sentier est balisé en jaune (ignorer le GR balisé en rouge et blanc qui nous servira pour le retour) et monte relativement raide mais sans excès.

On peut admirer la vue sur l'ancien sémaphore qu'il est possible de rejoindre en quelques minutes.


L'accès au col de la Galinette ainsi que le sentier qui suit jusqu'au col de la Selle étant coupés pour cause de risques d'éboulements nous devons redescendre par l'agréable vallon de la Mounine pour rejoindre la côte à la calanque de la Mounine.

Nous parvenons ensuite sans aucune difficulté dans la calanque de Marseilleveyre où nous aurons l'occasion de prendre un rafraichissement un peu plus tard dans l'après-midi quand nous serons sur le retour.


Pour l'instant nous prenons sur la gauche et le nord vers le Grand Malvallon en passant par le Plan des Cailles ; la montée est tout d'abord très tranquille, il s'agit quasiment de faux-plats successifs qui invitent à continuer toujours plus loin en s'enfonçant davantage dans le massif ; dommage qu'un incendie en 2013 ait modifié le paysage en le rendant plus "lunaire", pourtant de nombreux arbres persistent sur le chemin qui permettent de faire halte à l'ombre si le soleil se fait trop pesant.

Une intersection se présente bientôt : tout droit plein nord c'est la direction du col de la Selle d'où nous aurions dû arriver si le chemin initial n'avait pas été bloqué ; sur la droite au nord-est c'est le Malvallon Médian d'où nous redescendrons plus tard (nous aurions pu redescendre depuis le col de la Selle, cette partie n'était pas bloquée et cela aurait été plus facile...) ; enfin sur la droite au sud-est le Malvallon Sud que nous allons remonter.

Peu avant d'arriver sur le plateau de l'Homme mort la vue sur les calanques en direction de Cassis est tout bonnement splendide !



Arrivés sur le plateau c'est sur Marseille, c'est-à-dire exactement à l'opposé de l'endroit d'où nous venons, que la vue plongeante est saisissante (on aperçoit parfaitement le stade vélodrome)


Ensuite il faut songer à redescendre, et là vous avez le choix : soit vous cherchez la tranquillité, dans ce cas mieux vaut continuer sur l'itinéraire balisé en bleu qui va jusqu'au col de la Selle, et de là vous suivez le balisage vert qui vous ramène sur le Grand Malvallon ; soit vous êtes de tempérament sportif ou bien vous avez amené avec vous votre belle-mère et cherchez une occasion pour vous en débarrasser, alors sans hésitation vous prenez ce "chemin" balisé en jaune qui vous mènera dans le Malvallon Médian au prix de quelques sensations...




Ce passage délicat derrière vous il ne vous restera plus qu'à aller prendre un verre à la buvette de la calanque de Marseilleveyre devant laquelle vous êtes passés quelque temps auparavant, puis à suivre le GR tout le long de la côte afin de rejoindre votre voiture garée à Callelongue (inutile de dire qu'il vous faudra arriver tôt afin de trouver une place de libre...)





 

samedi 4 juin 2016

Retour sur les prédictions du grand oracle Claude allègre

Il est parfois utile de jeter un œil sur le passé afin de voir comment certaines prédictions ont vieilli, surtout quand ces prédictions émanaient d'un homme comme Claude Allègre !

Dans un article (dont il a transmis le secret à des gens comme Benoit Rittaud) paru en 2011 sur slate et titré malencontreusement (pour Allègre) Le réchauffement climatique c'est du passé (sic), il nous gratifie de quelques perles qu'il convient de reprendre ci-après :
  • Une diminution de l'activité solaire annoncée par des physiciens de renom pourrait bien conduire à un refroidissement et non pas à un réchauffement climatique.
Ici on commence avec un argument d'autorité (on en appelle à des "physiciens de renom") superposé à un strawman : la diminution de l'activité solaire est bien réelle et personne ne la nie, surtout pas le GIEC, malheureusement (pour Allègre encore une fois) le GIEC nous dit que ce qui nous vient du soleil c'est peanuts dans l'augmentation des températures :


Le FR dû aux changements concernant le rayonnement solaire est estimé à 0,05 [0,00 à 0,10] W m-2 (voir figure RID.5).
Les observations satellitaires relatives aux changements du rayonnement solaire total de 1978 à 2011 indiquent que le
dernier minimum solaire était inférieur aux deux précédents. Cela induit un FR de –0,04 [–0,08 à 0,00] W m-2
entre le minimum le plus récent en 2008 et le minimum de 1986; {8.4}

On a de la peine à discerner dans ce tableau l'influence du soleil, par ailleurs tout le monde a bien vu que depuis 2011 malgré une faiblesse notoire du rayonnement solaire les températures n'arrêtent pas de battre des records.
  • Hier c’était le réchauffement climatique dont l’homme serait responsable par ses émissions  incontrôlées de CO2. C’était Copenhague, la panique mondiale et le tintamarre médiatique de la part de journalistes exaltés car ils se retrouvaient face à une peur millénariste.
Admirons l'enfilage de lieux communs basés sur tout sauf de la science :
    • dont l’homme serait responsable (Allègre en est encore au conditionnel)
    • émissions incontrôlées de CO2 (par là Allègre sous-entend que l'Homme contrôle ses émissions de CO2...)
    • la panique mondiale (panique, où ça une panique, et mondiale en plus ?)
    • le tintamarre médiatique (informer sur la situation c'est faire du tintamarre...)
    • de journalistes exaltés (pour Allègre les journalistes qui font leur boulot sont des exaltés)
    • une peur millénariste (rien que ça, mais il est vrai que le 21 décembre 2012 arrivait à grand pas !)
Et c'est un  scientifique de renommée mondiale reconnu par tous comme très compétent dans son domaine qui en trois lignes se permet de singer le pire des marchands de doute.
  • Aujourd’hui les lampions se sont éteints. On ne parle plus de Copenhague, ni de Kyoto. Les régulations sur les émissions de CO2 sont une à une oubliées.
Ah bon ? Alors pourquoi cet article concernant les normes sur le CO2 qui rendraient les voitures plus chères ?
    • L'Europe durcit les normes d'émission des véhicules. Ce qui risque de renchérir les véhicules et de les complexifier au détriment de la fiabilité. Les nouvelles normes d' émissions de CO2 des voitures vendues dans l'Union européenne ne devront pas dépasser 95 grammes au kilomètre en moyenne à compter de 2021, contre 160 grammes actuellement et 130 grammes à partir de 2015.
En même, à supposer qu'il y ait des difficultés à mettre en place des régulations, et à supposer en outre que les COP (Copenhague, Kyoto, Paris...) soient des échecs ou des demi-succès, en quoi cela montrerait-il qu'il ne faudrait rien faire parce qu'il n'y aurait soi-disant pas de problème avec le CO2 ?
C'est un peu le même raisonnement qui consiste à dire que parce que quelque chose est difficile à faire il ne faut surtout pas le faire !
  • La Maison Blanche n’a plus de conseiller climatique, les réunions de l’ONU sur le contrôle des émissions de CO2 font long feu les unes après les autres.
Alors là c'est un argument béton, parce que les US n'auraient pas de conseiller climatique alors... alors quoi ?
D'autant plus que si j'en crois cet article la Maison Blanche avait bien en janvier 2015 un conseiller scientifique répondant à des questions sur le changement climatique !

Ah mais peut-être que Claude Allègre voudrait que la Maison Blanche ait un conseiller s'occupant à 100% de son temps des questions climatiques ?

Et pourquoi mettre dans la même phrase la Maison Blanche et l'ONU ? Ah oui, pour bien monter que ce sont les US qui dirigent le monde et contrôlent l'ONU...
  • La Cour suprême des Etats-Unis elle-même, dans une déclaration historique, vient de déclarer que le scénario classique du Global Warming (réchauffement climatique) créé par l’homme n’était pas démontré.
De mieux en mieux, pour Claude Allègre la Cour suprême des Etats-Unis est habilitée à "déclarer" que le réchauffement climatique is a hoax ! Les revues à comité de lecture peuvent aller se rhabiller, la science pour Claude Allègre se décrète à la Cour suprême des Etats-Unis !
Il est vrai que la Cour suprême des Etats-Unis s'est encore récemment honorée en donnant un coup d'arrêt au plan d'Obama pour le climat, certainement pour donner raison à Claude Allègre...
  •  Et de recommander la lecture des articles de Freeman Dyson, l’un des physiciens les plus respectés au monde et des climatolo-sceptiques les plus convaincus.
Encore un argument d'autorité faisant appel à un non expert en science du climat, comme Freeman Dyson l'a lui-même admis au grand désespoir des climatosceptiques qui comptaient beaucoup sur lui :
    • Brilliant physicist and committed (gasp) Democrat Freeman Dyson has called out President Obama on his climate change stance and Fox News et al. are busy making low-quality hay. The deniers are desperate. The best hero they can muster is a 91-year-old guy who’s the first to admit he’s no expert and has no interest in being the spokesperson for this cause.
    • “I guess one thing I don’t want to do is to spend all my time arguing this business,” Dyson told Yale Environment 360 in 2009, after the New York Times Magazine published a cover story that focused on his skepticism. “I mean, I am not the person to do that. I have two great disadvantages. First of all, I am 85 years old. Obviously, I’m an old fuddy-duddy. So, I have no credibility. And, secondly, I am not an expert, and that’s not going to change. I am not going to make myself an expert.”
    • “My objections to the global warming propaganda are not so much over the technical facts, about which I do not know much, but it’s rather against the way those people behave and the kind of intolerance to criticism that a lot of them have.”
Mince alors, c'est pas de chance pour Claude Allègre qui a misé sur le mauvais cheval.
  • Au grand désespoir des scientifiques dont la notoriété s’est bâtie à moindres frais sur la mode du Global Warming, le sujet est en train de passer de mode.
Je n'étais pas au courant que les scientifiques étaient désespérés et que le sujet du climat était passé de mode ; par ailleurs, pour un scientifique comme Allègre traiter ses condisciples de fashion victims est plutôt insultant je trouve, pas vous ?
  • Car le climat est toujours à l’ordre du jour. Et il y a du nouveau!
On peut compter sur Claude Allègre pour nous informer en toute objectivité.
  • Faisant suite aux travaux de plusieurs équipes notamment celle du Hollandais de Jager, des spécialistes du soleil travaillant avec la Nasa nous annoncent aujourd’hui qu’il faut peut-être s’attendre à entrer dans un petit âge glaciaire analogue à celui qui a prévalu de Louis XIV à Napoléon. Cette prédiction est fondée sur trois types d’observations indépendantes dont la plus spectaculaire est une diminution de 30% du champ magnétique du soleil.
Nous y voila, avec ce fameux soleil qui entrerait dans un cycle de Grand Minimum et nous ferait vivre un nouvel âge glaciaire, mais quand on lit l'abstract :
    • We summarize recent findings about periodicities in the solar tachocline and their physical interpretation. These lead us to conclude that solar variability is presently entering into a long Grand Minimum, this being an episode of very low solar activity, not shorter than a century. A consequence is an improvement of our earlier forecast of the strength at maximum of the present Schwabe cycle (#24). The maximum will be late (2013.5), with a sunspot number as low as 55.
 On a beau écarquiller les yeux on ne voit nulle part mention d'une quelconque baisse des températures...seulement dans l'introduction peut-on lire
    • Solar activity is believed to be associated with climate change [...] prolonged episodes of reduced sunspot activity, such as the Maunder Minimum (named after solar astronomer Edward W. Maunder), were clearly linked with an episode of extreme cooling and bitingly cold winters in Europe and North America, known as the "little ice age."
Alors on va renseigner Claude Allègre sur le sens de quelques mots anglais :
    • is believed = est supposé
    • were = temps passé du verbe être = était # est
Donc nulle part les auteurs de l'étude ne se hasardent à prédire pour le 21ème siècle une baisse des températures liées à la baisse de l'activité solaire.
Par ailleurs on pourra lire cet article sur realclimate, What if the Sun went into a new Grand Minimum? qui se conclut ainsi :
    • According to these results, a 21st-century Maunder Minimum would only slightly diminish future warming.
    • It is clear that if a grand minimum were to happen it would be a tremendously exciting opportunity for solar physicists, however it is unlikely to be very exciting for anyone else.
Bref ce minimum solaire va peut-être (mais c'est pas sûr) ralentir la hausse des températures, et comme on peut le voir depuis l'article de Claude Allègre (en 2011) les températures ont effectivement une tendance baissière :


 En fait toutes les années depuis 2011 ont été plus chaudes que les précédentes, mais il est vrai que 2011 était plus "froide" que 2010, peut-être la cause de la prédiction ratée de Claude Allègre ?

  • Les prédictions fluctuent avec les époques. Dans les années 1970, on devait craindre un refroidissement ou un hiver nucléaire; dans les années 1990-2000 l’alarme c’était le réchauffement; va-t-on rebasculer vers la mode du refroidissement futur?
Faux bien sûr, dans les années 1970 certains scientifiques s'étaient aventurés à prédire que les températures allaient baisser, mais ils étaient une minorité :
    • Au cours des trente années ayant précédé les années 1970, les relevés de température disponibles laissaient croire qu'il y avait une tendance au refroidissement. Par conséquent, certains scientifiques avaient suggéré que la période interglaciaire actuelle arrivait à sa fin et que la Terre pourrait plonger dans une nouvelle ère glaciaire au cours des prochains siècles.
    • [...] en même temps que certains scientifiques laissaient entendre que nous pourrions être confrontés à une autre ère de glace, un plus grand nombre d'études publiées les contredisaient.
 Caramba encore raté mister Allègre !












  •  Mon point de vue ne change pas. Ayant été amené à travailler sur les systèmes complexes naturels et à réfléchir sur leur logique, je continue à penser que le climat comme l’économie, comme la genèse du champ magnétique terrestre ou la turbulence est un système chaotique qui est imprédictible à long terme.
 Un scientifique qui compare le climat à l'économie, ça vous pose immédiatement l'individu ; comme si les modèles climatiques ne s'appuyaient pas sur des équations testées et prouvées de longue date alors que l'économie n'est qu'une science sociale s'appuyant essentiellement sur des suppositions créées par différentes "écoles" qui ne sont évidemment pas d'accord entre elles.
  •  Je crois aussi comme je l’ai écrit depuis quinze ans que l’homme s’adaptera aux changements climatiques comme il a su le faire depuis son émergence sur Terre, il y a 4 millions d’années! Comme l’écrit si bien Jean-Claude Carrière «le futur est imprédictible justement parce que c’est le futur!»
 Claude Allègre est un croyant qui croit que l'Homme dans sa grande sagesse pourra s'adapter en toutes circonstances ; apparemment il n'a pas lu Effondrement de Jared Diamond, autrement il saurait que certaines civilisations ou simples populations n'ayant pas su gérer leur environnement ont tout bonnement disparu ou bien ont eu de très gros problèmes pour arriver à survivre.

Personnellement je ne pense pas que nous disparaitrons, par contre il est fort probable que nous aurons de sérieux problèmes si nous comptons uniquement sur la sagesse de l'espèce humaine sans tirer les conséquences de nos erreurs passées.



 



 

jeudi 2 juin 2016

La transition énergétique vue par des patrons d'industrie

Après 22 années passées dans un groupe international leader mondial dans son secteur (CA de 13 milliards de dollars et employant 25000 personnes) je n'ai plus beaucoup d'illusions sur la sincérité des communications adressées au public (corporate communication), sans cependant tomber dans la paranoïa complotiste de certains pour qui toute communication est forcément un mensonge ; en fait il y a quasiment toujours une part plus ou moins variable de vérité dans ce que des dirigeants veulent faire passer comme message.

Nous sommes bien d'accord que les sociétés commerciales et industrielles ne sont pas des organismes philanthropiques dédiés au bien-être de l'humanité, ce qui les motive c'est uniquement le profit qu'elles peuvent réaliser afin de payer un maximum de dividendes à leurs actionnaires, et par la même occasion les meilleures rémunérations possibles à leurs dirigeants, qu'ils soient bons ou mauvais.

Pourtant ces mêmes dirigeants n'ont pas intérêt à raconter n'importe quoi ; il est dépassé le temps où ceux-ci pouvaient par exemple, sans sourciller, affirmer en public que "la nicotine n'est pas addictive" ! (c'était en 1994)

Aujourd'hui les compagnies sont de plus en plus challengées par des fact checkers et ne peuvent plus se permettre les dérapages d'antan.

J'ai choisi deux exemples pour illustrer la communication externe de deux dirigeants concernant la transition énergétique : Elon Musk lors d'une conférence en marge de la COP21, et Isabelle Kocher, la nouvelle patronne d'Engie, dans un entretien accordé au magazine l'Expansion.


Elon Musk

 
Le 2 décembre 2015 Elon Musk était reçu par l'université de Paris 1 Panthéon Sorbonne ; à cette occasion il fit la présentation suivante :

A 3:58 Elon Musk dit textuellement :
  • It is inevitable that we will exit the fossil fuel era because at a certain point, we'll simply run out of carbon to mine and burn.
  • So the question is really when do we exit the era - not if.
  • The goal is to exit the era as quickly as possible.
  • That means we need to move from the old goal with the pre-industrial goal which was to move from chopping down forests  and killing lot of whales - to fossil fuels - which actually in that context was a good thing but the new goal is to move to a sustainable energy future.
  • And we want to use things like hydro, solar, wind, geothermal.
  • Nuclear is also a good option in places like France which are'nt subject to natural disasters.
  • We want to use energy sources that will be good for a billion years.
Que retenir de son speech ?

Tout d'abord qu'il a quelques progrès à faire en tant qu'orateur, mais cela n'est vraiment qu'un détail ; plus sérieusement, à part un graphique erroné à 1:46 qui montre une concentration de CO2 à 500ppm en 2015 sa présentation tient la route et est en accord avec ce que l'on sait de la science du climat.

On retiendra essentiellement qu'Elon Musk est persuadé qu'on sortira par la force des choses, tôt ou tard, des énergies fossiles, et si on en sort trop tard cela se fera avec de plus gros dommages que si l'on en sort plus tôt !

On peut bien sûr être sceptique sur sa confiance dans le nucléaire en tant qu'énergie du futur qui serait bonne "pour encore un milliard d'années", connaissant les problèmes que cette technologie pose et posera à terme ; il suffit de penser aux coûts colossaux de démembrement d'une centrale et multiplier ces coûts par le nombre de centrales qu'il faudra un jour se résoudre à démembrer, sans compter le problème de la gestion des déchets ainsi que des risques d'accidents et d'attentats... Alors que nous avons des sources d'énergie à notre disposition juste au dessus de nos têtes qui ne demandent qu'à être développées.

Il n'en reste pas moins que, d'après ses propos, Elon Musk s'engage personnellement sur ce qu'il prévoit, et même si on peut raisonnablement penser qu'il trouvera un intérêt financier à développer ces énergies renouvelables, on peut faire confiance au bonhomme pour penser que c'est la bonne stratégie qu'il a choisie, celle qui "payera" dans tous les sens du terme à l'avenir.


Isabelle Kocher

 
Agrégée de physique, ingénieur du corps des mines et titulaire d'un DEA d'optique quantique (sources wikipedia), Isabelle Kocher ne peut pas être suspectée d'être ignorante en matière de climat et de transition énergétique ; même si elle n'est pas spécialisée dans ces domaines elle a de toute évidence les capacités intellectuelles pour en comprendre les enjeux. Par ailleurs peut-on imaginer qu'elle serait capable de raconter n'importe quoi lors d'un entretien dans un magazine économique au risque de ternir sa réputation ? Et même si Engie s'est fait accrocher chez Elise Lucet lors du dernier Cash Investigation ce n'est pas une raison pour rejeter ce qu'a à dire la dirigeante qui vient juste d'être nommée à la tête du groupe.

Voici quelques extraits de son entretien avec la journaliste Julie de la Brosse :

  • Isabelle Kocher nous a confié sa vision sur la « révolution énergétique » qui couve. Son objectif : transformer le géant du gaz Engie en leader mondial de la transition énergétique. Rien que ça...
Il y a loin de la coupe aux lèvres, mais nous verrons bien si cet objectif prend forme dans les mois ou les années qui viennent, nous serons assez vite fixés à mon avis.
  • Nous ne vivons pas une crise de l'énergie, mais une révolution. Le réchauffement climatique, qui est devenu le premier défi de la planète et de ses habitants, change tout.
Beaucoup de sceptiques raisonnent effectivement avec une pensée du monde tel qu'il est actuellement et tel qu'il a été depuis les débuts de la révolution industrielle ; Albert Einstein aurait dit « On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré. » (We cannot solve problems with the thinking that created them.) ; il est donc temps de changer de logiciel et de penser l'avenir "autrement" qu'avec les outils d'aujourd'hui.
  • [...] tous les acteurs [...] sont invités à repenser [...] leur manière [...] de consommer. Les défis sont gigantesques, mais les marges de progression le sont tout autant.
Isabelle Kocher ne cache nullement la difficulté de la tâche, et c'est vrai que se débarrasser des "fossiles" et du nucléaire pour les remplacer (du moins en grande partie) par des renouvelables ne sera pas chose aisée ; mais difficile ne veut pas dire impossible, par ailleurs il n'est pas question de se priver totalement des fossiles car pour faire voler des avions et des hélicoptères ou faire décoller des fusées on imagine mal aujourd'hui comment les renouvelables pourraient s'y prendre...
  • Grâce aux nouvelles technologies et aux énergies renouvelables, le XXIe siècle sera celui des énergies décarbonées, défossilisées et digitalisées !
C'est certainement le "digitalisées" qui est le plus dur à comprendre sur le sujet...
  •  Deux ruptures technologiques majeures seront d'ailleurs la pierre angulaire de l'écosystème futur : le stockage de l'énergie, comme réponse à l'intermittence des énergies renouvelables, et l'Internet des objets, qui rendra intelligentes la production et la consommation d'énergie, grâce notamment à l'analyse des données.
Où l'on voit que le stockage de l'énergie est en réalité un faux problème mis en avant par les "sceptiques" qui se contentent de critiquer les renouvelables parce qu'elles seraient trop dépendantes de la météo ; cela est vrai, mais si on résout le problème du stockage (et il y a des gens qui travaillent dessus) alors l'argument tombe à l'eau.
Par ailleurs l'analyse des données permettra de mieux gérer les flux d'électricité entre les différents intervenants (producteurs et consommateurs, ces derniers pouvant eux-mêmes être des producteurs alimentant le réseau)
  • Les pays d'Afrique [produiront] directement une énergie à petite échelle de manière décentralisée.
Cela me fait penser à un commentaire d'un lecteur qui affirmait :
    • Pour l'énergie solaire ou éolienne dans les pays d'Afrique que je connais bien comme le Cameroun c'est encore pire et il ne peuvent absolument pas se payer un tel luxe où il faut installer du back-up au gaz ou du stockage pour chaque kWh intermittent installé. Le Cameroun par exemple n'a même pas encore pu équiper et de loin son potentiel hydro, seule renouvelable non intermittente, faute de moyens financiers !
Ce même lecteur était d'ailleurs sûr de son fait quand il assurait :
    • [...] ce n'est pas faisable [de se passer de pétrole], ni physiquement ou techniquement ni économiquement, à l'échelle soi-disant (selon des "modèles" ridicules en plus) "nécessaire".
Evidemment, et encore une fois, personne n'a dit que ce serait facile et qu'on y arriverait dès demain si on le voulait, bien sûr que cela peut prendre du temps et poser des problèmes de mise en place, et les difficultés rencontrées par le Cameroun (et là je crois mon lecteur sur parole bien qu'il faudrait l'avis d'un véritable expert pour savoir ce qu'il en est réellement) sont peut-être réelles, mais non seulement il ne s'agit QUE du Cameroun et non de l'Afrique, mais de plus même la situation au Cameroun peut évoluer.
  • En moins de dix ans, le coût de production du solaire est passé de plus de 300 euros le mégawattheure (MWh) à moins de 50 euros. Et cette tendance va se poursuivre.
J'ai trouvé ces informations sur le site ecosources valables pour 2014 :
    • Coût moyen pour le solaire photovoltaïque non intégré au bâti : 142,50€ le MWh
    • Début 2011, l'ancien gouvernement avait divisé par quatre le tarif de rachat de l'énergie solaire photovoltaïque passant de 600€ le MWh à 150€ le MWh
    • D'après la commission de régulation de l'énergie le coût des modules photovoltaïques aura baissé de -65 % entre les centrales mises en service en 2011 et celles qui le seront en 2016.  [150€ - 65% = 52,50€)
Ces chiffres ne sont pas parfaitement en adéquation avec ce qu'Isabelle Kocher qualifie de "coût de production du solaire", difficile à comparer avec un "tarif de rachat", cependant ils sont assez cohérents avec les siens, et je pense qu'on peut lui faite confiance pour connaître l'évolution du coût réel de production du solaire sur une période de dix ans. Et il m'étonnerait fort qu'elle s'"amuse" à donner des chiffres erronés...

Tout cela pour dire que le solaire ne peut que coûter de moins en moins cher, alors que les fossiles, par la force des choses, coûteront de plus en plus chers et seront de plus en plus compliqués à extraire (soit techniquement, soit politiquement...)
  • Je suis d'ailleurs profondément convaincue que le solaire représente le point de bascule du futur écosystème. [...] Le soleil est d'abord une ressource illimitée. [...] il est très bien réparti géographiquement. Enfin, c'est une énergie qu'on peut développer à grande échelle, par des fermes solaires, et à toute petite échelle, au travers de microréseaux, par exemple.
Pour les microréseaux, et pour ajouter de l'eau au moulin que mon lecteur cité ci-dessus ne voudrait pas voir fonctionner, cet article sur le site Europa :
    • L'objectif du programme est d'augmenter et d'améliorer l'accès des zones rurales pauvres de Gitega, Bubanza et Makamba à des services énergétiques modernes, adaptés aux conditions, abordables et durables.
    • Les communautés rurales ciblées ne sont pas raccordées au réseau, et de ce fait n'ont jamais eu accès à l'électricité, excepté si via des sources coûteuses, inefficaces et dangereuses telles que des générateurs diesel, des lampes au kérosène et des bougies.
Il s'agit ici du Burundi, mais pourquoi ne pas imaginer la même chose au Cameroun...?
  • A l'avenir nous n'investiront que dans des projets s'inscrivant dans le nouveau monde de l'énergie.
Ici Isabelle Kocher s'engage aux yeux de tous, et comme je l'ai dit plus haut nous verrons assez rapidement si ces paroles ne sont que des promesses "politiques" ou bien traduisent une volonté du groupe d'aller dans une certaine direction ; il faut prendre en compte que tout ce qu'un dirigeant dit peut être retourné contre lui, non pas par quelques écolos contestataires n'ayant pas beaucoup d'influence (contrairement à ce que les climatosceptiques tentent de nous faire croire en affirmant que les écologistes sont une sorte de gouvernement mondial, on préfère en rire !), mais surtout par les actionnaires qui placent leur argent en fonction justement des informations qu'ils reçoivent de ces dirigeants ; le pouvoir de l'argent est ici bien plus important que celui de Greenpeace...
  • Nous exploitons une très grande ferme éolienne au Maroc.
Je ne sais plus où j'ai vu (je pense que c'était sur Skyfall dans un commentaire...) que des pays comme le Maroc n'avaient pas les moyens de se "payer" du renouvelable, il faut croire que oui si l'on en croit cet article sur le site bladi titré Le Maroc va investir 27 milliards d’euros dans les énergies renouvelables :
    • 10.000 mégawatts supplémentaires issus des énergies renouvelables seront lancés par le Maroc d’ici 2030, a déclaré Abdelkader Amara , ministre de l’Energie et des Mines.
    • L’objectif d’ici 2030 est de fournir 4500 MW en énergie solaire, 4200 MW dans l’éolien et 1300 MW en énergie hydraulique, a affirmé le ministre, soit 42% en 2020 et 52% en 2030.
Et le huffpostmaghreb en rajoute une couche :
    • Le Maroc dans le top 5 des pays qui investissent le plus dans les énergies renouvelables
Non vraiment, le solaire et l'éolien n'ont aucun avenir en Afrique...
  • Aujourd'hui il est très sensé de prolonger la durée de vie d'un parc nucléaire existant, tant que les conditions de sûreté sont réunies. En effet, l'outil de production est déjà amorti, et l'électricité qu'il produit est donc très bon marché. En revanche, je pense que les opportunités de développer des installations nucléaires neuves se sont beaucoup réduites ces dernières années.
  • A moyen terme, lorsque les énergies renouvelables seront moins coûteuses à produire, le nombre de cas où il sera pertinent de construire du nucléaire en sera encore réduit.
  • Pour le moment nous ne pouvons pas faire l'économie de toutes les énergies fossiles. En revanche, nous travaillons activement à faire du gaz une énergie totalement renouvelable.

Et ce sera ici la conclusion de ce billet sur la transition énergétique.

 
Comme le soulignent Isabelle Kocher et Elon Musk, nous ne sortirons pas des énergies fossiles et du nucléaire du jour au lendemain, et les énergies renouvelables ne vont pas totalement les remplacer même sur le long terme ; par contre sur le très long terme il n'est pas interdit d'imaginer un monde quasiment "100% renouvelable".
 
Evidemment pour faire décoller une fusée ou voler des aéronefs tels que des avions de ligne ou de chasse, les fossiles paraissent difficilement dispensables, et on voit mal comment le soleil ou le vent pourraient remplacer le kérosène ou les ergols. Mais cette utilisation de l'énergie est somme toute minuscule si on la compare avec nos besoins de consommation (consommation privée ainsi que consommation industrielle) qui paraissent pouvoir être satisfaits à terme avec du véritable 100% renouvelable.
 
Mais à terme peut vouloir dire "dans un certain temps" que je me garderai bien ici de préciser.
 
*****

Si vous voulez en savoir plus sur ce que dit Isabelle Kocher vous pouvez acheter l'Expansion de juin (5,90 euros)