lundi 2 octobre 2017

Pot-pourri d'impressions cycloniques côté climato(faux)sceptiques

Comme promis dans mon billet Pot-pourri d'impressions cycloniques côté scientifiques voici maintenant le côté obscur de la farce, celui des climatosceptiques, qui persistent à nier ce qui semble aujourd'hui l'évidence ou, tout au moins, un sacré faisceau de preuves ou d'indices concordants, à savoir que le réchauffement climatique est bien à l'origine d'événements extrêmes de plus en plus importants.

Comme on l'a vu dans mon précédent billet sur le sujet on sait parfaitement depuis longtemps ce qui nous attend, je rappellerai simplement l'étude parue dans Nature il y a 12 ans, signée par Kerry Emanuel, dans laquelle quasiment tout était dit :
  • [Kerry Emanuel] constate que le bilan de la dissipation nette du pouvoir des ouragans est fortement corrélé à la température de la surface de la mer tropicale, ce qui reflète des signaux climatiques bien documentés, y compris des oscillations multi décennales dans l'Atlantique Nord et le Pacifique Nord et le réchauffement climatique. [Les] résultats suggèrent que le réchauffement futur pourrait entraîner une tendance à la hausse du potentiel destructeur des cyclones tropicaux et, compte tenu d'une augmentation de la population côtière, une augmentation substantielle des pertes liées aux ouragans au XXIe siècle.
Alors comment le message de Kerry Emanuel est-il passé chez nos amis climatosceptiques ? (la réponse est quasiment incluse en filigrane dans la question)

Mais avant tout, et pour mieux éclairer ce qui va suivre, voyons sur Wikiberal comment la grande majorité des climatosceptiques voient les problèmes environnementaux :
  • Un grand nombre de problèmes environnementaux existent car les droits de propriété sont soit mal définis, soit mal appliqués voire inexistants. Les droits de propriété sont nécessaires pour définir et générer les informations pour savoir si un processus de production est durable ou pas.
Et nous avons l'explication, applicable en fait de manière générale à tout bon libéral (au sens français, pas américain) quelle que soit sa nationalité :
  • Pascal Salin explique pourquoi les solutions étatiques (réglementations, taxes écologiques) ne règlent pas les problèmes environnementaux, mais au contraire les aggrave.
Cette courte introduction est indispensable pour bien prendre en compte ce qui se passe dans la tête de la plupart des climatosceptiques quand ils réagissent à des informations qui contredisent leur système de pensée (i.e. leur idéologie) ; l'Etat et ses règlementations, c'est le mal absolu ! Seul le libre marché peut apporter des solutions à nos problèmes, et cela va jusqu'à nier qu'il y ait des problèmes afin justement de ne pas remettre en cause le dogme de la main invisible qui veille amoureusement sur nous pour notre bien, en nous préservant de la malignité étatique distillée par les socialistes, les communistes et, bien sûr, les écolos et leur chapelet d'ONG qui ne font rien qu'à embêter les braves gens seulement désireux de prospérer dans leurs affaires !

Si je cite Wikiberal c'est parce que j'ai remarqué, et ce n'est pas un scoop, que climatoscepticisme et libéralisme sont étroitement liés ; le conservatisme a aussi de fortes connexions avec le climatoscepticisme, et l'extrême-droite en est l'exemple le plus caricatural comme j'ai pu le monter à plusieurs reprises en mentionnant l'appartenance ou la sympathie avec le FN de tel ou tel... Ainsi il est assez remarquable de constater que le climatoscepticisme fait bon ménage avec libéralisme et extrême-droite, alors que ces deux derniers sont en principe plutôt antagonistes ; en fait seuls ceux que l'on appelle les progressistes (les gens de gôche pour faire court) acceptent majoritairement le RCA et se font régulièrement taxer de "réchauffistes" par le camp d'en face.

Maintenant que ces prémices sont posées passons au sujet du présent billet et voyons ce qui se dit dans la climato-sceptico-sphère, sachant que je n'ai pas tout lu, seulement quelques extraits, souvent les premières lignes, car je n'ai aucune envie de passer mon temps à me fatiguer les yeux à déchiffrer et analyser des argumentations toutes plus tordues les unes que les autres (j'écris ceci après avoir lu tout ce qui suit, il ne s'agit donc pas d'à priori de ma part...)

A tout seigneur tout honneur, commençons par le maitre ès désinformation, Anthony Watts, qui se glorifie d'être le blogueur scientifique le plus lu de la planète et qui a reçu maintes récompenses, notamment, tenez-vous bien, du Heartland Institute, si ça c'est pas une preuve de sa compétence !

Je n'ai pas repris tous les articles sur les ouragans de cette saison, il y en a vraiment trop et il faut laisser un peu de place aux autres, je commence donc par le 9 septembre dernier.

Le 9/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/09/hurricane-expert-maue-on-irma-entire-fl-peninsula-potentially-hurricane-force-winds/
Hurricane expert Maue on #Irma: ‘entire FL peninsula potentially hurricane force winds’ (L'expert en ouragan Maue sur #Irma : 'toute la péninsule de Floride potentiellement soumise à des vents de force d'ouragan)

Je croyais, d'après certains commentaires sceptiques vus ici ou là, que les eaux du golfe n'étaient pas particulièrement chaudes, pourtant :
  • And it keeps getting worse. Earlier we said the “worst case scenario” was likely to happen, now that includes a delayed turn keeping Irma over the warm waters of the Gulf longer.
    • Et ça continue de s'aggraver. Plus tôt, nous avons dit que le « pire scénario » était susceptible de se produire, maintenant cela inclut un retard gardant Irma sur les eaux chaudes du Golfe plus longtemps.
Ce premier article est assez ironique, car il est plutôt juste, mais sera démenti par la suite avec des billets niant l'aspect catastrophique des ouragans comme Irma.

Le 9/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/09/fact-hurricanes-harvey-and-irma-cant-be-blamed-on-global-warming/
Fact: Hurricanes Harvey and Irma Can’t Be Blamed on Global Warming (Fait : les ouragans Harvey et Irma ne peuvent être imputés au réchauffement climatique)

Quand un article sur WUWT commence par "Fact" ou "Claim" vous devez immédiatement vous mettre en mode alerte fake news ! D'autant plus si l'auteur, Alan Reynolds, est "membre senior" au Cato Institute...

Par conséquent on passe son chemin sans demander son reste, surtout quand :
  • My main point here is simple: Weather is highly variable.
    • Mon point principal ici est simple : la météo est très variable.
C'est vrai qu'il fallait quelqu'un de la stature d'Alan Reynolds pour nous apprendre que la météo était variable...

Le 9/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/09/hurricane-expert-philip-klotzbach-lists-new-records-associated-with-hurricane-irma/
Hurricane expert Philip Klotzbach lists new records associated with hurricane #Irma (L'expert en ouragans Philip Klotzbach répertorie de nouveaux enregistrements associés à l'ouragan #Irma)

Pas de quoi casser trois pattes à un canard, il s'agit d'une longue liste statistique, sans aucune analyse ni perspective, ne prouvant donc rien en particulier.

Le 9/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/09/hurricane-expert-maue-irma-may-bomb-to-cat-5-again/
Hurricane Expert Maue: ‘#Irma may bomb to Cat 5’ again (L'expert en ouragans Maue : '#Irma peut à nouveau bombarder en Cat 5')

Anthony Watts semble "regretter" qu'un expert prédise un ouragan de catégorie 5 :
  • Dr. Maue has been very accurate though both Harvey and Irma (not to mention many others), but in this case I hope his opinion is dead-wrong.
    • Le Dr Maue a été très précis tant avec Harvey qu'avec Irma (sans parler de beaucoup d'autres), mais dans ce cas, j'espère que son opinion est complètement fausse.
Ainsi quand le spécialiste ne se trompe pas il "a été très précis", mais quand il prédit quelque chose qui dérange il a une « opinion [qui peut être] complètement fausse » ; Anthony Watts projette sur les autres son mode de pensées par opinions, il croit que les autres ont tous des "opinions" comme lui, bref, il ne connaît pas la démarche scientifique qui, elle, se fout des opinions.

Le 9/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/09/the-hurricane-harvey-hustle/
The Hurricane Harvey Hustle (L'arnaque de l'ouragan Harvey)

Desmogblog nous dit que Paul Driessen, l'auteur de cet article, est lié au CFACT, au Heartland Institute, au CDFE, à l'Atlas Network, et est membre fondateur du Clexit ; que rajouter de plus...Citons seulement ce passage :
  • Fossil fuels allow us to track storms, warn people and get them out of harm’s way. They bring rescue boats, helicopters, high-rider vehicles, water, food, clothing and new building materials to stricken communities. They could do the same for Bangladesh and other countries that face natural disasters – and have been bereft of electricity and decent living standards for too many generations.
    • Les combustibles fossiles nous permettent de suivre les tempêtes, d'avertir les gens et de les protéger. Ils apportent des bateaux de sauvetage, des hélicoptères, des véhicules à haute altitude, de l'eau, de la nourriture, des vêtements et de nouveaux matériaux de construction dans les communautés touchées. Ils pourraient faire de même pour le Bangladesh et d'autres pays qui font face à des catastrophes naturelles - et ont été privés d'électricité et de normes de vie décentes depuis trop de générations.
Ce qu'il faut comprendre c'est que notre salut à tous ne peut venir que des combustibles fossiles, par conséquent il faut continuer à en brûler encore davantage et en faire profiter des pays comme le Bangladesh ; autrement dit, accélérons le réchauffement climatique qui fera monter le niveau des océans encore plus vite et contraindra les Bangladeshis à quitter leur pays plus tôt que prévu.

Le 10/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/10/hurricane-expert-klotzbach-irma-at-landfall-comes-in-7th-behind-1935-labor-day-storm/
Hurricane expert Klotzbach: #Irma at landfall comes in 7th behind 1935 Labor Day storm (L'expert en ouragan Klotzbach : #Irma à l'arrivée sur les côtes arrive en 7ème position derrière la tempête du jour du travail en 1935)

Qui est ce Klotzbach, cet expert en ouragans ? Un petit surf internet nous informe qu'en avril de cette année il avait vu juste :
  • [Dr. Philip Klotzbach] is calling for a below-average season, due to cooler Atlantic waters and the impacts of El-Nino.
    • [Dr. Philip Klotzbach] plaide pour une saison inférieure à la moyenne, en raison des eaux plus froides de l'Atlantique et des impacts d'El-Nino.
Quelle perspicacité !

A part ça ce monsieur fait un classement des ouragans en fonction de leur pression minimale, comme si c'était le seul facteur à prendre en compte (quid de la vitesse des vents, de la pluviosité, du diamètre, de la durée de vie, etc. ?) et met Irma en 7ème position et Harvey en 18ème ; pour Maria il n'avait pas les chiffres, il ne savait même pas ce que cet ouragan allait faire comme dégâts.

Et Anthony Watts conclut, fier de lui :
  • With Irma ranked 7th, and Harvey ranked 18th, it’s going to be tough for climate alarmists to try connecting these two storms to being driven by CO2/global warming. But they’ll do it anyway.
    • Avec Irma classé 7ème, et Harvey qui occupe le 18e rang, il sera difficile pour les alarmistes du climat d'essayer de relier ces deux tempêtes au CO2 et au réchauffement climatique. Mais ils le feront de toute façon.
Ce dont on est sûr, pour le coup, c'est qu'Anthony Watts le fera de toute façon. Quoi ? Mais nier bien entendu !

Le 10/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/10/a-useful-retort-for-those-claiming-irma-harvey-hurricanes-are-a-sure-sign-of-climate-change/
A useful retort for those claiming #Irma & #Harvey hurricanes are a sure sign of ‘climate change’ (Une réplique utile pour ceux qui prétendent que les ouragans Irma et Harvey sont un signe certain de 'changement climatique')

Anthony Watts nous livre ici une charge contre sa tête de turc préférée, Michael Mann, qui d'après lui ne serait pas un expert des ouragans ; c'est dommage pour lui (Anthony) mais Mann a publié un certain nombre de papiers sur le sujet :
  1. Atlantic hurricane trends linked to climate change avec Kerry Emanuel ;
  2. Atlantic hurricanes and climate over the past 1,500 years avec Woodruff, Jonathan D, Donnelly, Jeffrey P; Zhang, Zhihua ;
  3. Evidence for a modest undercount bias in early historical Atlantic tropical cyclone counts avec TA Sabbatelli, U Neu ;
  4. Atlantic and Pacific multidecadal oscillations and Northern Hemisphere temperatures avec B A. Steinman, S K. Miller ;
  5. Atlantic tropical cyclones revisited avec KA Emanuel, GJ Holland ;
  6. A signature of persistent natural thermohaline circulation cycles in observed climate avec  CK Folland, M Vellinga ;
  7. Decadal to Centennial Variability of the Atlantic from Observations and Models avec T L. Delworth1, R Zhang ;
  8. The influence of climate state variables on Atlantic Tropical Cyclone occurrence rates avec TA Sabbatelli ;
  9. On forced temperature changes, internal variability, and the AMO avec  BA Steinman ;
  10. Stratified statistical models of North Atlantic basin-wide and regional tropical cyclone counts avec ME KozarSJ Camargo
Et je m'arrête là à la dixième étude, car il y en a encore "un certain nombre" et je n'ai pas toute la vie devant moi...


Ce que l'on peut retenir de tout cela c'est qu'Anthony Watts n'est pas du tout, lui, un expert en ouragans, mais qu'il se permet de dire au sujet d'un scientifique qui a publié un nombre significatif de papiers sur le sujet :

  • Mann is not a hurricane expert. 
    • Mann n'est pas un expert en ouragan.
Passons immédiatement à la suite, pas la peine de perdre son temps davantage.

Le 10/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/10/open-thread-green-slime-harvey-and-irma-oh-my/
Open Thread – Green Slime, Harvey, and Irma, Oh My (Fil de discussion ouvert - boue verte, Harvey, et Irma, oh là là)

Bob Tisdale, l'auteur de l'article, est un des principaux animateurs du site WUWT, mais on chercherait en vain le moindre papier scientifique de ce monsieur, il est inconnu chez Google Scholar en tant qu'auteur ; ici il nous montre l'étendue de son incompétence, et ce dès le début :
  • With the natural disasters of hurricanes Harvey and Irma, we have once again seen the unlimited capacity of politicians and their funding-hungry toadies (climate scientists), and of mainstream media and business persons……to use the misfortunes of others to promote political agendas, and to sell advertising space and product.
    • Avec les catastrophes naturelles des ouragans Harvey et Irma, nous avons une fois de plus vu la capacité illimitée des politiciens et de leurs lèche-bottes avides de fonds (les scientifiques du climat) et des médias généralistes et des entrepreneurs ... à utiliser les malheurs des autres pour promouvoir les agendas politiques , et vendre des espaces publicitaires et des produits.
Est-ce vraiment la peine de continuer la lecture ? Si vous en avez vraiment l'envie ne vous privez pas, ça tient en deux lignes, sans compter une information hyper importante sur le fait qu'il est encore en vacances !

Le 10/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/10/lse-bob-ward-hurricanes-are-president-trumps-fault/
LSE Bob Ward: Hurricanes are President Trump’s Fault (Bob Ward, de la LSE : les ouragans sont la faute du président Trump)

LSE signifie London School of Economics.

L'auteur de l'article, Eric Worrall, est l'un des désinformateurs attitrés du site WUWT ; dans cet article il écrit notamment :
  • The biggest problem for alarmists like Bob is there is no upward trend in hurricane frequency or intensity.
    • Le plus grand problème pour les alarmistes comme Bob [Ward] est qu'il n'y a pas de tendance à la hausse de la fréquence ou de l'intensité des ouragans.
Ce qui le discrédite automatiquement.

Le 11/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/11/hate-on-display-climate-activists-go-bonkers-over-irma-and-nonexistent-climate-connection/
Hate on display – climate activists go bonkers over #Irma and nonexistent climate connection (Haine exposée - les activistes du climat deviennent cinglés sur #Irma et une connexion climatique inexistante)

C'est Antony Watts lui-même qui se fend d'un article façon Calimero, le poussin geignard, pour se plaindre de tout le mal qui se dit de ses amis climatosceptiques.

Risible, pas la peine de s'attarder.

Le 12/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/12/irma-nuclear-hurricane-headline-clearly-demonstrates-l-a-times-climate-alarmist-propaganda-agenda/
Irma ‘Nuclear hurricane’ headline clearly demonstrates L A Times climate alarmist propaganda agenda (Le titre « l'ouragan nucléaire » d'Irma démontre clairement l'agenda de propagande alarmiste du climat du Los Angeles Times)

L'auteur, Larry Hamlin, inconnu des cercles scientifiques (si vous trouvez dites-moi),  semble écrire de temps en temps pour un site conservateur (voir mon introduction...) néo-zélandais, il a donc été embauché pour pondre cet article parlant de ce qu'il connaît le mieux, à savoir la propagande. Il reproche donc au L A Times, en se gardant bien de donner le lien de la source pour qu'il ne soit pas trop facile d'aller vérifier, d'avoir écrit un titre accrocheur ! Et de mentionner plus loin la liste d'ouragans dont le plus ancien remonte à 1856...On ne peut pas trop lui en vouloir, ce n'est que le 20 septembre dernier, soit 8 jours plus tard, que Kerry Emanuel a donné une conférence dans laquelle il expliquait que les données avant 1943 n'étaient pas du tout fiables et qu'il avait fallu attendre les années 1970 pour avoir un dénombrement correct des ouragans avec une bonne idée de leur puissance ; ceux que Hamlin a mentionnés sont parmi les rares à avoir touché terre, omettant ainsi les nombreux autres, peut-être encore plus puissants pour certains, étant restés en mer ; cela pourrait laisser penser que Hamlin a sous-évalué le nombre des ouragans passés, eh bien même pas, car Emanuel nous expose l'activité cyclonique depuis 1850 reconstituée à partir de proxys, montrant une montée bien visible durant la période. Concernant Irma spécifiquement, Emanuel nous dit : « Les vents de pointe d'Irma de 298km/h dans les 300 km autour de la Barbade sont estimés avoir eu une probabilité annuelle de 0,13% en 1990, passant à 1,3% en 2090 » ; évidemment, Hamlin passe complètement sur le fait que ce n'est pas un ouragan catastrophique, ni deux, mais trois qui ont touché la zone en faisant des dégâts jamais vus auparavant ; ah oui, c'est vrai, Maria ne s'est formé qu'à partir du 16 septembre, soit 4 jours après son malheureux article, le pauvre Hamlin ne pouvait pas savoir, mais il aurait pu attendre avant de dire des bêtises.

Le 13/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/13/sea-level-rise-and-fall-part-1/
SEA LEVEL: Rise and Fall – Part 1 (NIVEAU DE LA MER: Hausse and baisse - 1ère partie)

L'auteur de cet article est un certain Kip Hansen qui publie essentiellement sur WUWT ou chez Judith Curry ; il semble inconnu chez Google Scholar, il y a bien des messieurs Kip ou Hansen, mais apparemment pas de monsieur Kip Hansen (si vous le trouvez faites-le moi savoir svp)

Pour ce monsieur la hausse du niveau des mers n'est qu'une simple "spéculation" :
  • Sea Level Rise (SLR usually hereafter) is being characterized in the press — newspapers, magazines and television reports — as the latest and greatest threat to mankind from human-caused climate change. Why?  It is always difficult to assign motivation to social memes but it is not disallowed to speculate.
    • La hausse du niveau de la mer (abrégé en SLR ci-après) se caractérise dans la presse - journaux, magazines et reportages télévisés - comme la plus récente et la plus grande menace pour l'humanité due aux changements climatiques provoqués par l'homme. Pourquoi ? Il est toujours difficile d'attribuer une motivation aux mèmes sociaux, mais il n'est pas interdit de spéculer.
Et s'ensuit une série de contrevérités qui disqualifient d'entrée l'auteur de cette première partie dont on attend anxieusement les séquelles, en espérant qu'il n'y en ait pas beaucoup.

Le 15/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/15/hurricane-harvey-and-the-impact-of-sea-level-changes/
Hurricane Harvey and the impact of sea level changes (L'ouragan Harvey et l'impact sur les changements de niveau de la mer)

L'auteur de cet article est Philip Lloyd, dont Desmogblog nous apprend qu'il écrit pour le compte de Energy and Environment,  une revue scientifique dont l'objectif est notamment, je cite « d'informer par delà les limites professionnelles et disciplinaires et débattre des implications sociales, économiques, politiques et technologiques des contrôles environnementaux, et interroger les allégations scientifiques faites pour justifier les réglementations environnementales des industries de l'énergie, y compris le transport [...] la rédaction a fait de E & E un forum pour des analyses plus sceptiques du « changement climatique » et des solutions préconisées. » ; on comprend bien que la science n'est pas vraiment mise en avant par cette revue dont la véritable mission est en fait de semer le doute sur la réalité du changement climatique et de ses conséquences néfastes, et rien d'autre. On trouve d'ailleurs dans la nombreuse liste d'auteurs des gens bien connus comme Christopher Monckton, Nigel Lawson ou, assez étonnamment et à ma très grande surprise, Valéry Giscard d'Estaing !

Philip Lloyd n'est en rien spécialiste du climat, de près ou de loin, il est physicien nucléaire et ingénieur chimiste, donc on se demande bien en quoi il peut être compétent pour nous instruire sur les ouragans et leur impact sur le niveau des mers (ou l'inverse, on ne sait pas trop) ; son article est très court, montrant par là qu'il n'a pas grand chose à dire sur le sujet, ce qui n'est pas surprenant, et on retiendra seulement l'introduction qui parle d'elle-même et nous invite à éviter de lire le reste :
  • Hurricane Harvey broke the 12-year pause in Major tropical cyclones making landfall on the continental US. Inevitably, believers in Catastrophic Anthropogenic Global Warming [CAGW] had a celebration. They had correctly predicted climatic disaster. It mattered not that there had been earlier, stronger storms. Harvey was clearly the result of humans sinfully burning fossil fuels.
    • L'ouragan Harvey a mis fin à la pause de 12 ans dans les grands cyclones tropicaux qui ont frappé le continent américain. Inévitablement, les croyants du Catastrophique Changement Climatique Anthropogénique [CAGW] ont célébré l'événement. Ils avaient correctement prédit une catastrophe climatique. Il importait non pas qu'il y ait eu des tempêtes plus tôt, plus fortes. Harvey était manifestement le résultat d'humains brûlant honteusement des combustibles fossiles.
Notons au passage que c'est pendant la "pause de 12 ans" que se produisirent les ouragans Sandy et Katrina (addendum, comme me le fait remarquer justement VB dans un commentaire Katrina ne fait pas partie de cette "pause"), il conviendrait donc de demander à toutes leurs victimes ce qu'elles ont pensé de cette fameuse pause. Par ailleurs qu'il y ait eu d'autres ouragans dans le passé c'est comme le stupide argument du "climat qui a toujours changé", à jeter directement à la poubelle ; enfin employer les mots "croyants" (believers), "célébration" et "honteusement" (sinfully) n'est pas vraiment faire preuve d'esprit scientifique mais démontre plutôt, par projection et effet miroir, les véritables motivations d'ordre quasiment religieux de l'auteur.

Le 15/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/15/what-you-need-to-know-and-are-not-told-about-hurricanes/
What you need to know and are not told about hurricanes (Ce que vous devez savoir et qu'on ne vous dit pas sur les ouragans)

Sans blague ! Un certain Larry Kummer, rédacteur en chef du site Fabius Maximus, qui a, je cite, « 37 ans d'expérience dans le secteur financier dans divers rôles » (non non, ne rigolez pas, c'est sérieux), se propose de vous expliquer ce que vous devez savoir sur les ouragans, rien que ça ! Alors un conseil d'ami, voyez plutôt ce qu'explique Kerry Emanuel, ça pourrait vous éviter la sortie de route.

Le 19/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/19/hurricane-maria-is-following-irmas-path-maria-coverage-picks-up-where-irma-coverage-left-off/
“Hurricane Maria is following Irma’s path”… Maria coverage picks up where Irma coverage left off. ("L'ouragan Maria suit le chemin d'Irma" ... La couverture médiatique de Maria reprend là où celle d'Irma a cessé)

Article sans aucun intérêt, je vous laisse vous dem...brouiller avec.

Le 19/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/19/new-book-why-hurricanes-cant-be-blamed-on-global-warming/
New book: ‘Why Hurricanes Can’t Be Blamed On Global Warming ‘ (Nouveau livre : 'Pourquoi les ouragans ne peuvent être imputés au réchauffement climatique')

Ici Roy Spencer vient simplement faire la promotion de son dernier livre intitulé Inevitable Disaster (Catastrophe inévitable) tentant de faire croire au brave peuple qu'il n'y a pas plus d'ouragans aujourd'hui qu'avant. Evidemment les affirmations de Spencer sont à mettre en parallèle avec ce que dit Kerry Emanuel (voir mon billet Que dit Kerry Emanuel sur Harvey, Irma, Maria, et les autres...? ), spécialiste mondialement reconnu des phénomènes cycloniques, sachant que Spencer, lui, n'est en rien spécialiste de la question.

Le 19/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/19/scientist-smacks-down-al-gores-claims-that-harvey-brought-record-rains/
Scientist Smacks Down Al Gore’s Claim That Harvey Brought ‘500,000 year rains’ (Un scientifique démolit l'affirmation d'Al Gore selon laquelle Harvey a provoqué « 500 000 années de pluies »)

Lu comme ça, au premier degré, le titre signifie que Al Gore aurait prétendu que Harvey aurait déversé sur le Texas l'équivalent de 500 000 années de pluies...rien de tel pour attirer le chaland, n'est-ce pas ?

L'auteur de l'article, Michael Bastasch, officie au Daily Caller, un site politique conservateur (rappelez-vous mon introduction...) ; il faut lire le texte pour trouver ceci :
  • Gore likely got the figures from a report released by the company MetStat, which found “localized maximum recurrence intervals of over 500,000 years or a 0.0002% chance of occurring in any given year.”
    • Gore a probablement obtenu les chiffres d'un rapport publié par la société MetStat, qui a trouvé "des intervalles de récurrence maximum localisés de plus de 500 000 ans ou une chance de 0,0002% de se produire au cours d'une année donnée".
Ah oui, donc Al Gore, finalement, n'a fait que reprendre l'information d'un site dédié à la météo et aux statistiques et non de Fox News ou du Daily Caller, crime impardonnable !

Au passage, le "journaliste" en profite pour faire la promotion du bouquin que Roy Spencer a écrit en réaction au dernier film d'Al Gore, An Inconvenient Sequel, le ridiculisant soi-disant, ou plutôt, tentant de surfer sur la vague en apportant "ses" opinions sur le sujet.

Pas très sérieux tout ça, voyons la suite.

Le 22/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/22/irma-illusions-and-realities/
Irma illusions – and realities (Les illusions d'Irma - et les réalités)

Nous avons déjà vu que Desmogblog nous dit que Paul Driessen, l'auteur de cet article, est lié au CFACT, au Heartland Institute, au CDFE, à l'Atlas Network, et est membre fondateur du Clexit ; que rajouter de plus...Citons seulement ce passage :

  • Some advanced ideological commitments to campaigns to “keep fossil fuels in the ground,” raise energy costs and reduce living standards. Others hyped Harvey’s record rainfalls, claiming carbon dioxide emissions made the Gulf of Mexico warmer and its air more moisture-laden. A few were just obnoxious.
    • Certains engagements idéologiques avancés dans les campagnes visant à « conserver les combustibles fossiles dans le sol », augmentent les coûts de l'énergie et réduisent le niveau de vie. D'autres ont mis en avant les précipitations record de Harvey, affirmant que les émissions de dioxyde de carbone ont rendu le golfe du Mexique plus chaud et son air plus chargé d'humidité. Quelques-uns étaient simplement détestables.

Et ne perdons pas plus de temps avec ce monsieur...détestable.

Le 25/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/25/enough-is-enough-stop-hyping-harvey-and-irma/
Enough is Enough! Stop hyping Harvey and Irma! (Trop c'est trop ! Arrêtez ce matraquage médiatique avec Harvey et Irma !)

Reprocher aux journalistes de faire leur boulot, quand même, il faut oser ! Et se contorsionner pour tenter de faire croire à ses lecteurs que non, finalement, Harvey, Irma et Maria sont après tout des ouragans "comme les autres", confine soit à la stupidité soit à une volonté délibérée de tromper les gens.

Le 29/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/29/%e2%80%8bwhat-natural-disasters-should-teach-us/
What natural disasters should teach us (Ce que les catastrophes naturelles devraient nous enseigner)
  • Hurricanes, landslides and other disasters show Africans why we need fossil fuels.
    • Les ouragans, les glissements de terrain et autres catastrophes montrent aux Africains pourquoi nous avons besoin de combustibles fossiles.
Le titre et son sous-titre devraient immédiatement nous alerter, un seul passage du texte suffisant à nous convaincre de l'inanité de l'argumentation :

  • [Some people ] are blaming the rains and mudslides on global warming, climate change and the fossil fuels that modern industrialized countries burn to provide modern homes, travels and living standards. These false claims are intended to divert us from real problems.
    • [Certaines personnes] imputent les pluies et les coulées de boue au réchauffement climatique, au changement climatique et aux combustibles fossiles que les pays industrialisés modernes brûlent pour fournir des habitations, des voyages et des niveaux de vie modernes. Ces fausses affirmations ont pour but de nous détourner de problèmes réels.

Les "fausses informations" sont bien sûr que nos émissions de CO2 font augmenter la température de la planète, provoquant ainsi des catastrophes ou augmentant l'intensité de ces catastrophes quand elles ne les génèrent pas ; la solution pour l'auteur de l'article est donc, naturellement, d'augmenter nos émissions de CO2, que dire de plus...

Le 30/09/2017 : https://wattsupwiththat.com/2017/09/30/what-happened-to-the-armchair-environmentalists-and-climate-alarmists-when-the-hurricanes-hit/
What Happened to the Armchair Environmentalists and Climate Alarmists When the Hurricanes Hit? (Qu'est-il arrivé aux climato-alarmistes et aux écolos en fauteuil quand les ouragans ont frappé ?)
  • Where was Greenpeace during the recent hurricanes?
    • Où était Greenpeace lors des derniers ouragans?
Cela donne une idée de la teneur de l'article ; comme si Greenpeace avait la même mission que la Croix Rouge...
  • Notice that the only leader to act decisively and effectively was the White House.
    • Remarquez que le seul leader à agir de manière décisive et efficace était la Maison Blanche.
Donc Trump d'après Tim Ball, l'auteur de l'article, serait celui qui aurait le plus contribué à aider les sinistrés, hum...ce n'est pas exactement ce que j'ai compris en lisant d'autres sources reprochant à Trump de mélanger ouragans et politique...Par ailleurs, que la Maison Blanche, i.e. l'Etat fédéral, mette la main à la poche et mobilise des resources (Garde nationale par exemple) me semble être le minimum requis, non ? Et des organisations telles Greenpeace n'ont certainement pas les moyens financiers nécessaires pour faire face à de telles situations, à supposer que ce soit leur rôle ; c'est bien à l'Etat de se remonter les manches en pareil cas, la FEMA aux USA est justement en charge de gérer ce genre de catastrophes.

Par conséquent reprocher à Greenpeace de ne pas faire le boulot dévolu à l'Etat est tout simplement malhonnête.



Après le pourvoyeur en chef en désinformations en tous genres qu'est Antony Watts voyons dans le désordre ce que l'on peut trouver ailleurs dans le web dédié à la pseudo-science.

Tout d'abord chez Roy Spencer, un autre spécialiste dans son domaine qui s'avance un peu trop là où il n'est plus compétent.

Le 28/08/2017 : http://www.drroyspencer.com/2017/08/why-houston-flooding-isnt-a-sign-of-climate-change/
Why Houston Flooding Isn’t a Sign of Climate Change (Pourquoi les inondations de Houston ne sont pas un signe de changement climatique)

J'ai déjà évoqué cet article dans mon billet Roy Spencer et Harvey, ou comment désinformer ses lecteurs, ce que je rajouterai c'est que Spencer n'est en rien spécialiste en ouragans, même s'il a signé quelques papiers sur le sujet, consultables avec Google Scholar, mais en lien soit avec son activité à l'UAH, soit évoquant davantage des opinions que des recherches purement scientifiques, soit carrément à orientation religieuse ; c'est un météorologue plutôt généraliste dont la fiche Wikipedia ne mentionne à aucun moment le mot "hurricane" ; rien à voir avec Kerry Emanuel, par conséquent entre les deux personnellement je fais confiance à ce dernier, et si Spencer dit autre chose j'ai de (très) gros doutes sur ce qu'il affirme...

Le 29/08/2017 : http://www.drroyspencer.com/2017/08/texas-major-hurricane-intensity-not-related-to-gulf-water-temperatures/
Texas Major Hurricane Intensity Not Related to Gulf Water Temperatures (L'intensité de l'ouragan majeur au Texas n'est pas liée aux températures de l'eau du Golfe)

Dans cet article Spencer croit nous apprendre ceci :
  • [...] hurricanes require a unique set of circumstances to occur, and sufficiently warm SSTs is only one.
    • [...] les ouragans ont besoin d'un ensemble unique de circonstances, et les SST (i.e. les températures à la surface des mers) suffisamment chaudes n'en sont qu'une partie.
Evidemment qu'il y a plusieurs facteurs qui entrent en jeu, comme déjà vu ici Que sait-on sur les cyclones ? :
  • il faut qu'une dépression passe au-dessus de l'océan a plus de 26°
  • sur au moins 60m de profondeur
  • à une distance supérieure à 550km de l'équateur
A cela s'ajoute que le cisaillement des vents (wind shear) ne doit pas être trop fort, l'idéal étant que les vents tournent dans le même sens que le cyclone, autrement ce dernier "risque" d'être atténué au point de voir sa catégorie baisser de niveau.

Mais ce que Roy Spencer passe totalement sous silence, c'est le degré d'humidité qui augmente avec la température ; son article ne contient qu'une seule fois le mot "moisture" :
  • [...] A strong tropical cyclone, with access to abundant moisture evaporated off the Gulf of Mexico [...]
    • [...] Un cyclone tropical fort, avec accès à une humidité abondante évaporée du golfe du Mexique [...]
Mais il faut aller loin dans les commentaires, pratiquement à la fin, pour trouver ceci :
  • Svante says: September 4, 2017 at 11:29 PM  And that last red dot in the diagram is higher than all the others. Higher temperature means the air can hold more moisture…
    • Et ce dernier point rouge dans le diagramme est plus élevé que tous les autres. Une température plus élevée signifie que l'air peut contenir plus d'humidité
En quelques mots tout est dit et la "thèse" de Spencer tentant de nous faire croire que la température n'a aucun rôle sur les effets dévastateurs se dégonfle dans la foulée. Evidemment le titre évoquant l'"intensité" des ouragans est trompeur et ne sert qu'à égarer le lecteur peu attentif ; Spencer dans son article parle de tout sauf de l'intensité des ouragans : nombre d'arrivées sur les côtes et faible vitesse de l'ouragan Harvey essentiellement ; son titre est donc un attrape-couillons.

Le 18/09/2017 : http://www.drroyspencer.com/2017/09/inevitable-disaster-why-hurricanes-cant-be-blamed-on-global-warming/
Inevitable Disaster: Why Hurricanes Can’t Be Blamed On Global Warming (Catastrophe inévitable : pourquoi les ouragans ne peuvent être imputés au réchauffement climatique)


Voir plus haut dans la liste des liens dédiés à WUWT, le 19 septembre ; Spencer tente à tout prix de faire la promotion de son dernier bouquin, ne comptez pas sur moi pour y participer plus que de raison.

The 11-Year Major Hurricane Drought: Much More Unusual than Two Cat 4 Strikes (La sécheresse d'ouragans majeurs de 11 ans:  beaucoup plus inhabituelle que deux frappes de catégorie 4)

Spencer a tout simplement "oublié" Maria, ce qui nous fait trois et non deux ouragans catastrophiques à la file pour cette saison ; mais il est vrai que comme il s'est précipité pour dégainer plus vite que son ombre il ne pouvait pas savoir le 21 septembre ce qu'allait devenir Maria ; ah mais non, en fait le 20 septembre Maria avait déjà atteint son maximum d'intensité avec des vents soutenus à 280km/h et une pression centrale de 908mbar ; et le fait qu'il ait anéanti Puerto Rico n'est évidemment pas une preuve suffisante pour Roy Spencer de l'accroissement de la dangerosité de ces phénomènes.

Par ailleurs rappelons tout de même que Sandy et Katrina (addendum, comme me le fait remarquer justement VB dans un commentaire Katrina ne fait pas partie de cette "pause) sont deux minuscules cyclones ayant eu lieu pendant cette fameuse sécheresse cyclonique ; Spencer a certainement une pensée pour les quelques personnes ayant subi des inconvénients suite à leur passage.


Passons maintenant à divers sites ayant évoqué le sujet.

Resilience to Extreme Weather and Climate Change: Can This Be a Bipartisan Effort?  (Résilience aux événements météo extrêmes et aux changements climatiques : Est-ce que cela peut être un effort bipartite ?)

Il y a des choses intéressantes chez Cliff Mass, malheureusement son (double)discours est pollué par des considérations comme celle-ci :
  • [...] putting the blame on global warming has allowed politicians, major institutions, and others to shuffle off their responsibilities in allowing inadequate infrastructure and planning regarding to current extreme weather. Easy to point the finger at global warming and not their failings.
    • [...] mettre le blâme sur le réchauffement climatique a permis aux politiciens, aux grandes institutions et à d'autres de se décharger de leurs responsabilités en permettant une infrastructure et une planification inadéquates en ce qui concerne les conditions météorologiques extrêmes actuelles. Facile de pointer le doigt sur le réchauffement climatique et non leurs faiblesses.
Faire croire que pointer du doigt le réchauffement climatique et essayer d'y apporter des solutions serait en fait équivalent à négliger les autres problèmes est au mieux inconscient, au pire malhonnête ; il s'agit d'un strawman puisque personne ne dit que seul le réchauffement climatique est en cause et que d'autres facteurs comme les infrastructures ne le seraient pas.

Au contraire, les conservateurs, qui sont ceux qui sont actuellement au pouvoir, sont justement ceux qui nient le réchauffement climatique et attribuent la totalité des dommages aux déficiences des infrastructures ; on ne dénonce en fait pas assez le RCA et on ne fait pas assez pour le combattre, et Cliff Mass devrait faire preuve d'un peu plus de lucidité (à moins que...)

Irma : chronique d’un « record » médiatique

Nous voici en terrain connu chez Benoit Rittaud, nous savons donc par avance que nous n'apprendrons pas grand chose.

Ici l'auteur est un certain Cédric Moro qui nous fait un topo sur les records et nous montre l'étendue de ses connaissances :

  • Face aux cyclones, parions sur la résilience locale plutôt que sur la réduction du CO2
Tout le monde aura compris le message, identique à celui de Cliff Mass vu à peine plus haut.

Histoire longue des cyclones aux Antilles

Ici le chef lui-même tente de nous persuader que comme il y a eu d'autres cyclones aux Antilles depuis 1635 alors c'est bien que l'influence humaine n'est pour rien dans les dommages causés par Harvey, Irma et Maria.

Le plus comique se trouve dans les commentaires :
Il est vrai que les journalistes scientifiques n'attendent que Benoit Rittaud pour leur fournir des informations fiables !

Le 18/09/2017 : https://mythesmanciesetmathematiques.wordpress.com/2017/09/18/irma-un-record-de-rumeurs/
Irma : un record de rumeurs

Le dénommé Cédric Moro récidive avec un long article que je vous laisse le soin de découvrir ; il y a certainement des choses justes, mais tout son laïus ne sert en fait qu'à vous démontrer que le réchauffement climatique n'augmente pas la dangerosité des ouragans, en contradiction avec ce que nous disent les spécialistes de la question, donc...

Le 13/09/2017 : usatoday
Global warming alarmists shouldn't exploit hurricanes (Les alarmistes du réchauffement climatique ne devraient pas exploiter les ouragans)

Le sous-titre est : Focus on coastal infrastructure, not greenhouse gas emissions: Opposing view (Se concentrer sur les infrastructures côtières, et non sur les émissions de gaz à effet de serre : vue opposée)

Cet article vient s'opposer à un autre article paru sur le même site et que j'ai inclus dans la liste des  impressions du côté des scientifiques ; il disait en substance « c'est précisément le moment d'avoir cette discussion », c'est à dire qu'il fallait justement discuter au moment même où la catastrophe survient et non longtemps après quand tout le monde est passé à autre chose.

Mais ce n'est pas l'avis d'un certain Myron Ebell qui a sa fiche chez Desmogblog, ce qui en soi est un fort indice d'appartenance à la catégorie "climatosceptique avéré payé pour raconter n'importe quoi", d'autant plus que ce monsieur n'est rien d'autre que le directeur du CEI, dont le but affiché est « de faire progresser les principes du gouvernement limité, de la libre entreprise et de la liberté individuelle », rien que ça ; on comprend mieux pourquoi il ne souhaite pas discuter du sujet quand c'est "chaud" et préfère de loin que la problématique s'enterre petit à petit avec le temps qui passe.

On ne retiendra que la fin qui contient une toute petite part de vérité :
  • Rather than wasting hundreds of billions of dollars on reducing greenhouse gas emissions, much smaller amounts should be spent on improving the infrastructure that protects the Gulf and Atlantic coasts.
    • Plutôt que de gaspiller des centaines de milliards de dollars pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, des dépenses beaucoup moins importantes devraient être consacrées à l'amélioration de l'infrastructure qui protège les côtes du Golfe et de l'Atlantique.
Effectivement, il est indispensable de dépenser de l'argent pour améliorer les infrastructures et aussi, ce que notre conseiller ne nous dit pas parce que cela ne va pas dans le sens des intérêts qu'il défend, empêcher les gens d'aller vivre dans des endroits impossibles et améliorer le niveau de vie des plus pauvres afin qu'ils puissent habiter dans du solide plutôt que sous de la tôle ondulée ; et bien évidemment, plus important que tout, réduire nos émissions de CO2 afin de ne pas amplifier encore davantage nos problèmes futurs, ce dont monsieur Ebell se fiche complètement à mon avis.


Terminons cette revue avec nos grand amis de chez Skyfall dont on est sûr d'une chose, c'est qu'ils ne nous décevront jamais.

Bulletin des climato-réalistes n° 72

Dans ce bulletin publié par l'inénarrable Usbek un chapitre est consacré à l'ouragan Harvey et nous pouvons dès le début admirer la finesse de l'analyse :
  • En 1900, l’ouragan de catégorie 4 qui a frappé Galveston et qui fut la plus grande catastrophe naturelle de l’histoire des États-Unis a tué entre 6 000 et 12 000 personnes.
Mais c'est bien sûr ! En 1900 il y avait des satellites pour informer la population afin qu'elle puisse se mettre à l'abri, pourquoi ne l'ont-ils pas fait ? Et depuis 1900 il est vrai que les Etats-Unis n'ont fait absolument aucun progrès dans la gestion des catastrophes naturelles...
  • Lorsque Valérie Masson-Delmotte, membre du GIEC, explique au journal Le Parisien que « des cyclones d’une intensité plus grande sont l’une des conséquences attendues du changement climatique », elle se trompe ou nous ment
Non, elle reprend seulement les informations qu'elle reçoit de spécialistes comme Kerry Emanuel ; peut-être même que, contrairement à Usbek, elle a participé à sa conférence du 20 septembre dernier durant laquelle on pouvait voir une diapositive où était écrit :
  • Augmentation de l'intensité potentielle avec le réchauffement climatique
  • L'incidence des ouragans de haute intensité devrait augmenter
  • Des augmentations de l'intensité potentielle devraient être plus rapides dans les sous-tropiques
  • Les ouragans génèreront beaucoup plus de pluie ; Clausius-Clapeyron produit une augmentation de 7% environ de la vapeur d'eau par degré Celsius de réchauffement

Combien d’Irma en 2100 ?

Cette fois c'est Nicias qui s'y colle pour se livrer à un doux délire ; le voici qui fait parler le GIEC dans un dialogue qu'il croit drôle mais qui révèle qu'il a de gros progrès à faire s'il veut remplacer Coluche, on ne s'improvise pas aussi facilement humoriste comme on s'improvise expert en cyclones, c'est dire.

Et en plus il croit redevenir sérieux en concluant :
  • Ce qui est embêtant avec tout ça, c’est que le GIEC savait lors de l’AR4, et les médias l’ont cru, on fait tous des erreurs. Dans l’AR5, ils ne savent plus, mais ils n’arrivent pas à le dire.
Et que dit l'AR5 en substance (page 8 du rapport synthétique) ?
  • Continued emission of greenhouse gases will cause further warming and long-lasting  changes in all components of the climate system, increasing the likelihood of severe,  pervasive and irreversible impacts for people and ecosystems. Limiting climate change would require substantial and sustained reductions in greenhouse gas emissions which, together with adaptation, can limit climate change risks.
    • La poursuite des émissions de gaz à effet de serre entraînera un réchauffement et des changements durables dans tous les composants du système climatique, ce qui augmentera la probabilité d'effets graves, omniprésents et irréversibles pour les personnes et les écosystèmes. Limiter les changements climatiques nécessiterait des réductions substantielles et soutenues des émissions de gaz à effet de serre qui, avec l'adaptation, peuvent limiter les risques liés au changement climatique.
Il me semble que cela est assez clair : « effets graves pour les écosystèmes », un écosystème étant défini comme :
Mais juste avant le passage du GIEC que je citais on pouvait lire sur la même page 8 :
  • Impacts from recent climate-related extremes, such as heat waves, droughts, floods, cyclones and wildfires, reveal significant vulnerability and exposure of some ecosystems and many human systems to current climate variability (very high confidence)
    • Les impacts des phénomènes récents liés au climat, tels que les vagues de chaleur, les sécheresses, les inondations, les cyclones et les feux de forêt, révèlent une vulnérabilité et une exposition importantes à certains éléments de l'écosystème et de nombreux systèmes humains à la variabilité climatique actuelle (très haute confiance)

Et encore avant il y avait cela :
  • There are likely more land regions where the number of heavy precipitation events has increased than where it has decreased. Recent detection of increasing trends in extreme precipitation and discharge in some catchments implies greater risks of flooding at regional scale (medium confidence). It is likely that extreme sea levels (for example, as experienced in storm surges) have increased since 1970, being mainly a result of rising mean sea level.
    • Il y a probablement plus de régions terrestres où le nombre de fortes précipitations a augmenté plutôt que diminué. La détection récente des tendances croissantes des précipitations extrêmes et des déversements dans certains bassins hydrographiques implique de plus grands risques d'inondations à l'échelle régionale (confiance moyenne). Il est probable que les niveaux extrêmes des mers (par exemple, comme observé avec les ondes de tempête) ont augmenté depuis 1970, principalement en raison de la hausse du niveau moyen de la mer.
Nicias nous prouve donc qu'il n'a pas lu le rapport du GIEC, ou qu'il ne l'a pas compris, ou qu'il le réinterprète sciemment de façon malhonnête.

On rajoutera, pour enfoncer un peu plus les clous dans le cercueil climatosceptique, ce passage page 27 :
  • Table SPM.3 |  Approaches for managing the risks of climate change through adaptation. These approaches should be considered overlapping rather than discrete, and they are often pursued simultaneously. Examples are presented in no specific order and can be relevant to more than one category. {Table 4.2}
    • Tableau SPM.3 | Approches pour gérer les risques de changements climatiques par l'adaptation. Ces approches devraient être considérées comme se chevauchant plutôt que séparées, et elles sont souvent poursuivies simultanément. Les exemples sont présentés sans ordre spécifique et peuvent être pertinents pour plus d'une catégorie. {Tableau 4.2}
  • Disaster risk management
    • Early warning systems; Hazard & vulnerability mapping; Diversifying water resources; Improved drainage; Flood & cyclone shelters; Building codes & practices; Storm & wastewater management; Transport & road infrastructure improvements.
      • Gestion des risques de catastrophe
        Systèmes d'alerte précoce ; Cartographie des risques et des vulnérabilités ; Diversification des ressources en eau ; Amélioration du drainage ; Inondations et cyclones ; Codes et pratiques de construction ; Gestion des tempêtes et des eaux usées ; Amélioration des infrastructures de transport et de routes.
Cela pour dire que même dans le rapport du GIEC on "pointe du doigt" autre chose que le seul réchauffement climatique (voir à peine plus haut ceux qui prétendent le contraire)

Le 11/09/2017 : http://www.skyfall.fr/2017/09/11/une-penurie-douragan/
Une pénurie d’ouragan

Nicias ne pouvait pas éviter de tomber à pieds joints dans le mème de la sécheresse cyclonique des 12 dernières années ; comme je l'ai dit à plusieurs reprises cette "argumentation" est du même style que "le climat a toujours changé", on relate le passé, récent ou ancien peu importe, et on en tire des conséquences hasardeuses. Nicias en l'occurrence rame comme un malheureux pour nous prouver quoi en définitive ?

Il faut aller loin dans les commentaires pour voir quelqu'un dire autre chose qu'une bêtise :
  • 24.  7ic | 13/09/2017 @ 11:55  Je ne vois pas de « pénurie d’ouragan » dans le bassin Atlantique Nord : (ici)
Le lien emmène sur le site de la NOAA où l'on peut voir ce graphique :

North Atlantic Tropical Cyclone Count 1950-2016
Et même en prenant l'indice ACE sur la période 1950-2016 on est en peine de voir la moindre sécheresse cyclonique sur les 12 dernières années :
2016 Atlantic Tropical Cyclone ACE 1950-2016

Enfin dernier article parce que tout de même les plaisanteries les meilleures sont toujours les plus courtes et ce billet a déjà largement dépassé la frontière de l'acceptable.

Le 18/09/2017 : http://www.skyfall.fr/2017/09/18/irma-et-le-rca/
Irma et le RCA

Et cette fois c'est Araucan qui reprend un flambeau crachotant (le flambeau, pas Araucan) une fumée grisâtre près de s'éteindre ; encore un qui se prend pour un expert et nous fait une dunning-krugerite aigue façon Donald Trump :
Effet Dunning-Kruger.
Il commence fort avec :
  • Le lien entre l’ouragan Irma ou Harvey et le réchauffement climatique a été fait à de très nombreuses reprise par les médias mais aussi par de nombreux experts, ou supposés, interviewés.
Mais Araucan se place très au-dessus des experts, qu'ils soient supposés ou bien réels.
Mouais, justement, on a vu que Nicias n'était pas particulièrement d'accord avec les experts du GIEC, on peut donc constater que Nicias et Araucan se croient plus intelligents et informés que les scientifiques dont les travaux sont repris par le GIEC, si ça c'est pas du D-K alors c'est quoi ?
  • Pour résumer, pour le moment, il n’est pas possible de faire un lien entre un ouragan donné, sa force et le réchauffement climatique, que ce soit par l’examen des séries statistiques ou par le biais des déterminants des ouragans, puisqu’il n’existe pas à ce jour de modèle permettant de prédire le devenir d’un ouragan et sa force.
Araucan a surtout résumé qu'il n'avait pas lu Kerry Emanuel et qu'il raconte n'importe quoi, comme d'habitude (par exemple ici ou, mieux, ici) ; Araucan est un négateur de longue date de l'effet de serre et donc du rôle du CO2 dans le RCA.
  • Mais parmi les personnes ayant accès aux médias, nombre ont allègrement sauté le pas. On pourrait alléguer que parmi eux, beaucoup ne sont pas des météorologues ou des climatologues, ou des lecteurs de la partie I des rapports du GIEC. Peut-être préfèrent-il lire la partie II ou le rapport pour décideurs, ou simplement ce qui est vulgarisé ici et là.
Ben oui, « beaucoup ne sont pas des météorologues ou des climatologues », tout comme Araucan pardi !
  • Je n’irai pas à soupçonner qu’ils ont lu sans comprendre. D’ailleurs, je ne me fatiguerai même pas à l’écrire.
On se pince mais oui, Araucan a bien décrit sa situation, il lit sans comprendre et parle de lui à la troisième personne (du pluriel en plus)
  • Parce que pour moi, ce n’est certainement pas la véritable cause de cette épidémie de « fake link » qui s’est répandue dans les journaux, ou sur les ondes, ou sur Internet.
Oui c'est vrai, en matière de « fake link » Araucan en connaît un rayon, voilà un domaine où il peut se revendiquer comme un véritable expert !

Bon je ne vais pas tout recopier, je vous livre seulement la fin qui vaut son pesant de cacahouètes :
  • Le carbocentrisme n’est qu’un millénarisme de plus, mais à l’échelle planétaire : il lui faut des preuves à cette échelle.
On ne sait pas trop ce qu'il a voulu dire par là, sa phrase n'a aucun sens, le carbocentrisme ne signifie rien, et à supposer qu'il évoque par là le fait de faire confiance à la Science on ne voit pas en quoi il s'agirait d'un millénarisme, à croire qu'il ne connaît pas la définition du mot ; quant aux « preuves à l'échelle planétaire » il les a sous les yeux mais il regarde ailleurs l'air béat.

Araucan cherchant une preuve planétaire.

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2 commentaires:

  1. Juste pour pinailler un peu ;-) Quand on parle du "hiatus" de 11 ans ou 12 ans mentionné, on évoque la période où aucun ouragan majeur (cat 3 ou plus) n'a touché le sol des USA, entre Wilma en octobre 2005 et Harvey en juillet 2017, soit 11 ans et 9 mois. Donc Katrina, quelques semaines avant Wilma n'en fait pas partie. Sandy, par contre ...

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    1. Vous avez raison de pinailler, il faut être précis et vous avez raison, Katrina de fait pas partie de cette "hurricane drought", je pensais que toute l'année 2005 en faisait partie mais non (j'ai dû être influencé par un article qui le mentionnait et je n'ai pas vérifié...)

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